A l' heure où j'ecris ces lignes l' eurogroupe examinera la demande du gouvernement grec de prolonger de 6 mois le plan d' aide de la Troika, et l' Allemagne principal pays créditeur s' y oppose pour l' instant en prétextant que La Grèce n' offre aucune garantie de respecter les conditions imposées.
Nous voici donc arrivés à la croisée des chemins, ce lieu où les athéniens s' atteignirent, avec un pays qui veut changer le cours de son histoire en portant au pouvoir un parti politique dont le programme va résolument à l' encontre de toutes les exigences de l' UE ( coupes budgétaires, réformes, privatisation des services et des grands secteurs, etc...).
Le nouveau gouvernement veut mettre en place une politique de distribution de pouvoir d' achat dont il ne dispose pas si la Troika ne prête pas cet argent.A la base les grecs demandaient 12 milliards pour relancer leur économie mais bien évidemment cette mesure, même si elle faisait partie du programme de Syriza n' a aucune légitimité si ce sont les autres partenaires qui doivent la financer.Un gouvernant, quelque soit la majorité qui l' a porté au pouvoir, ne peut décider que d' autres partenaires financeront sa relance sans obtenir préalablement leur accord...
Durant ces premières semaines les exigences de Varoufakis n' ont qu' énerver ses partenaires. Finalement il n' a absolument rien obtenu en échange.Il a essayé de faire une forme de chantage humanitaire, de bluff en jouant avec de nouvelles alliances ( Russie, Chine, etc...) et tout cela n' a fait qu' entamer un peu plus sa crédibilité.Varoufakis n' a pas travaillé avec suffisemment de sérieux ses premières demandes chiffrées et apparaît , dans le monde des hommes en noir de la Troika, comme un aventurier effronté, une espèce de rock-star mal élévée de l' économie,coupé du monde des réalités, dont les demandes sont assez invraisemblables et extravagantes...Le fait qu' il revoit comme il l' a fait cette semaine ses demandes à la baisse ne fait qu' augmenter sa perte de crédibilité,à peine supérieure à celle d un marchand de tapis...
L' ensemble des mesures proposées par SYRIZA demandera du temps pour qu' elles aient un effet sur l' économie réelle du pays, et les partenaires européens sont peu enclins à renflouer une économie qui, au jour d' aujourd' hui ressemble encore à un tonneau percé.
Dans ce contexte, j' ai du mal à comprendre pourquoi les dirigeants de Syriza ne sont pas les premiers à demander à sortir de l' euro...
C' est une mesure difficile à prendre mais qui permettrait à la Grèce de pouvoir jouer sur sa monnaie qu' elle pourrait émettre selon ses nécessités même si celle-ci ne vaudrait plus grand chose sur le marché des devises.Ça lui permettrait de payer le salaire de ses fonctionnaires et de distribuer du pouvoir d' achat sur ses produits nationaux.Il y aurait une première étape difficile mais ensuite l' horizon pourrait s' ouvrir à nouveau pour une économie qui gagnerait en souveraineté nationale et qui pourrait jouer sur la dévaluation pour gagner en compétitivité.
Ce serait aussi moins humilliant pour les grecs de reprendre leurs billes que de constamment faire l' aumône sans aucune garantie que la situation va s' améliorer dans les conditions imposées par l' UE.
Des dirigeants de droite comme Cameron et des ex-dirigeants comme Valery Giscard d' Estaing pensent que ce serait la meilleure solution pour tout le monde.
Curieusement, à gauche, le spectre d' une contagion de la sortie de l' euro fait que cette option n' est pas envisagée.
Moi si j' étais grec aujourd' hui j' aurais envie que Tsipras puisse mettre en oeuvre une nouvelle politique et j' essaierais de m' affranchir le plus tôt possible de ce boulet mortel qu' est devenu l' euro pour mon pays.
Ce serait aussi une façon de regagner une dignité foulée aux pieds de l' UE qui m' a trompé , qui a utilisé les franges les plus corrompues de mon establishment pour finalement m' étrangler et m' installer dans une situation sans issue...ou qui prendrait des décennies à s' améliorer.
Mon cher Tsipras, j' aimerais tellement que tu puisses faire un énorme pied de nez à ce monde néolibéral qui vous étouffe.J' aimerais tellement que tu puisses démontrer qu' il existe un autre chemin que l' austérité prônée par Merkel et qui ne sert que ses intérêts, mais il faut aussi que tu t' en donnes les moyens.Attention au danger des demi-mesures...Tends la main mais pour reconquérir une véritable souveraineté...
Demande ce prolongement de la dette auquel tu as droit et Reprends tes billes !