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27 mai 2023 6 27 /05 /mai /2023 09:17

Bonjour les amis,

La semaine dernière j'ai appris avec tristesse la disparition d'Ari Boulogne, le fils qu'Alain Delon n'a jamais reconnu. J'avais un vague souvenir de son histoire complètement hors-normes et je me suis replongé dans une interview d'Ardisson qui date de 2001, et qui m'a, cette fois-ci, profondément ému et bouleversé.

La tragédie d'Ari Boulogne a commencé au moment même de sa venue au monde, le 11 août 1962: fils de Christa Päffgen, dite Nico, actrice, mannequin, chanteuse – principalement issue du Velvet Underground – et l'une des muses d'Andy Warhol et, d'après Nico, Ari était le fils d'Alain Delon. Ses parents s'étaient rencontrés lors du tournage de PLEIN SOLEIL, alors que l'acteur français était partenaire officiel de Romy Schneider. Mais Delon a toujours refusé de reconnaître le nouveau-né, malgré les ressemblances faciales claires, presque indubitables, entre les deux.
Ainsi, les premières années d'Ari se passent dans l'environnement bohème de sa mère, entre la « cour » de Warhol (l'artiste aux multiples facettes le filme brièvement dans Chelsea Girls) et ses engagements cinématographiques successifs. Ari vivra sa première enfance, au fil des années, dans un environnement marqué par l'addiction grandissante de sa mère à l'héroïne. Ce mode de vie étant inapproprié pour un mineur, Nico l'a confié, dans un premier temps, à sa grand-mère maternelle (le grand-père quant à lui était opiomane et avait même connu Gandhi !). Mais sa grand-mère maternelle a rapidement commencé à souffrir de la maladie de Parkinson. Puis, le petit Ari a été accueilli un temps par Édith Boulogne, la mère de Delon, qui lui a également donné son propre nom de famille, qui était en fait celui de son second mari. La mère de Delon a toujours déclaré que "personne ne peut m'enlever la certitude qu'Ari est le fils de mon fils".
Une "évidence" devant laquelle Delon est resté impassible.

Avec sa mère, Ari s'est lié à nouveau, plus tard, mais la coexistence n'a pas non plus été fructueuse : Nico lui a inculqué très tôt ses mauvaises habitudes psychotropes avant de se retirer à Ibiza, où elle est décédée en 1988 d'une hémorragie cérébrale, provoquée par une chute de vélo.

Livré à lui-même, Ari désormais adulte s'est essayé au cinéma, où il n'a décroché que des seconds rôles dans une poignée de films, et à la photographie, où il a obtenu un peu plus de succès. Succès très relatif, en tout cas. Il a même pu arrêter temporairement la consommation d'héroïne.
Le seul moyen qui restait à Ari de mériter toute considération était une reconnaissance légale de paternité. Le procès a été déposé en 2019, mais le tribunal français s'est déclaré incompétent, alléguant que Delon était un résident suisse. L'affaire est restée non résolue.

Ce qui fut résolu, et de la manière la plus malheureuse, fut la dernière étape de la vie troublée d'Ari : submergé par la consommation de drogue, hémiplégique (il utilisait récemment un fauteuil roulant), il vivait dans des conditions misérables dans un modeste immeuble parisien avec sa compagne sentimentale et son fils de 21 ans.

Voila les faits. La vie d'Ari s'est désormais transformée en destin.

Alain Delon pouvait établir définitivement la vérité en se soumettant à un simple test ADN alors qu'il reconnaît avoir couché avec Nico. A lui de vivre avec sa décision maintenant que Ari est mort et qu'il n'aura plus la possibilité de lui offrir la vérité à laquelle il avait droit.

Pour ma part j'ai eu les larmes aux yeux en réécoutant l'interview d'Ari chez Ardisson. J'ai pu mesurer son chemin de croix invraisemblable, sa détresse, et je pleure pour lui.

Repose en paix Ari.

 

Ari avait relaté son histoire complètement chaotique dans un livre autobiographique surtout dédié à sa mère.

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22 septembre 2019 7 22 /09 /septembre /2019 13:09

Bonjour les amis,

J'ai vu pour vous (et pour moi)  cette semaine IL TRADITORE le dernier film de Marco Bellocchio qui a été présenté à Cannes et dont voici le synopsis.

