Bonjour les amis,
Je profite des vacances pour refaire une partie de mon énorme retard cinématographique et j' ai donc vu hier les " Nouveaux sauvages" qui est un film argentin coproduit par des espagnols , avec entre autres, Pedro Almodovar : d' ailleurs c' est celui-ci qui est monté sur scène pour recevoir le GOYA ( César espagnol) du meilleur film iberaméricain.
C' est un film à sketches dans la tradition italienne qui raconte 6 récits où sont fustigés la monstruosité et l' inhumanité de notre société moderne et surtout les énormes frustrations qu' elle génère chez les individus de bonne foi.Une société où les valeurs sont inversées et où triomphent le cynisme, l' argent et le pouvoir.
Dans le nouveau menu OB je ne trouve pas de quelle manière on peut insérer une vidéo alors je vous mets le lien de la bande-annonce ci-dessous, une bande-annonce qui en révèle un peu trop à mon goût.
https://youtu.be/thVStmHpJMc
Comme tous les films à sketches, c' est un film inégal, qui réserve parfois de belles surprises mais le titre original ( "relatos salvajes" qu' on peut traduire par "récits sauvages") ne trompe pas....c' est effectivement assez sauvage,très sauvage, avec une ou deux scènes à la limite du supportable.
Voici la critique la plus négative sur allociné:
Rien que dans le titre et dans son concept de film à sketchs, on devine que c’est un hommage aux Nouveaux monstres qu’a voulu faire le réalisateur argentin Damián Szifron, qui a reçu pour l'occasion le soutien non négligeable de Pedro Almodovar, une collaboration surprenante tant cet humour désespéré est loin de l'univers du réalisateur espagnol. Le défi à relever se montrait énorme tant la comédie de Dino Risi est une référence en matière de d’humour noir et politiquement incorrect. A partir six petites histoires, d’une qualité inéluctablement inégale, Szifron parvient à alterner entre un ton trash et des dénonciations de la situation de son pays. Mais là où le classique italien tapait sur des institutions alors jugés inattaquables ou s’attaquait à des sujets très sensibles tels que, respectivement, le pouvoir de l’église et le négationnisme, celui-ci ne semble ne pas trouver de cible plus pertinente que la corruption de l’administration. Des gags inoffensifs donc, mais surtout terriblement prévisibles même si, certains d’entre eux, restent des explosions de violence gratuite plus cathartiques que réellement amusantes. Sans doute Est-ce là la conséquence directe de la difficulté des six saynètes de s'achever dans une chute mémorable (seule le plan de fin de la première, qui fait office de pré-générique, est littéralement percutante). Coté interprétation, on ne retiendra que celle Ricardo Darin, et sa classe légendaire, du fait qu'il incarne le personnage le plus nuancé de l'ensemble du film.
Et maintenant la critique plus positive:
Les Nouveaux sauvages" se reçoit telle une gifle en pleine figure par la violence qui explose dans chacun des sketches qui constituent ce film... Si c'est bien ce thème central qui est à la base de ces six histoires, on retient surtout l'analyse et la construction habile et très précise du mécanisme qui fait surgir cette violence, par l'accumulation de petits riens qui font basculer la balance d'un seul coup, tel un couperet impitoyable ! Chaque histoire est en fait très bien traitée sous un angle d'attaque très différent du déséquilibré dangereux embarqué dans une spirale sans fin, comme on nous le présente depuis quelques faits divers récents, jusqu'au personnage lambda qui va craquer à partir d'un détail qui va finir par le dévorer et l'engloutir complètement ! Le réalisateur argentin Damian Sczifron a donc eu l'idée et l'intelligence de mettre dans son panier tout un tas de maux de notre société moderne, jalousie, moquerie, individualisme, persécution, sentiment d'injustice,... comme points de départ à chacune des situations mises en place et le résultat est tout simplement incroyable au niveau de l'efficacité de son film... Même s'ils ne sont pas reliés entre eux, le passage de l'un à l'autre sketch semble fluide comme si chaque petit film appelait le suivant pour aborder ce thème différemment mais avec toujours le même panache ! Et on appréciera certainement plus certains que d'autres, car il faut bien avouer que certaines histoires très kafkaïennes sont proches de ce que l'on peut vivre dans sa vie et qu'on a donc forcément connu sans aller jusqu'à ce point de non retour forcément... Quoique rien ne peut nous dire ce qui nous sera un jour réservé ? L'identification joue donc en plein et le ressenti est dans ce cas d'autant plus fort ! Et si l'on rit très nerveusement de ces règlements de compte, pétages de plomb, en tous genres, c'est sans doute pour mieux exacerber cette violence qui est contenue au fond de tout un chacun, mais qu'heureusement on maîtrise en général le mieux possible en personne apparemment civilisée que l'on essaie d'être aux yeux des autres ! L'humour très noir est dans tous les cas, vraiment excellent, et l'imagination débordante de Damian Sczifron pour arriver à tous ces rebondissements spectaculaires, est franchement de haut vol ! C'est tout simplement fou à ce niveau... Tous les comédiens dans ces rôles complexes sont d'ailleurs franchement remarquables. Certaines leçons sont assurément à tirer de ces histoires, en particulier celle de l'accident dans un milieu où règnent l'argent et le pouvoir, quant à celle de notre pauvre ingénieur, on se met tout à fait à sa place, car tout bon parisien risque de connaître cette situation identique avec sa propre voiture... Maintenant, quoiqu'il arrive, on n'oubliera pas de rester bien sûr prudent, courtois et même aimable sur la route, alors que toute invitation à un mariage sera soupesée en mesurant les risques comme il se doit... À réfléchir donc ! Du cinéma cruel, drôle et pertinent avec un fond de vérité évident !
