Bonjour les amis,
Aujourd'hui je vais commencer par une bonne blague qui circule sur les réseaux sociaux. Il s'agit d'un détournement d'images du film JURASSIC PARK.
Cette blague m'a aussitôt fait penser à un cadre supérieur blanc qui m'avait expliqué il y a quelques mois de cela que sa boîte l'avait obligé à suivre un cours de formation, entre autres, pour qu'il comprenne bien et qu'il assume qu'il est un privilégié, un privilégié blanc bien évidemment...Bon, son entreprise internationale ne l'a pas encore obligé à s'autoflageller...
Mais il se trouve que ce cadre est le prototype parfait de ce qu'on appelle l'idéal méritocratique, ce qui était (il y a peu de temps encore) notre modèle de réussite sociale.
Son origine sociale est très modeste et sa situation professionnelle enviable n'a pas été héritée mais obtenue par ses efforts et par son talent...Mais maintenant même les personnes intelligentes et méritantes vont devoir s'excuser...
Ce cadre m'avait dit que ce qui le frappait le plus c'est le fait qu'il n'y avait pas moyen de remettre en cause l'esprit ou l'idée de ces formations wokistes, sans se faire mettre à l'index, risquer d'être victime d'ostracisme professionnel et se faire taxer de racisme ou de sexisme. Du coup s'installe une vraie censure (ou plutôt de l'autocensure) dans laquelle les gens qui ne sont pas d'accord se gardent bien d'exprimer leurs objections légitimes quand, par exemple, certaines promotions internes ne se font pas au mérite mais sur des critères d'appartenance de genre (féminin) ou ethniques.
C'est ce qu'on appelle l'inquisition wokiste.
Je suis en train de lire sur ce phénomène un livre très bien documenté d'Anne de Guigné intitulé LE CAPITALISME WOKE ou quand l'entreprise dit le bien et le mal.
Voici la présentation de l'éditeur.
Résumé :
Une enquête coup de poing : comment le monde du travail se laisse remodeler par la pensée diversitaire.
La compagnie Lufthansa qui demande en juillet 2021 à ses personnels de bannir l’expression « mesdames et messieurs » afin de « choisir un discours qui s’adresse à tous ses passagers ». La société Disney qui assume une ségrégation dans ses personnels en créant trois groupes affinitaires (Latinos, Asiatiques et Noirs) et en invitant les Blancs à dresser la liste de leurs privilèges. La campagne de Louboutin à l’été 2021, portée par la militante antiraciste Assa Traoré, avec l’escarpin Free Walkie (995 euros) qui « exprime cette saison l’empathie et la solidarité ».
Sous la pression de la société civile, l'entreprise privée ne se soucie plus uniquement de rentabilité. Elle s'est engagée dans la grande marche vers le bien, embrassant tous les combats de l'époque. Très présent aux États-Unis, ce mouvement gagne peu à peu l'Europe, au risque d'organiser une forme de privatisation de l'intérêt général. Paralysée par les injonctions contradictoires des différents ordres juridiques, intimidée par les décrets de la culture woke, soumise aux contradictions de consommateurs qui attendent d'elle des « messages », l'entreprise s'engage pour le meilleur et pour le pire en politique.
J'en viens maintenant au thème de mon billet, au paradoxe.
L'idéologie WOKE est née de la gauche américaine, une gauche universitaire qui se veut anti-capitaliste ou anti-libérale mais qui, en même temps, sait parfaitement que ses idées n'ont pas la moindre chance de prospérer et d'aboutir à une vraie alternative politique pour le pays.
Et comme dit Michel Onfray, cette gauche qui n'a aucun moyen de remettre en cause le système libéral et mondialisé dans lequel nous vivons change de fusil d'épaule et s'attaque à ce qu'elle considère être des micro-fascismes: inégalités des femmes, des membres de la communauté LGTB, des transgenres, des noirs, des asiatiques, des latinos, etc...etc... cette liste n'en finit pas.
