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24 mai 2024 5 24 /05 /mai /2024 07:21

Bonjour les amis,

J'ai lu le dernier livre d'Aurélien Barrau qui est un auteur qui me passionne, et ce, pour 2 motifs:

1.- il est brillant, tout simplement brillant.

2.- il porte un regard intelligent sur notre devenir collectif et sur les mille et un pièges et mystifications dont nous sommes tous victimes.

Avant d'entrer dans le thème de son dernier livre, et pour faire une "mise en bouche", je vous propose d'abord d'écouter son coup de gueule salutaire contre les chantres à tout crin de la conquête spatiale.

C'est sur le lien ci-dessous et ça ne prend que 3 minutes 30 secondes.

Continuons maintenant avec le thème de son livre qui aborde le fait que ce ne sont pas les techno-sciences qui pourront nous permettre de surmonter la crise systémique que nous vivons.

Il l'explique lui-même avec brio dans une conférence qu'il a donné à l'université de Liège et qui dure 40 minutes. En fait c'est surtout la première demi-heure qui est essentielle pour comprendre que ce n'est pas à la science de définir la vie que nous désirons, la vie qui serait souhaitable. La science est un outil très puissant et performant mais n'est pas faite pour ça.

Barrau en appelle aux poètes, aux artistes, aux philosophes, aux scientifiques "nomades" pour relever le défi  que représente la protection de la vie et de la biodiversité. Il est souvent accusé par ceux qui n'y comprennent rien à l'écologie d'être un "tabliban vert", un inquisiteur, un Torquemada new-age, et pourtant il n'y a absolument rien de dogmatique dans ses propos. Il se limite souvent à démasquer les impostures qui nous trompent et nous empêchent d'évaluer avec réalisme la vraie nature des problèmes que nous devons résoudre.

L'imprévu, le non-programmé font partie aussi de notre liberté, de notre richesse et de la vie même. Les IA nous enferment dans un monde orwellien: elles commencent par réduire le champ des possibles et les  libertés jusqu'à finir par les tuer définitivement...

Voici donc cet exposé sur ce lien youtube.

30 minutes de conférence ça peut paraître long mais, en l'occurrence, ça les vaut largement. L'exposé de Barrau est bien plus instructif et passionnant que n'importe quel grand film à l'affiche.

Tout le monde devrait prendre la peine de l'écouter.

 

Voici enfin la présentation de son dernier livre avec un résumé de l'éditeur. Un livre recommendable pour tous ceux qui veulent approfondir la pensée de Barrau.

Quel devrait être le vrai rôle de la science face à l'effondrement global qui est en cours ?

Résumé :
Sortir la science de ses mauvaises habitudes, tel est le projet de ce bref et révolutionnaire essai.
Face à la catastrophe écologique, la science est utilisée pour donner une réponse essentiellement « ingénierique » : technologie à tout prix, algorithmes envahissants, machines toutes-puissantes. Cela constitue le pire des choix. Si elle peut jouer un rôle salvateur, c’est, tout au contraire, en contribuant à un renouveau radical des symboles et des valeurs. En réinventant le sens du monde.
Elle se révèle essentielle dans le constat du délitement : les espèces disparaissent, les populations s’effondrent, la pollution et la chaleur tuent, la planète devient inhospitalière… Elle demeure pourtant incapable de choisir la direction souhaitable. Considérée comme un simple outil, elle ne pourra que contribuer à accélérer l’effondrement. Comme l’écrit Aurélien Barrau, nous ne tenons pas assez compte des rêves des chiens.

A partir de ce qu’il appelle « l’hypothèse K. », un laisser-faire entraînant une prolifération technique exponentielle, ce texte suggère de réinvestir la science de l’immense charge poétique qui lui a été déniée. Et cela afin de la libérer, de lui rendre son pouvoir bénéfique. Un plaidoyer pour une science nomade, tzigane ou touareg, humble et intransigeante. Une science déviante et fière de l’être.

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15 février 2024 4 15 /02 /février /2024 05:38

Bonjour les amis,

Je vais vous parler aujourd'hui d'un livre qui me manquait, d'un livre dont j'avais désespérement besoin.  En effet, face à la multitude d'articles, de publications, de discours et de positionnements politiques souvent contradictoires qui existent au sujet du réchauffement climatique, j'avais besoin d'un grand ouvrage de références et de synthèse qui m'aide à mettre de l'ordre dans mes idées, à les structurer, et surtout à situer rapidement dans quelle mouvance se situe n'importe quel auteur abordant ce sujet vital pour l'humanité toute entière.

C'est exactement ce que réussit Nathanaël Wallenhorst dans son essai intitué QUI SAUVERA LA PLANÈTE?

