Quand ce genre d' incident se produit c' est extrêmement dangereux pour ceux qui sont piégés dans le couloir avec un taureau qui va débouler à toute vitesse vers eux.Ils doivent donc impérativement sauter à l' intérieur des arènes pour être à l' abri des cornes de l' animal.Il se trouve que Pierre était dans ce premier couloir et qu' il avait suffisemment d' expérience pour savoir ce qu' il avait à faire.Il saute de l' autre côté de la rambarde tant bien que mal ( il n' a plus 20 ans...) mais, malchance pour lui, il n' a même pas le temps de se recevoir sur ses deux jambes à l' intérieur des arènes que le responsable des portes qui permettent au taureau de se réincorporer dans la place à déjà ouvert la porte qui était très proche de l' endroit du saut du taureau.Bref, quand Pierre a fini de se recevoir sur ses deux jambes à l' intérieur des arènes,dos collé à la rambarde, il se retrouve nez à nez avec le taureau qu' il tentait de fuir et qui vient de rentrer à nouveau...et là, il n' y a plus d' échappatoire pour Pierre...j' assiste à la scène estomaqué...il va se faire tuer...embroché directement sur la paroi en bois...Il va être punaisé comme un vulgaire moustique...On entend un grand cri dans la foule...le temps s' arrête, et là, chers amis, il s' est produit un miracle.Le taureau qui tenait Pierre au bout de ses cornes ( il n' avait juste qu' à pousser) s' écarte sans raison et court derrière d' autres participants...Pierre est revenu nous rejoindre dans les gradins, blanc comme un linge...Daniel qui a assisté lui aussi à toute la scène n' en revient pas non plus.On a été à un millimètre d' une tragédie alors que Pierre avait suffisemment d' expérience pour ne pas se faire piéger bêtement.
Moralité: un seul moment de distraction, une seule approximation ou manque d' anticipation peuvent se réveler fatals quand on court devant de tels bestiaux..
je ne connais pas les circonstances exactes de l' accident d' hier soir.Je ne sais pas si la victime était inconsciente des dangers comme c' est très très souvent le cas, si elle était distraite et s' est faite surprendre ou si simplement elle a eu beaucoup de malchance.Une chose est sûre: quand on court devant des taureaux on joue VRAIMENT avec sa vie...Comme dit Daniel: " on n' est pas sur une play-station. Y' a pas de touche STOP "....Ce sont cinq à six-cents kilos d' énergie pure à l' état sauvage qui peuvent se déchaîner avec une puissance terrifiante et inouïe.Enfin , ceux qui décident de participer à ces activités doivent être lucides et savoir se situer à la bonne distance en fonction de leurs propres capacités...Moins on a d' expérience et mieux vaut rester loin du taureau pour se laisser une marge de sécurité.
Bonne fin de journée les amis
PS: un jour je vous raconterai comment en 1989 j' ai joué sans m' en rendre compte avec ma vie, non pas lors de fêtes populaires, mais en photographiant des élevages de taureaux dans la nature...ce jour là aussi il y a eu un ange pour veiller sur moi...à l' époque je ne connaissais pas bien ces animaux, trop habitué à mes bovins pacifiques du Nord de la France, et j' ai bien failli, moi-aussi, me faire embrocher d' une manière parfaitement stupide...
PS nº2:
Je vais rajouter un petit commentaire en relation avec l'accident d' hier.Il y a quelques années, j' avais assisté à une entrée de taureaux à Pedreguer avec un couple d' amis, enseignants dans le Nord de la France.La copine qui avait passé sa jeunesse dans une ferme du Nord me disait que les vachettes espagnoles étaient en réalité inoffensives et qu' elle pourrait les ramener gentiment au coral avec une simple corde.Cette remarque m' avait fait franchement rigoler car j' avais été témoin des centaines de fois des difficultés qu' ont les pasteurs à faire rentrer leurs bestiaux dans l' enclos qui leur est réservé.J' explique gentiment à ma copine que ces bovins là sont le fruit d' une sélection qui s' est opérée pendant des siècles, et que , même si ils sont très paisibles dans leur milieu naturel ils n' ont pas du tout les mêmes réactions face aux humains que les bovins sélectionnés pour la production de lait ou pour l' alimentation .J' ai eu l' occasion de voir aussi, en milieu naturel des taureaux s' agresser entre eux, avec des chiens dressés pour ces élevages qui savent les séparer......impressionnant !
En fait, je crois qu' il y a beaucoup de touristes qui sous-estiment la dangerosité de ces animaux et qui pensent tout avoir compris après les avoir observé quelques minutes. Moi, après avoir vu des dizaines d' entrées, je pense que je saurais comment m' y prendre, comment courir en zig-zag pour ne pas me faire choper...malgré tout je n' ai jamais essayé de mettre en application mes connaissances.La théorie est une chose, la pratique en est une autre, et quand on sent le souflle de l' animal qui vient chauffer les fesses, avec deux cornes bien effilées sur lesquelles peuvent s' exercer une à 2 tonnes de poussée, ce n' est pas facile de garder toute sa lucidité et de faire ce que la théorie indique de faire
PS nº3:
Daniel qui vient de me lire et à qui j' ai demandé de corroborer ou de corriger ma version vu mon état de fatigue ce soir-là vient rectifier certaines erreurs IMPORTANTES de mon récit où j' ai simplifié l' histoire et complètement et injustement minimisé son rôle et son intervention courageuse et solidaire.
Voici donc sa rectification:..sa version, c' est la bonne, la définitive !
Mon cher ami,
Pour être tout à fait exact, je me dois de rectifier un peu ta version.
La vérité est en effet, d’après mes propres souvenirs, beaucoup plus à l’avantage de Daniel que dans situation de simple témoin tel que tu le présentes.
En effet, celui-ci (Daniel) se trouvait dans la même situation que Pierre au moment où le taureau (monstrueux je précise !) saute la premiére barriére. Il n’a pas choisi alors de revenir dans l’arène au moment où la bête fonçait sur lui. On dira, pour la beauté du récit, que c’était par clairvoyance (là, j’ai un petit doute tout de même).
Sauvé en ce qui le concerne par l’ouverture de la porte, il a pu en effet assister au franchissement (laborieux) de Pierre et , à c’est à ce moment-là qu’il y a une nuance de poids avec ta version. En effet, Daniel assiste en direct et à proximité à l’effondrement de Pierre lors de sa mauvaise réception et au retour de la bête et là, n’écoutant que son courage et dans un réflexe digne de Bruce Willis dans le pilotage du taxi de 5éme élément, il attrape Pierre par le col et le hisse en une fraction de seconde (ou 2) du bon côté de la palissade, ¼ de seconde avant le choc fatal car c’est uniquement après ça que le taureau, certainement par dépit, s’est remis à « courir après d’autres participants » non sans avoir , au passage, salué ce geste splendide de Daniel d’une ruade discrète signe chez cet animal d’un hommage appuyé à son adversaire.
Voilà , MONSIEUR, comment ça c’est vraiment passé. Tu peux me croire …j’y étais (et moi, je dormais pas !)