Bonjour les amis,
Suite à un petit com' de Rosemar j' ai décidé de faire une petite synthèse des 3 articles précédents pour les lecteurs d' agora tout en y ajoutant des élements de l' actualité d' aujourd' hui que je vous laisse découvrir.
Depuis l' annonce faite par Juan Carlos d' abdiquer en faveur de son fils, la société espagnole est en ébullition car plus que jamais se pose la question de ce que désire la citoyenneté de ce pays pour son avenir :
Monarchie ou République ?
Le débat est pour l' instant confisqué car les 2 grands partis de pouvoir PP et PSOE sont d' accord pour faire passer le plus vite possible une loi de succession qui permettra à Felipe de Borbon de devenir le prochain chef de l' Etat.
Cette attitude n' est pas surprenante de la part de la droite, ni de l' establishment financier toujours lié à tous les pouvoirs , ni de la part de l' Eglise espagnole hypertraditionnaliste ( euphémisme...).
Non , ce qui est surpenant c' est de voir toute la vieille garde socialiste ( Felipe Gonzalez,Jose Luis Zapatero, Rubalcaba, Bono,Guerra, etc..) ne pas lever le petit doigt pour écouter sa base militante qui réclame un référendum sur cette question pour décider du futur du pays.
Alfredo Perez Rubalcaba , actuel secrétaire général, qui vient de remettre son mandat et qui va procéder à la renovation du PS à cause de la grosse casquette qu' il vient de se prendre aux européennes affirme que le parti a de profondes racines républicaines mais qu' il reste lié également à la monarchie.Et voila, qu' on nous reparle sans cesse du pacte qui lie tous les partis démocratiques avec la maison royale espagnole, tout simplement parce que Juan Carlos a rendu sa liberté au peuple il y a 40 ans lors d' un processus de transition.Soyons clair : ce que Juan Carlos a rendu au peuple c' est un pouvoir absolu qu' il avait hérité de l' une des pires dictatures et c' était un pouvoir qui moralement ne lui appartenait pas.
On peut considérer que ça a été un choix très intelligent de sa part car tôt ou tard il aurait perdu ce pouvoir, de manière violente ou pas, et aurait été condamné à l' exil dans un laps de temps qui aurait pu varier de 0 à 10 ans...le compte à rebours démocratique s' était enclenché avec la mort du dictateur.
Par ailleurs, le "bon Roi" Juan Carlos, tout en rendant le pouvoir au peuple a su blinder une situation très confortable pour la maison royale.En effet, selon le journal PUBLICO et le New York Times le roi a accumulé pendant près de 40 ans un patrimoine de 2 milliards d' euros.Par ailleurs, en tant que premier représentant de l' Etat espagnol il touche un salaire et des commissions pour une valeur globale aux alentours de 50 millions d' euros par an, ce qui n' est quand même pas mal dans un pays où le smic est à 650 euros par mois.
Dans le contexte actuel grave de crise de la société espagnole , avec 26% de la population au chômage, plus de 42% chez les jeunes et où 1 personne sur 5 vit en dessous du seuil de pauvreté, nombreux sont ceux qui pensent que l' institution royale est à la fois inutilement coûteuse, antidémocratique et anachronique.
Aujourd' hui 7 Juin, dans toutes les grandes villes du Royaume il y aura des manifestations en faveur de la convocation d' un référendum pour décider du fait de maintenir ou pas une monarchie constitutionnelle.
De nombreuses plateformes citoyennes et les partis de gauche non-socialistes qui sont sortis très renforcés des dernières élections européennes appellent à se manifester.On peut calculer après les élections du 25 Mai dernier qu' il y a grosso-modo 38% de l' Espagne qui est républicaine.A mon avis, ils seront bien plus nombreux le jour où ils seront parfaitement informés de tous les privilèges dont bénéficie la monarchie.
Mais ce qui est frappant, ce sont les responsables socialistes qui se disent de gauche et qui n' écoutent pas leur base, qui se considèrent redevables à la monarchie et qui se refusent à demander une telle consultation...Les responsables socialistes touchent le fond du fond quand ils brandissent la constitution espagnole pour expliquer à leur base qu' on ne peut remettre en cause l' institution monarchique.Argument complètement ridicule : Zapatero a modifié un article de la constitution espagnole avec l' appui du parlement en moins de 24 h quand l' UE l' a exigé.
Même les quadras du partis qui vont bientôt succéder à Alfredo Rubalcaba n' osent pas se lancer dans cette bataille pourtant cruciale pour l' avenir du pays.
Le divorce est complet entre le parlement actuel et la population...90% du congrès est en faveur du maintien de la royauté alors que 40 % de la rue ne l' est pas...
Les parlementaires confisquent une fois de plus le débat, ce qui est un exercice extrêmement risqué après la débâcle des europénnes où les 2 grands partis de pouvoir PP+PSOE sont tombés de 85% des votes à 49 % !!! Le bipartisme est en train de mourir...la crise politique et parlementaire est totale et, malgré tout ,les responsables des appareils maintiennent une attitude sourde, muette,pour ne pas dire autiste et se refusent à écouter le peuple qui ne demande que LE DROIT DE S' EXPRIMER !
Seule la rue peut les obliger à écouter la base qui gronde...nombreux sont ceux qui n' ont pas renoncé à une 3 ème République et surtout, nombreux sont ceux qui, comme moi, sont en faveur du droit de décider directement et par nous-mêmes d' une telle question.