Bonjour les amis,
Hier je vous faisais part (pratiquement en temps réel et de manière instantanée) de la vive émotion provoquée par ma découverte très tardive d'Allain Leprest.
C'est sur ce lien-ci.
http://alea-jacta-est-ex-posteur.over-blog.com/2024/09/le-temps-de-finir-la-bouteille.html
Aujourd'hui je reviens vers vous pour vous présenter IL PLEUT SUR LA MER, un autre texte absolument bouleversant de ce poète du Nord...
Il pleut sur la mer
Il pleut sur la mer et ça sert à rien
Qu’à noyer debout le gardien du phare
Le phare, y a beau temps qu’il a plus d’gardien
Tout est électrique, il peut bien pleuvoir
Aujourd’hui dimanche
Sur la Manche
Il pleut sur la mer, c’est bien inutile
Ça mouille la pluie, c’est du temps perdu
Les mouettes s’ennuient, blotties sous les tuiles
Il tombe des cordes et l’eau s’est pendue
Aux plus hautes branches
De la Manche
Il pleut sur la mer et ça sert à rien
A rien et à rien, mais quoi sert à quoi ?
Les cieux, c’est leur droit d’avoir du chagrin
Des nuages indiens vident leur carquois
C’est l’été comanche
Sur la Manche
Il pleut sur la mer, l’eau, quelle imbécile !
A croire que la mer se pisse dessus
Saborde ses ports, ses cargos, ses îles
T’as l’air d’un moineau sous mon pardessus
D’une corneille blanche
Sur la Manche
Il pleut sur la mer et ça nous ressemble
De l’eau dans de l’eau, c’est nous tout crachés
Et nos yeux fondus au cœur de septembre
Regardent rouler des larmes gâchées
Curieuse avalanche
Sur la Manche
Il pleut sur la mer, c’est con comme la pluie
Peut-être c’est nous qui sommes à l’envers
L’amour a des nœuds plein sa mise en plis
Ça nous fait marrer, il pleut sur la mer
Aujourd’hui dimanche
Sur la Manche
Cécile Prévost-Thomas s'est entretenue avec Antoine Sénanque sur les liens de chansons, de lettres et d'amitié qu'il entretenait avec l'auteur-interprète Allain Leprest qu'il considère comme “le plus grand poète de ces dernières années”.
Extrait de cette interview avec une des réponses de Sénanque:
" - Oui, les textes m’ont le plus touché, mais aussi la voix, sa manière d’exprimer ses textes, l’espèce d’adéquation entre cette voix rocailleuse, fêlée et la rocaille et la fêlure qu’il y avait aussi dans ses textes, une espèce d’harmonie totale, ce type de force à laquelle je suis très sensible, qui est quand même la force du désespoir, de l’abîme. Ce sont des choses qui font résonance en moi : c’est avant tout par les textes et la force des textes que j’ai accroché avec Allain Leprest, c’est certain !..."
Voici sur ce lien-ci l'interview complète.
https://journals.openedition.org/fixxion/5573?lang=en
PS: Un peu en marge du poème d'aujourd'hui.
il existe en Espagne une expression qu'on entend fréquemment et dont je ne connais pas l'équivalent français. Il s'agit de "LLUEVE SOBRE MOJADO" qui, traduit mot à mot, donnerait " il pleut sur un sol déjà mouillé"
C'est une expression employée quand une situation est déjà compliquée par elle-même et que les circonstances actuelles viennent en rajouter une couche...comme une averse sur un terrain déjà saturé et inondé...
Par exemple on peut utiliser cette expression pour parler de l'Ukraine déjà victime du désastre écologique de Tchernobyl qui subit maintenant les désastres écologiques de la guerre.
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