2 décembre 2023
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Bonjour les amis,
Cette semaine Henry Kissinger, le maître quasi incontesté de la diplomatie américaine durant la deuxième moitié du XX ème siècle, est décédé.
Brillant génie pour les uns, penseur maquiavélique pour d'autres, ce personnage est incontournable pour comprendre l'époque durant laquelle l'Amérique était le gendarme du monde et se considérait garante d'un certain ordre international décrié par toutes les gauches de la planète et par des intellos comme Noam Chomsky.
Pour le communiste que j'étais dans ces années-là Kissinger représentait un ennemi idéologique parfaitement défini. Le monde à l'époque était simple pour moi. Il fallait lutter contre l'impérialisme américain dont l'un des mille et un péchés fut de mettre fin à la démocratie chilienne de Salvador Allende en 1973 en soutenant certains mouvements de grève dans le pays et en le soumettant aussi à un embargo économique.
Kissinger, une fois retiré de la vie politique, reconnut que l'opération de destabilisation américaine en vue d'aider la junte militaire du dictateur Augusto Pinochet avait coûté l'équivalent du prix d'un JUMBO jet.
Il nous avait finalement expliqué avec un certain cynisme ce que valait une démocratie et combien ça coûtait d'y mettre fin. Pas cher payé !
Par ailleurs, le rôle direct de Kissinger dans le putsch militaire chilien ne l'empêchera aucunement de recevoir le prix Nobel de la Paix en 1973.
Notre poète des Flandres Julos Beaucarne avait composé UNE LETTRE À KISSINGER en hommage à Victor Jara, chanteur compositeur torturé et assassiné dans les stades de la honte au Chili.
Aujourd'hui en apprenant la mort de Kissinger c'est surtout un sentiment de mélancolie qui m'étreint.
Les espoirs que je nourrissais durant son époque n'existent plus. Le Monde est devenu plus compliqué: globalisation, mondialisation, chocs de civilisation avec l'émergence politique d'un islam radical agressif, réchauffement climatique, problèmes de transition énergétique, contaminations, surpopulation...
Ouais, le monde était pour moi plus simple à l'époque de Kissinger et me permettait d'être bien plus optimiste que je ne le suis aujourd'hui...
Alors, en mémoire de ces années-là, je me repasse MANIFIESTO cette chanson de Victor Jara, écoutée plus de mille fois à l'époque. C'était son manifeste...Yo no canto por cantar...Moi, je ne chante pas seulement pour chanter...
Kissinger est mort mais on ne t'oublie pas Victor...
Voici les paroles originales suivies d'une traduction en français.
Yo no canto por cantar
ni por tener buena voz,
canto porque la guitarra
tiene sentido y razón.
Tiene corazón de tierra
y alas de palomita,
es como el agua bendita
santigua glorias y penas.
Aquí se encajó mi canto
como dijera Violeta
guitarra trabajadora
con olor a primavera.
Que no es guitarra de ricos
ni cosa que se parezca
mi canto es de los andamios
para alcanzar las estrellas,
que el canto tiene sentido
cuando palpita en las venas
del que morirá cantando
las verdades verdaderas,
no las lisonjas fugaces
ni las famas extranjeras
sino el canto de una lonja
hasta el fondo de la tierra.
Ahí donde llega todo
y donde todo comienza
canto que ha sido valiente
siempre será canción nueva.
Je ne chante pas pour chanter
Ou parce que j'ai une belle voix,
Je chante parce que la guitare
A raison et fait sens.
Elle a un cœur de terre
Et des ailes de colombe,
Elle est comme l'eau bénite,
Elle signe les gloires et les peines.
Ici s'est mis mon chant,
Comme dirait Violeta,
Guitare travailleuse
Qui sent le printemps.
Ce n'est pas une guitare de riches
Et elle ne paye pas de mine.
Mon chant vient des échafaudages
Pour atteindre les étoiles.
Car le chant fait sens
Lorsqu'il palpite dans les veines...
De celui qui mourra en chantant,
... Sortent les vraies vérités.
Non pas les flatteries fugaces
Ni les célébrités étrangères
Mais le chant d'un marché
Jusqu'au fond de la terre.
Là où tout arrive
Et où tout commence,
Je chante ce qui a été courageux,
Il y aura toujours une nouvelle chanson,
Il y aura toujours une nouvelle chanson,
Il y aura toujours une nouvelle chanson...