Contrairement à mon habitude, je vais révéler un peu de la première histoire car il se trouve qu' elle possède d' étranges points communs avec l' attentat de Germanwings.Ce film étant antérieur à l' attentat on se demande si Andreas Lübitz ne l' a pas vu...C' est troublant les amis, vraiment très très troublant même...je ne vous en dis pas plus...
Je terminerai en vous disant que mon histoire préférée est celle de l' ingénieur car c' est peut-être le recit où on s' identifie le plus avec le héros magistralement interprété par Ricardo Darín dont les nerfs sont soumis à rude épreuve ( il est vraiment bouleversant de vérité) et que le film se termine avec un mariage, et là, c' est quand même l' apothéose...des noces vraiment barbares et assez trash celles-là qui, à elles seules, méritent de voir ce film, à mon avis...
PS: Pour ceux qui comprennent le castillan,le film en VO est super car les argentins parlent l' espagnol avec des formes et des temps verbaux archaïques qui n' existent plus en Espagne comme l' emploi du "VOS".Essayez d' imaginer un pays francophone qui utiliserait des formes verbales de conjugaisons du XVIII ème siècle ! Il y a aussi l' accent particulier et leur façon de prononcer les " LL" comme des J, et puis , la musique de leurs phrases avec une manière très particulère de faire monter le ton de la voix jusqu' à l' avant dernière syllabe et la faire retomber sur la dernière...Cela ressemble à la musique d une phrase italienne faite de mots espagnols, ce qui est finalement assez logique quand on sait que 20% de la population argentine est d' origine italienne...bref, d' un point de vue linguistique, c' est toujours un régal d' écouter les argentins...
PS nº 2: Quand j' étais au lycée de Calpe, une professeure de lettres espagnoles m' avait expliqué que tous les accents sud-américains ( et ils sont nombreux) trouvent leurs sources sans exceptions dans des régions espagnoles dont étaient originaires les colons, même si ensuite la langue a dérivé localement en intégrant de nombreux vocables autochtones des indigènes.
PSnº3: Lundi dernier j' étais invité chez des bons amis, et la maîtresse de maison a voulu à tout prix nous imposer le récit de la première histoire ( celle de l' avion...).Je lui fais aimablement remarquer que j' ai HORREUR qu' on me raconte un film que j' ai prévu de voir mais elle ne me fait aucun cas, et continue quand même, en me disant qu' il y a 6 récits, et qu' elle n' en racontera qu' un seul ! Finalement elle en racontera deux ! J' étais sur le point de quitter momentanément la table mais, pour ne pas jeter un froid, j' ai subi stoïquement le récit très détaillé du premier sketch.Finalement on pourrait ajouter un 7 ème sketch à ce film qui serait celui d' AJE passablement énervé entendant une histoire dont il ne veut rien savoir ! Tout ça m' a rappellé l' aphorisme de l' autre jour:"un ami c' est quelqu' un qui te connaît bien et qui t' aime quand même..." On pardonne aux bons amis !
Enfin, c' est assez cocasse de constater que je tombe moi-même partiellement dans le même travers, mais c' était absolument impossible de ne pas le faire sans justifier le titre de mon billet.