Alors, avant de parler et de savoir comment on peut encore la sauver il faut déjà expliquer et écarter les mille et une manières d'aller tout droit vers la catastrophe assurée tout en prétendant tout faire pour l'éviter.

Le livre de Wallenhorts s'articule en 6 chapitres et je vous mets ci-dessous une partie de son sommaire qui permet de comprendre comment est construit son essai. 

 

1. LE RÉCIT MENSONGER OU LES DÉGÂTS DU CLIMATOSCEPTICISME
L'incompréhension de la méthode scientifique
Une trop faible éducation scientifique peut faire le lit du climatoscepticisme
La caisse de résonance médiatique des imposteurs climatiques
Des puissances industrielles qui sapent le consensus scientifique et brouillent l'état
des connaissances
Le déni, mécanisme de survie lorsque le sol se dérobe sous nos pieds
Le climatoscepticisme comme marqueur viriliste… et politique
2. LE RÉCIT CHINOIS : VERDIR L'ÉCONOMIE EN BOOSTANT LE PRODUCTIVISME
La dégradation de la santé des Chinois, moteur de la contestation contre le Parti
Virage à 180° : la Chine veut devenir le leader mondial du développement durable
Le récit chinois est-il efficient pour diminuer l'altération de la Terre par les humains ?
Un régime autoritaire peut-il contribuer à la pérennité des sociétés humaines ?
3. LA RELIGION CALIFORNIENNE : PANSEMENT HIGH-TECH POUR CANCER
PLANÉTAIRE

Scientifiques de l'Anthropocène et sirènes technoscientifiques
Nous désanthropiserons ce qui pose problème (discours light)
Nous allons prendre le contrôle du système Terre et du génome humain… Et si on se loupe, des
transhumains partiront fonder des colonies sur Mars (discours hard)
Un récit organisé autour d'un double angle mort
Une naturalisation de la technique qui annihile le politique
4. BISOUNOURS-MAIS-PAS-QUE… L'INDIVIDU FACE À L'INACTION POLITIQUE
Des témoignages trop personnels ?
Ma transition écologique, un outil de développement personnel
Un air de bisounours-mais-pas-que sans en être !
Jusqu'où “prendre sa part” ?
De l'action individuelle à l'action collective
5. LE RÉCIT PERVERS : JEU DE LEURRE AVEC LES CITOYENS
Jouer avec les médias et l'opinion
Jouer avec les données scientifiques
Jouer avec les enjeux politiques
Que serait une politique à la hauteur des enjeux ?
C'est oui ou c'est non ? C'est oui, mais c'est non.
6. LE RÉCIT ALTERNATIF : UNE POLITISATION À HAUTEUR DES ENJEUX DE
L'ANTHROPOCÈNE

Un ennemi commun : le néolibéralisme
Réformer nos institutions, tonifier nos démocraties
Désobéir et lutter
Incarner le changement
Fonder un nouveau nous, symbiotique avec le vivant

La structure du livre est extrêmement logique et bien pensée car face à cette crise planétaire existentielle il y a différents narratifs:

1.- Le climatosceptique. Ce discours a changé au fur et à mesure que la science l'a invalidé, mais le climatoscepticisme pervers existe toujours, se renouvelant sans cesse, essayant de nous faire croire au père Noël et que le pire ne va pas forcément arriver. A noter que des climatosceptiques essaient d'utiliser et de réinterpréter de manière captieuse les résultats scientifiques pour leur faire dire des contrevérités: par exemple qu'il y aurait 5% de possibilités d'échapper à la grosse crise. Ça, c'est un mensonge éhonté: la crise aura bien lieu de manière certaine.

2.- Le narratif chinois ne nie pas la crise et, au contraire, ce pays veut se présenter comme le champion de la lutte contre le rechauffement, sauf que ses méthodes l'enfoncent encore plus dans un autoritarisme anti-démocratique et sauf que les efforts politiques bien réels (et pas purement "cosmétiques") ne sont pas de nature à empêcher le grand clash pour des motifs de croissance que l'auteur explique dans son livre.

3.- Le narratif californien suivant lequel on va tout résoudre grâce aux nouvelles technologies. Des solutions qui, pour certaines d'entre elles sont encore plus dangereuses que le mal qu'on prétend combattre. A noter également un grand déficit démocratique car ce sont les grands capitaines d'industrie comme Elon Musk, Jeff Bezos, Bill Gates, etc...qui imposent leurs fausses solutions de greenwashing qui ne sont pas de nature à inverser le résultat final. L'école californienne c'est celle qu'on voit à l'oeuvre dans l'excellent film DON'T LOOK UP.

