Je continue mon petit feuilleton ibérique.Aujourd' hui c' est lundi.Je commence gentiment la semaine et j' ai un peu la flemme de résumer les épisodes précédents qui sont dans mes 2 billets antérieurs.
Donc, après la crise institutionnelle majeure ouverte par la publication des comptes secrets du PP jeudi dernier par le journal EL PAIS, le président du gouvernement Mariano Rajoy a donné des explications dont le moins qu' on puisse dire est qu' elles ne convainquent pas l' opposition, ni la grande majorité de ses concitoyens.
Hier encore le secrétaire général du Parti Socialiste Espagnol Alfredo Rubalcaba réclamait purement et simplement la démission immédiate du chef du gouvernement... demande par ailleurs appuyée également par d' autres partis.
Et, mauvais hasard du calendrier, il se trouve que Rajoy avait une réunion au sommet avec la chancelière allemande aujourd' hui, et ce, dans les pires conditions qu' on puisse imaginer.
En effet, Rajoy qui n' aura eu de cesse de montrer des gages de bonne volonté à la chancelière afin d' obtenir les meilleures conditions de renégociation de la mégadette, doit de nouveau rencontrer celle-ci alors que sa légitimité est mise en cause dans son propre pays.
Comment arrivera-t-il à être crédible vis-à-vis de la chancelière sur ses possibilités de mener à bien le vaste programme de réformes structurelles (si cher à François Baroin) , si les citoyens sont en train de manifester devant les sièges de son parti pendant qu' il converse aimablement avec Angela ?
Par ailleurs, on peut imaginer la disproportion et la position de FORCE de la chancelière vis-à-vis de son interlocuteur très amoindri ( touché...mais pas encore coulé).
L' Espagne avait déjà bien du souci avec sa dette, et il ne manquait plus qu' un énorme scandale financier pour jeter à terre sa moindre vélléité de renégociation.Un voyage à Berlin dans un tel contexte frise l' humiliation...
Cette affaire de corruption, les Espagnols vont la payer deux fois:
- une première fois en spoliation, fraude et manque à gagner pour leur Etat.
- une deuxième fois, en perte de crédit sur les marchés internationaux, ce qui ne manquera pas de faire grimper à nouveau la prime de risque espagnole..et ce qui a permis à Rubalbaba de déclarer que le chef du gouvernement était devenu un " boulet" très coûteux pour son pays.
J' ai assisté toute à l' heure à une partie de la conférence de presse avec les 2 partenaires, et derrière les sourires de rigueur, les embrassades et les congratulations de façade habituelles, on ne peut s' empêcher de penser que cette affaire gêne terriblement les allemands également.
En effet, Rajoy était en train d' accomplir tout le sale boulot qu' on lui demandait. En bon élève néolibéral, il a mis en oeuvre un massacre méthodique et organisé de tous les acquis sociaux afin d' honorer les promesses de remboursement de dettes publiques et PRIVÉES sur le dos des travailleurs.Les allemands étaient plutôt satisfaits vu qu' ils n' étaient pas obligés d' intervenir trop directement, et ne voilà-t-il pas qu' une sinistre affaire de corruption d' ampleur nationale vient mettre à terre toute cette stratégie patiemment tissée.
Comment va réagir la chancelière ?
- Va -t- elle soutenir un gouvernement moribond avec le risque de soubresauts sociaux incontrôlables ou d' élections anticipées qui vont perturber gravement les marchés ?
- Va-t-elle essayer de miser sur un autre candidat de droite "non-contaminé" pour poursuivre l' oeuvre de Rajoy ? Angela et les marchés vont-ils essayer de pousser gentiment mais fermement Mariano vers la porte de sortie comme cela s' est déjà produit avec Berlusconi ?( je vous rappelle au passage que silvio-pinocchio ne s' est pas fait jeter par les urnes mais par les marchés financiers...ce qui était en soi une première en Europe..plus Berlusconi s' accrochait au cocotier et plus ça coûtait cher au pays et le fait qu' il n' ait pas démissionné immédiatement a provoqué des pertes sèches importantes pour tous les Italiens...).
Que va-t-il se passer donc en Espagne ? Mystère et boule de gomme...
Ce qui est sûr, c' est que le scandale va coûter très cher à tous les espagnols....et que maintenant , c'est la 2 ème facture qui va nous arriver !