Bonjour les amis
Il ne vous a certainement pas échappé qu' il y a dans les dernières productions anglo-saxonnes beaucoup de remakes.
Vous en connaissez le principe: on prend une histoire qu' on connait par coeur et on en propose une nouvelle qui offre un éclairage nouveau, plus moderne.
L' exemple type c' est les révoltés du Bounty avec 3 versions: années 30, puis 60 puis fin des années 70.Les 3 versions sont bonnes et méritent d' être vues et la dernière est à mon sens la plus réussie car c' est celle qui offre l' évolution la plus complexe de la psychologie des personnages avec un Anthony Hopkins supposé être "méchant" et autoritaire mais qui devient peu à peu admirable dans l' adversité, alors que Mel Gibson supposé être le " gentil" sombre dans la défiance, le doute et l' isolement.
Les remakes se basent aussi sur un autre principe: celui du conte pour enfants dont on ne se lasse jamais. Ce phénomène a été très bien analysé par Bruno Bettelheim dans son livre " psychanalyse des contes de fées".En effet, les belles histoires portent en elles des clés qui nous permettent d' aborder les difficultés et les angoisses de la vie...ces histoires nous rassurent, nous offrent des repères et c' est pourquoi le soir avant de s' endormir les enfants nous réclament fréquemment de leur raconter une légende qu' ils ont déjà entendu plus de mille fois.
Nous aussi nous comportons un peu de cette manière,nous en redemandons et l' industrie du cinéma pourrait nous refaire chaque année une nouvelle version de Roméo et Juliette, de Tarzan, des misérables, de Robinson Crusoé, etc..etc..
Cette semaine j' ai vu 2 remakes.
Tout d' abord CARRIE inspiré du roman de Stephen King, de Kimberly Peirce avec Chloë Grace Moretz et Julianne Moore. L' idée de refaire ce film peut paraître saugrenue alors que la première version de Brian de Palma est géniale et a marqué toute une génération.On ne peut pas améliorer un chef d' oeuvre...on ne peut pas faire mieux mais on peut faire différent: c' est le parti pris et le choix de Kimberly Peirce.
Sa version de Carrie est moins flamboyante que celle de De Palma: elle est plus intériorisée et la relation d' amour-haine avec sa mère est plus approfondie...Le thème du harcèlement chez les ados est éminement d' actualité, aussi la metteur en scène a eu l' idée de remettre à jour les techniques de harcèlement notamment par l' utilisation des nouvelles technologies i-phones, réseaux sociaux, etc...
Malgré tout on suit le film en sachant parfaitement tout ce qui va se passer, et on est dans la pleine logique du conte pour enfant...on sait que ça va mal se terminer pour le petit chaperon rouge et on se dirige vers une fin sans surprise...
Cette version de Carrie ne souffre pas la comparaison avec l' original mais elle se laisse regarder si, comme moi, on est bon public...prêt à oublier durant 90 minutes la première version.
Le 2 ème remake que j' ai vu cette semaine est "Gatsby le magnifique" inspiré du chef d' oeuvre de Francis Scott Fitzgerald.
Là encore il en existe plusieurs versions mais celle qui a fait date et qui paraissait définitive est celle de 1974 de Jack Clayton avec Robert Redford et Mia Farrow qui formait l' un des couples les plus glamour de l' histoire du cinéma.
Encore une fois le défi après une telle version était de taille mais d' entrée de jeu le film de l' australien Baz Luhrmann prend ses distances avec les oeuvres antérieures.
Je peux vous affirmer une chose : vous aimerez ou vous detesterez cette adaptation de Luhrmann mais vous ne serez pas indifférent à son GATSBY.
Il s' agit d' une espèce choréographie cinématographique flamboyante, avec des moyens colossaux, des effets visuels à n' en plus finir à tel point qu' on est pris dans une sorte de vertige et de tournis.Pendant la première heure on a presque envie de dire stop tant le rythme est effréné et ressemble davantage à celui d' un clip vidéo superspeed tourné dans les fêtes de la jet set etats-unienne des années 20.
On ne peut qu' être qu' impressionné par les travelings vertigineux de la caméra lors des fêtes fastueuses données dans la propriété de Gatsby avec des centaines de participants dansant sur des rythmes endiablés ou lors des virées new-yorkaises. La musique surprend également car nous sommes dans les années 20 avec le jazz, le charleston, le fox-trot, etc...mais Luhrmann y intègre aussi des arrangements modernes à la limite du rap ( on apprécie ou pas ce genre d' anachronisme mais c' est, là aussi, très très bien fait...) .
En ce qui concerne l' esthétique c' est un régal pour les yeux..le style art déco et art nouveau, les couleurs très saturées et très travaillées, hyperréalistes...le bleu très bleu et le jaune très jaune...tout est dans l' excès mais avec une maestria qui laisse bouche bée.Les fringues très stylées, les coiffures,la mode garçonne,les résidences de rêve, le champagne qui coule à flots...le rêve américain dans toute sa splendeur et dans toute sa vacuité également.
L' interprétation de Caprio tout simplement brillante...seul petit bémol: Carey Mulligan qui interprète Daisy est mignonne mais ne possède pas ( à mon sens ...ou à mon goût) le charme, la sensualité et le magnétisme qui expliquerait que Gatsby ait tout construit pour la conquérir et qu' il lui voue son coeur et son âme.Caprio lui est impérial et supercrédible et les autres rôles masculins sont parfaits.
C' est donc une version survitaminée, excessive, outrancière...hypershootée...mais aussi une variation psychédélique orchestrée de manière géniale sur la trame du grand Gatsby...un grand opéra baroque...une symphonie de lumières,de couleurs, d' images et de mouvements....Luhrmann a fait sonner les grandes orgues de son délire fiztgeraldien !!!
Personnellement, j' applaudis...j' en redemande et je vais probablement me repasser le DVD tranquilos pour bien m' en mettre plein les mirettes...et puis, dernier détail et non des moindres, je vais probablement relire Gatsby le magnifique, mais en VO cette fois...
THE GREAT GATSBY !!!