17 juin 2022
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05:38
Bonjour les amis,
nous sommes en train de rajouter au répertoire de notre groupe choral polyphonique une chanson que tous les espagnols et latino-américains connaissent mais dont j'ignorais l'existence jusque la semaine dernière. Il s'agit de LA MURALLA (prononcer "la mouralia"). C'est une chanson composée par le groupe chilien QUILAPAYÚN qui a mis en musique en 1972 un poème de l'artiste cubain Nicolás Guillén.
Dans ce texte la muralla (la muraille) est une métaphore qui se réfère à l'époque où les châteaux servaient à se protéger des invasions barbares. Ici la muraille devient le symbole d'une société humaine qui se prémunit de tous les maux de la Terre et dont la construction de manière solidaire (avec des blancs et des noirs unis dans un même effort fraternel) est un appel à l'avènement d'une humanité idéale qui aspire à la liberté et à la justice.
Quant à la musique, composée sur sur un rythme à 3 temps, elle est, comme on pouvait s'y attendre de la part d'un groupe chilien, de facture très andine.
Dans la vidéo suivante on peut observer la ferveur du public pour lequel cette chanson est devenue une sorte d'hymne contre l'oppression.
Voici les paroles accompagnées d'un traduction sommaire et non littéraire, une traduction mot à mot.
Para hacer esta muralla
Pour construire ce murtráiganme todas las manos
Apportez toutes les mainslos negros sus manos negras
Noirs mains noireslos blancos sus blancas manos.
Blancs mains blanches.Una muralla que vaya
Un mur qui iradesde la playa hasta el monte
de la plage dans la broussedesde el monte hasta la playa
de la montagne à la plageallá sobre el horizonte.
au-delà de l'horizon.Tun tun, ¿quién es?
Tun Tun, qui c'est?una rosa y un clavel
une rose et un oeilletabre la muralla.Ouvrez le mur.Tun tun, ¿quién es?
Tun Tun, qui c'est?el sable del coronel
Sabre colonelcierra la muralla.
Fermez le mur.Tun tun, ¿quién es?
Tun Tun, qui c'est?la paloma y el laurel
la colombe et le laurierabre la muralla.
Ouvrez le mur.Tun tun, ¿quién es?
Tun Tun, qui c'est?el alacrán y el cienpies
les scorpions et les scolopendrescierra la muralla.
Fermez le mur.Al corazón del amigo
Au cœur de l'amiabre la muralla.
Ouvrez le mur.Al veneno y al puñal
Le poison et le poignardcierra la muralla.
Fermez le mur.Al mirto y la yerba buena
Au myrte et de mentheabre la muralla.
Ouvrez le mur.Al diente de la serpiente
Lorsque le serpent dentcierra la muralla.
Fermez le mur.Al ruiseñor en la flor.
Le rossignol dans la fleur.cierra la muralla.
Fermez le mur.
Alcemos una muralla
Levons un murjuntando todas las manos
toutes les mains agrippéeslos negros sus manos negras
Noirs mains noireslos blancos sus blancas manos.
Blancs mains blanches.Una muralla que vaya
Un mur qui iradesde la playa hasta el monte
de la plage dans la broussedesde el monte hasta la playa
de la montagne à la plageallá sobre el horizonte.
au-delà de l'horizon.Tun tun, ¿quién es?
Tun Tun, qui c'est?una rosa y un clavel ...
une rose et un oeillet ...
J'ai essayé de trouver sur youtube, malheureusement sans succés, l'arrangement choral que nous allons interpréter nous-mêmes. Il s'agit de celui de Roberto Rodrigues (qui est probablement d'origine brésilienne) et qui a écrit un arrangement à 4 voix avec de belles tensions harmoniques, un arrangement dans lequel les sopranos, contraltes, basses et ténors se répondent et fusionnent parfois en formant de accords assez recherchés.
Alors je vous propose 2 autres interprétations chorales de qualité, avec de très belles voix, pour que vous vous fassiez une idée, mais notre version à nous ne sera aucune des deux.
PS: Pour les petits jeunes de moins de 50 ans sachez que le groupe chilien QUILAPYÚN était en tournée en France en 1973 au moment du coup d'Etat d'Augusto Pinochet qui avait reçu un gros coup de main de la CIA pour faire tomber la démocratie chilienne dont le président démocratiquement élu était Salvador Allende qui est mort, en héros martyr, assassiné par la junte militaire. Plus tard, dans ses mémoires, le secrétaire d'Etat Henri Kissinger confiera que le coup d' Etat chilien avait coûté aux américains l'équivalent d'un jumbo jet 747...Pas cher payé pour flinguer une démocratie...