Au début des années 1980, la guerre entre les parrains de la mafia sicilienne est à son comble. Tommaso Buscetta, membre de Cosa Nostra, fuit son pays pour se cacher au Brésil. Pendant ce temps, en Italie, les règlements de comptes s'enchaînent, et les proches de Buscetta sont assassinés les uns après les autres. Arrêté par la police brésilienne puis extradé, Buscetta, prend une décision qui va changer l'histoire de la mafia : rencontrer le juge Falcone et trahir le serment fait à Cosa Nostra.

Ce film est une grande fresque de 2 heures et 40 minutes qui est conçue comme un opéra en 3 actes qui se déroule en Sicile, au Brésil, à Rome et aux Etats-Unis. 

Bellocchio évite soigneusement de faire de Buscetta un héros ou un mythe mais le spectateur ne peut-être que fasciné par son caractère puissant, par la cruauté des dilemmes qu'il doit résoudre et par sa métamorphose au cours du film.

L'histoire est très bien racontée et même s'il y a de nombreux personnages le spectateur ne s'y perd pas.

La réalisation est académique mais réserve de nombreux passages oniriques, flamboyants et lyriques qui nous rappellent qu'on a affaire à un très grand metteur en scène : la fête d'ouverture censée sceller la paix entre clans, l'attentat contre le juge Giovanni Falcone, le face-à-face judiciaire de Buscetta avec l'un de ses comparses, un cauchemar de Buscetta, le final qui nous remet en perspective toute cette trajectoire...

La bande-son sert parfaitement l'image et, par exemple, l'utilisation du choeur des esclaves du Nabucco de Verdi arrive à point nommé pour donner au film son caractère onirique.

L'interprétation de Pierfrancesco Favino en Tommaso Buscetta est magistrale, toute en nuances. Il sait parfaitement nous faire partager la complexité de son personnage, nous faire entrer au coeur de ses doutes, de ses souffrances (le souvenir de ses 2 fils assassinés), de ses repentirs aussi...

Mais Bellocchio n'en fait pas pour autant un saint. Buscetta pour accéder à son poste a dû commettre lui-aussi des atrocités. Il possède un caractère très hédoniste : c'est un homme à femmes, père de nombreux enfants, qui a été marié 6 fois, qui n'est pas assoiffé de pouvoir mais qui aime mordre la vie à pleines dents. En cela il s'oppose complètement à Toto Riina qui est un monstre cruel, ignoble, pervers et froid, obsédé de puissance mais qui vit terré comme une taupe.

Buscetta se transforme au cours du film et finit par se sentir investi d'une mission purificatrice mais ne se raconte pas d'histoires sur lui-même. Il sait que tout a commencé quand il n'avait que 16 ans (17 ème enfant d'une famille très humble) et qu'il promettait fidélité à l'association mafieuse. Et il n'en n'est que plus touchant.

Les dialogues entre Buscetta et Falcone donnent au film de la profondeur avec une réflexion sur le pouvoir, la vie, la mort...Les regards sont magnifiquement filmés. Parfois tout est dans le non-dit...Buscetta le traître n'a pas peur de regarder ceux qu'il a trahis droit dans les yeux...Tout cela est filmé avec une terrible justesse.

Le spectateur ne peut être que troublé et ému.

L'histoire de Buscetta est tellement riche en faits et en anecdotes que Bellocchio aurait pu s'y perdre mais il a su en extraire l'essentiel pour réaliser un film d'une grande homogénéité et d'une grande cohésion.

LE TRAÎTRE c'est un film ambitieux, une saga en forme de fresque et d'opéra qui restera dans l'histoire du cinéma.

 

 

LE TRAÎTRE de Marco Bellocchio...un film puissant.
LE TRAÎTRE de Marco Bellocchio...un film puissant.
LE TRAÎTRE de Marco Bellocchio...un film puissant.
LE TRAÎTRE de Marco Bellocchio...un film puissant.
LE TRAÎTRE de Marco Bellocchio...un film puissant.
LE TRAÎTRE de Marco Bellocchio...un film puissant.

Je terminerai ce billet en vous offrant en prime HISTORIA DE UN AMOR, une chanson très mélancolique et nostalgique qu'on entend dans le film et que Buscetta aimait interpréter dans les fêtes familiales...

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