4.- L'individu qui croit que c'est en changeant ses habitudes qu'on peut inverser la tendance. C'est très bien que chacun fasse un effort personnel à son niveau mais ça ne peut en aucun cas enrayer la trajectoire mortelle imposée par les grands lobbys industriels gros pollueurs et gros consommateurs de ressources.

5.- Le récit pervers, sans doute le plus dangereux. C'est le discours public du OUI à la lutte mais qui en réalité se traduit par NON au moment de prendre des décisions qui touchent des intérêts financiers importants (syndrome Macron versus Nicolas Hulot). C'est le discours de nos gouvernants européens qui tentent de nous faire croire qu'il y a une fenêtre étroite qui permet de répondre aux besoins de la grande industrie et d'assurer le bien-être futur de nos concitoyens sans effectuer une grande révolution dans des domaines comme, par exemple, l'agriculture.

Discours faux et irresponsable auquel tout le monde a envie de croire.

Ne survivront bien dans le futur que les très-très-très riches...pas les riches, les très-très-très riches. Ce 1% qui détient plus de 50% des richesses.

6.- Le chapitre qui aborde les possibles vraies solutions qui nous obligeraient à effectuer une révolution politique et sociale à la hauteur du danger. Inscrire la preservation de l'environnement dans notre constitution et se donner les moyens de contrôler que les gouvernants la respectent et ne cèdent pas aux grands lobbys. Changer notre constitution et passer à une 6 ème République avec de nouveaux mécanismes de contrôle citoyens, un peu comme en Islande quand elle a été frappée d'une grande crise économique due à une dette démentielle. Serait nécessaire également une révolution scolaire avec l'étude en classe d' ouvrages rigoureux dissipant les mensonges des 5 premiers narratifs afin de former une citoyenneté consciente et responsable.

Stratégies de mobilisations citoyennes et de types d'action inspirées par Greenpeace et par les chantres de la désobéissance civile permettant de faire plier la grande industrie.

Voici en guise de résumé LE POINT DE VUE DES ÉDITEURS.
C’est un fait : nous avons modifié de façon durable les conditions d’habitabilité de la Terre, et grandement fragilisé la vie en société. Cette situation charrie avec elle la pire des menaces politiques : sous couvert d’intentions environnementales — sauver la planète ! —, la sortie, par le vote, des démocraties. L’auteur décrypte les récits du temps présent qui font le lit possible de l’échec démocratique et/ou de l’échec écologique : le récit mensonger, selon lequel nous ne serions pas sûrs que le changement climatique soit d’origine humaine ; le récit chinois, selon lequel la fin justifierait les moyens ; le récit californien, qui fait miroiter un salut technoscientifique ; le récit bisounours mais-pas-que, qui fait reposer un changement global sur la conversion à l’écologie de chaque citoyen ; le récit pervers, qui veut tout faire tenir ensemble. Mais l’histoire n’est pas terminée. Un récit alternatif trace son sillon, qui postule que seule une radicalité démocratique nous permettra de vivre ensemble au sein de l’étendue terrestre.Ces nouveaux récits sont des leviers politiques influents. Pour les évaluer à l’aune de ce qu’ils peuvent apporter à l’aventure humaine, Nathanaël Wallenhorst mobilise deux critères. Le premier, scientifique, identifie comment sortir de la zone critique dans laquelle nous sommes : il s’agit du consensus international sur l’ampleur de l’altération de la Terre par les activités humaines. Le second, politique, privilégie ce qui affermit la démocratie. Cet ouvrage voudrait permettre au lecteur de s’orienter, malgré la confusion et l’incertitude qui caractérisent le début du XXIe siècle.

Alors, je suis encore assez incomplet. Le livre est bourré de références sur d'autres auteurs et chercheurs dignes de foi et aussi sur les mystificateurs dangereux (très nombreux), bourré d'infos aussi sur les conséquences cataclysmiques systématiquement minorées du changement climatique et de l'anthropocène.

Reste à répondre à la question que je pose dans le titre. Peut-on encore sauver l'humanité et la biodiversité?

L'auteur tente de rester optimiste en nous éclairant dans son 6 ème chapitre sur les points de passages obligés que nous devrions affronter comme ceux de faire face et de nous opposer aux voies sans issues vers lesquelles nous conduisent irrémédiablement les logiques libérales. Le pari semble toutefois colossal et hors d'atteinte. En lisant le livre j'ai reconnu certaines de mes attitudes dans chacun des 5 narratifs trompeurs. Donc vouloir y échapper suppose un grand degré de connaissance et de compréhension du problème, un problème extraordinairement complexe..

Sauver l'humanité reste encore possible...en ce qui concerne la biodiversité il s'agit de limiter la casse et de préserver ce qui reste vu le nombre assez énorme d'espèces déjà irrémédiablement disparues.

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