Le scandale Bárcenas qui a commencé le 31 Janvier dernier après la publication dans le journal EL PAIS d’ une partie de la comptabilité secrète du parti populaire va obliger le chef du gouvernement Mariano Rajoy à comparaître devant de congrès espagnol le 1er Août prochain.
Rappelons que cette affaire met en cause des dizaines de responsables ( ministres, ex-ministres, présidents de région, etc…) qui auraient financé de forme illégale le parti populaire et qui auraient reçu d’ importants dessous de table.
Bárcenas qui est en prison préventive a été le trésorier du PP pendant plus de 20 ans, et était au cœur du dispositif de financiation du parti. Bárcenas c’ est l’ homme qui en sait le plus sur la droite espagnole.
Depuis le début de la crise Rajoy nie farouchement la véracité de toute la comptabilité secrète publiée et accuse son ex-trésorier d’ être un délinquant qui aurait trahi son parti TOUT SEUL ET PENDANT PLUS DE 20 ANS.
Quelle prouesse de la part de Bárcenas !...et quelle ingénuité de la part de ses compagnons de parti !
Un dernier sondage publié dans le quotidien EL MUNDO montre que 83% de la population espagnole ne croit pas le président Rajoy, ce qui veut dire qu’ il n’ a même pas convaincu ses propres partisans puisque 67% des membres et sympathisants du PP pensent qu’ il a menti ! C’ est le comble !
Dans un tel contexte de suspicion généralisée, l’ opposition a réussi à obtenir du chef du gouvernement qu’ il vienne donner des explications un peu plus convaincantes au parlement, et menace de le soumettre à une motion de censure, même si celle-ci n’ a aucune chance d' aboutir étant donné que le PP a la majorité absolue à la chambre.
Le climat démocratique est donc particulièrement dégradé.
Quant à cette comparution on peut craindre le pire :
Rajoy va probablement tout nier en bloc. Il peut compter sur le fait que la justice ne pourra pas découvrir l’ origine et la destination des fonds secrets de Bárcenas à l’ étranger. Tout ce qu’ on sait c’ est que Bárcenas manipulait illégalement des dizaines de millions d’ euros que sa fortune personnelle ne peut expliquer.Quant aux 20 ans de comptabilité secrète c' est la parole de Rajoy contre celle de Bárcenas.
Malgré tout le président sera en difficulté à cause, entre autres de SMS de soutien moral envoyés à Bárcenas quand celui-ci était déjà mis sous enquête judiciaire. Que disent ces SMS ?
« Tiens bon…résiste…on fait ce qu’ on peut…c’ est pas si facile tu sais … »
Comment le chef de l’ éxécutif a t’ il pu commettre de telles imprudences alors qu’ il affirmait publiquement devant les journalistes qu’ il n’ avait plus de relations avec Bárcenas ? Mystère...
Par ailleurs, la porte-parole du gouvernement, Maria Dolores de Cospedal a commis une énorme bourde en admettant que son parti régional de Castille-La Manche avait reçu de manière tout à fait légale 200 000 euros qui figurent sur un reçu de Bárcenas tout en ne se rendant pas compte qu' il y avait un BIG problème : ces 200 000 euros n' apparaissent officiellement sur aucun compte du parti…sont-ils tombés dans un trou noir !! ???
Cospedal s' est pris les pieds dans le tapis et n’ apporte aucune explication sur cette disparition !!!
On peut penser que c’ est un président très affaibli qui sortira de cette comparution parlementaire qui promet d' être très houleuse mais qui ne lui fera pas pour autant perdre les clés du pouvoir. L’ opposition politique est institutionnellement bloquée et ne peut aller plus loin…
Tout risque donc de bien se passer pour Mariano Rajoy à moins que, à moins que…les plateformes citoyennes et les indignados ne se manifestent publiquement et massivement durant les sessions de débats parlementaires.
Réponse à cette question le premier Août prochain : rendez-vous est pris.
Je conclurai en disant que la crise Bárcenas est sans doute la synthèse parfaite de tous les dysfonctionnements démocratiques qu’ on peut observer en Occident en général et en Europe en particulier . Tout y est :
- corruptions politiques
- utilisation des paradis fiscaux
- collusions entre le monde des affaires et les représentants politiques
- non-séparation des pouvoirs : éxecutif, parlementaire et judiciaire.Certains analystes espagnols résument tout ça en affirmant que Montesquieu est " mort ".
Je vous laisse avec cette photo dont je ne me lasse jamais : le magnifique doigt d' honneur méprisant de Bárcenas adressé à tous les démocrates .