Cette gauche politiquement parfaitement muselée s'est trouvée une nouvelle raison d'exister: la lutte pour les minorités, souvent au mépris des principes égalitaristes hérités de la déclaration des droits de l'homme.
Il se trouve que, contre toute attente, cette gauche universitaire complètement coupée des réalités, s'est trouvée une alliée de poids avec les grandes multinationales, notamment nord-américaines mais pas seulement (les nôtres, européennes, suivent le mouvement).
Cette lutte pour les minorités représente un marché d'image très lucratif pour ces entreprises. C'est le comble ! Pour reprendre à l'envers la formule de Lénine: " Les capitalistes vendront à cette gauche la corde pour les pendre! ".
Par ailleurs cette intrusion du monde des affaires dans la politique se fait sans aucun contrôle, sans l'aval des urnes, et met en danger le concept même de démocratie et de liberté.
Je reviens à l'exemple de mon cadre qui n'a pas intérêt à s'opposer à la ligne wokiste de son entreprise. C'est quand il ira voter qu'il retrouvera sa liberté. Et là, j'en viens, par exemple, aux résultats électoraux des Pays Bas qui ont vu le triomphe de l'extrême-droite. Les citoyens la "bouclent" au sein de l'entreprise mais pas dans le secret de l'isoloir. Force est de constater qu'on assiste à l'émergence d'une société de plus en plus schizophrène à cause des atteintes aux libertés wokistes.
Voici un court extrait du livre d' Anne de Guigné dans lequel elle parle de mise au pilori et de délation des entreprises qui ne prennent pas position politiquement.
...En avril 2021, des centaines de grandes entreprises du pays ont encore pris position, en faisant l’acquisition d’une double page de publicité dans le New York Times , contre la loi d’intégrité électorale 2021 promulguée fin mars par le gouverneur républicain Brian Kemp de l’État de Géorgie. Officiellement, la réforme visait à lutter contre la fraude électorale, mais ses détracteurs l’accusaient de restreindre le vote des Afro-Américains. Les groupes ont subi une pression intense avant de s’engager contre le texte : sur les réseaux sociaux, des activistes ont menacé Coca-Cola ou Delta, dont les sièges sont domiciliés dans la capitale de la Géorgie, Atlanta, de boycott s’ils ne s’exprimaient pas clairement sur la loi électorale. Dans un article pratiquant le Name and Shame – en français, la mise au pilori –, le New York Times a noté avec soin le nom, et les justifications, des rares entreprises à ne pas avoir signé l’appel . L’affaire a même valu son poste à Bradley Gayton, directeur juridique de Coca-Cola, en place depuis moins d’un an. Ce dernier ne s’était pas opposé assez rapidement et fermement à la loi. Il avait pourtant gagné ses galons de champion de la diversité pour avoir exigé sous peine de diminution des honoraires que les cabinets d’avocats travaillant pour Coca-Cola confient au moins une partie des dossiers du groupe à des juristes noirs. Outre-Atlantique, ce projet de loi a fait couler beaucoup d’encre ;....
Est-ce la vocation des entreprises privées de faire directement irruption dans le domaine législatif au mépris de la séparation des pouvoirs executif, législatif et judiciaire?
Au nom de qui et de quoi parlent les présidents de grands groupes? Ont-ils réalisé des élections démocratiques internes au sein de leur entreprise? Bien évidemment que non...
Toujours, dans la même lignée, il ne vous aura pas échappé que Elon Musk est intervenu directement dans le conflit russo-ukrainien en limitant aux ukrainiens l'accès à ses satellites. Le patron d'un grand groupe privé peut se permettre d'interférer avec la politique du ministre de la défense de son pays. Plutôt inquiétant, non? Elon Musk vient d'être reçu en Israël avec les honneurs d'un chef d' Etat. Or, personnne n'a voté pour lui...il ne représente que lui-même et ses intérêts. On est complètement immergés dans la satire prémonitoire du film DON'T LOOK UP.
J'ai commencé mon article avec une blague et je le terminerai avec une autre.
Rien de tel qu'un bon BIG MAC et un Coca-cola après une dure journée de lutte et de rébellion contre le capitalisme...