Face au drame de la population syrienne, on ne peut qu' être surpris par la manière dont la communauté internationale essaie de résoudre le conflit.
Plusieurs pays ont opté pour aider, financer et fournir en armes les rebelles, mais on sait par ailleurs très bien que ce type d' aide peut parfois servir et promouvoir des forces toutes aussi extrêmistes que celles que l' on prétend combattre, et qu' au final, on a tout simplement réussi à passer d' un problème à un autre tout aussi, voire encore plus compliqué.
Les scénarios qui se sont sont déjà produits en Egypte, en Aghanistan ou en Libye sont là pour nous inciter à être prudent et à ne pas nous réfugier dans une position facile consistant à nous dire: " C' est aux peuples de se libérer par eux-mêmes et c' est à nous de les aider si c' est moralement justifié..."
Cette position n' est plus suffisante pour résoudre certains conflits et, par ailleurs, on voit bien que dans certains cas comme le Mali, un pays comme la France prend des initiatives immédiates justifiées par le "devoir d' ingérence" si cher à Bernard Kouchner mais aussi grâce au fait que sa diplomatie a obtenue " l' autorisation des grandes puissances"....Pas de véto de la Chine ou de la Russie...Difficile de ne pas imaginer qu' il existe un marchandage implicite entre grandes puissances du genre: " je te laisse agir dans tes chasses gardées , tout comme tu me laisseras le faire dans les miennes..."
Dans le cas de la Syrie, on voit bien que ce pays est dans une profonde impasse et que son président n' a pas hésité à commettre de manière réitérée des crimes contre sa propre population.
Rien ne permet de penser que cette situation va s' améliorer et par ailleurs on apprend que Bachar el Assad a fait usage d' armes chimiques contre les émeutiers.
On se trouve donc dans une situation où l' envoi de casques bleus peut être envisagé tout comme ça a déjà été le cas en Yougoslavie ou au Rwanda.
On apprend par ailleurs que la ligue arabe a déjà fait plusieurs fois cette proposition à l' ONU mais que celle-ci n' avance pas car la Russie opposerait son veto.
Je vous adjoins sur ce sujet l' interview de Fabrice Balanche qui est un spécialiste de la Syrie.
Donc, encore une fois, nous nous heurtons à des superpuissances qui considèrent que certains pays sont leur pré carré et qu' il est hors de question d' intervenir sans leur aval...
Dit d' une autre manière, le problème de Damas doit impérativement se régler à Moscou !
Pourtant l' envoi d' une force internationale permettrait de garantir un minimum de neutralité.C' est également l' assurance qu' il n' y aura pas des arsenaux d' armes qui tomberont aux mains de forces extrêmistes.
Finalement, le blocage de la situation syrienne m' incite à penser que le fonctionnement même de l' ONU avec, entre autres, ses droits de véto de certains pays( et d'autres pas...) n' est pas suffisemment adapté aux nécessités des peuples.
J' imagine déjà les objections de quelques uns qui diront que l' ONU, même si elle n' arrive pas à résoudre tous les conflits, a quand même permis depuis sa création d' éviter une troisième déflagration mondiale, et que donc, les problèmes que je soulève ne sont qu' un pis-aller....qu' il faut accepter le fonctionnement de l' ONU avec ses défauts...pour préserver l' essentiel, c' est à dire la paix mondiale.
Malgré tout je ne peux m' empêcher de penser que l' on pourrait changer les règles du jeu pour donner davantage de chances à certaines solutions de paix.
J' imagine déjà les réactions de certains qui diront:
" Bin, alea jacta est, toi qui est si malin..qu' est-ce que tu proposes??"
Je pourrais répondre facilement: " Bin, supprimons le droit de véto" mais ce serait peut-être une inconséquence qui mettrait en danger des équilibres de paix.
Alors pour l' instant je me contenterai d' une réponse de prof au sujet du fonctionnemement de l' ONU: " Peut mieux faire !!!"
Tout en étant convaincu que si tous nos diplomates se creusaient un peu plus la tête , ça ne devrait pas être difficile d' améliorer et de rendre plus efficace le fonctionnement de cette institution....
Et à court terme pour la Syrie, je proposerais à Bono de monter un supermégafestival de Rock entre Moscou , Paris et New-york avec un seul mot d' ordre:" La Syrie peut être sauvée"...pour obliger nos gouvernants à se bouger un peu les fesses...