Bonjour les amis,
Je ne suis pas un fan inconditionnel d'Almodóvar mais je suis plus attentif à ses productions depuis son DOULEUR ET GLOIRE que j'avais beaucoup aimé.
C'est donc fort logiquement que je me suis intéressé à MADRES PARALELAS, son dernier opus dont voici le synopsis:
Deux femmes, Janis et Ana, se rencontrent dans une chambre d'hôpital sur le point d’accoucher. Elles sont toutes les deux célibataires et sont tombées enceintes par accident. Janis, d'âge mûr, n'a aucun regret et durant les heures qui précèdent l'accouchement, elle est folle de joie. Ana en revanche, est une adolescente effrayée, pleine de remords et traumatisée. Janis essaie de lui remonter le moral alors qu'elles marchent telles des somnambules dans le couloir de l'hôpital. Les quelques mots qu'elles échangent pendant ces heures vont créer un lien très étroit entre elles, que le hasard se chargera de compliquer d'une manière qui changera leur vie à toutes les deux.
Il y a un problème avec ce film qui nous raconte deux histoires.
La première est très mélodramatique mais accroche le spectateur en raison d'une forte relation émotionnelle qui lie les deux mères. Le destin va leur jouer un drôle de tour et l'évolution de leurs rapports capte toute l'attention et tout l'intérêt du spectateur.
Dans cette partie-là Almódovar nous offre le meilleur de lui-même, en pratiquant un cinéma subtil, sensible, transgressseur aussi, mais qui ne tombe jamais dans la moindre vulgarité.
Pénélope Cruz est nommée aux Oscars, ce qui en dit long sur la qualité de son interprétation. Par ailleurs elle a gagné le prix d'interprétation féminine à la Mostra de Venise où ce film était en compétition. Elle porte son rôle de manière très convaincante et on s'identifie au millimètre près à chacun de ses états d'âme. Milena Smit lui donne le change avec beaucoup de naturel, et de sensualité aussi.
La deuxième histoire a un rapport avec la guerre civile espagnole et l'application d'une loi récente dite de "mémoire historique" qui oblige théoriquement le gouvernement à entreprendre des fouilles des fosses franquistes dans lesquelles gisent encore plus de 100 000 victimes qui n'ont pas eu droit à une sépulture digne de ce nom.
Almodóvar surfe de manière très opportuniste sur l'actualité politique espagnole pour vendre son image militante de "mec de gauche" à côté des familles des victimes du franquisme.Cette partie du film semble écrite pour les étrangers qui ne connaissent pas bien l'histoire d'Espagne, mais pour ceux qui comme moi vivent dans ce pays depuis longtemps, elle m'a paru trop didactique, trop militante, trop démonstrative, trop évidente...
C'est du marketing de gauche. Cette partie-là je l'ai déjà vue mille fois dans d'excellents reportages de la télévision espagnole avec des témoignages réels. Alors évidemment, je sature un peu de revoir ça dans une fiction...Je sature un peu beaucoup même ! Même si c'est tourné avec toute l'habileté du grand cinéaste de la Mancha.
Curieusement et paradoxalement, cette partie qui a gêné beaucoup d'espagnols (mais pas tous) sera peut-être celle qui séduira le plus le public étranger qui n'a jamais été bombardé comme nous de reportages sur ce thème.
Il n'en reste pas moins que cette deuxième histoire greffée de manière artificielle sur le récit bâcle un peu la première et laisse le public sur sa faim.
Oui, cette deuxième histoire permet à Almodóvar de liquider un peu trop rapidement le devenir des relations entre Janis et Ana. On espérait un déchaînement passionnel et le cinéaste botte en touche avec ses histoires de fosses franquistes.
Circulez y'a plus rien à voir. Dommage !
Je ne voudrais surtout pas vous dissuader de voir ce film qui peut être perçu de manière très différente selon votre sensibilité. Certains penseront que ça ressemble à une série télé larmoyante (genre telenovela améliorée), d'autres seront emballés (comme l'académie des Oscars...rien que ça !) et d'autres comme moi en retirent une impression très mitigée, d'inabouti, avec le meilleur d'Almodóvar qui côtoie le pire.
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