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1 mars 2024 5 01 /03 /mars /2024 11:02

Bonjour les amis,

Aujourd'hui auront lieu les funérailles d'Alexeï Navalny dont la raison de la mort à 47 ans n'est toujours pas éclaircie et dont l'état de santé fragile avant son décès était directement imputable aux mauvais traitements qu'il avait subis et implique donc très directement et très personnellement  Vladimir Vladimirovitch Poutine.

La répression qui avait frappé Navalny fait suite à celles qu'ont subies Anna Politkosvsakaïa (assassinée sur contrat en 2006) Boris Nemtsov (criblé de balles aux abords du Kremlin en 2015), et Vladimir Kara-Mourza (qui purge une peine de 25 ans de réclusion).

Anna Politkosvsakaïa était au moment de son assassinat  en 2006 la 21 ème journaliste assassinée depuis l'élection de Poutine en 2000.

Pour ceux qui ont oublié qui était Boris Nemtsov il existe un livre intitulé LE RAPPORT NEMTSOV: POUTINE ET LA GUERRE qui a été publié en 2016.

 

Nouveau chantage nucléaire lamentable, honteux et inefficace de Poutine...

Voici la présentation de l'éditeur:

Boris Nemtsov, l’un des principaux opposants russes, qu’on voyait en tête de toutes les manifestations de l’opposition, préparait un rapport sur «Poutine et la guerre» dans lequel il entendait montrer comment et pourquoi l’agression russe contre l’Ukraine avait été décidée. Pour ce faire, il avait commencé à rassembler des informations, convaincu qu’en Russie, à part Vladimir Poutine, personne n’avait besoin de cette guerre qui lui aura permis de faire remonter sa cote de popularité de 44 à 89 %. Boris Nemtsov n’a pas eu le temps d’achever son réquisitoire. Il a été abattu par des tueurs le 27 février 2015, sous les murs du Kremlin, sans qu’à ce jour la justice russe n’ait réussi à identifier un quelconque commanditaire. Ce Rapport est donc basé sur les informations qu’il avait réunies et sélectionnées. Ses notes manuscrites, les documents rassemblés par lui ont tous été utilisés pour la rédaction finale, qui reste une des rares tentatives de contrer la version du pouvoir, car en Russie, on le sait depuis Anna Politkovskâia, le courage politique se paie au prix fort. Composé de onze chapitres, le Rapport analyse les circonstances et la préparation programmée de l’annexion de la Crimée par les fameux «petits hommes verts», suivie d’un soi-disant référendum, et s’intéresse à la présence patente des services secrets et des militaires russes dans les «républiques» autoproclamées de Donetsk et de Lougansk. Le Rapport démonte patiemment la propagande officielle, relayée par les médias aux ordres. Pour les auteurs du Rapport Nemtsov, il est clair que la Russie, en plein revival stalinien comme le soulignait par ailleurs Svetlana Alexievitch, mène une vraie guerre contre l’Ukraine coupable de vouloir devenir un pays démocratique indépendant. II reste que le coût de cette politique aventuriste, malgré la popularité record de Poutine, risque d’être très lourd alors que les sanctions américaines et européennes conjuguées avec la chute des revenus pétroliers enfoncent chaque jour un peu plus la Russie dans une crise économique sans précédent.

La Cour européenne des droits de l'homme a estimé en 2023 que la Russie n'a pas mené une enquête adéquate et effective pour trouver les commanditaires du meurtre de l'opposant au Kremlin.

Mais revenons à Poutine, auteur de 5 guerres, qui apparaît de manière flagrante comme le président russe qui base son action politique sur LA GUERRE PERMANENTE, selon le titre du livre de Marie Mendras qui vient de paraître.

Dans son récent discours annuel à la nation Poutine a répondu aux propos de Macron qui disait que l'envoi de troupes en Ukraine était une hypothèse qui ne devait pas être écartée, en disant.

«Les conséquences de ces interventions seraient vraiment plus tragiques, Ils doivent comprendre que nous aussi avons des armes capables d’atteindre des cibles sur leur territoire. Tout ce qu’ils inventent en ce moment, en plus d’effrayer le monde entier, est une menace réelle de conflit avec utilisation de l’arme nucléaire et donc de destruction de la civilisation.»

Avec une telle réponse on comprend parfaitement pourquoi Poutine n'a pas d'autres choix que d'éliminer ses opposants qui le mettraient en face de ses mensonges criminels. Pour que la propagande soit entendue en Russie il faut absolument que le pouvoir muselle toute forme de liberté d'expression.

Macron parlait d'envoyer des troupes en Ukraine, pays sauvagement agressé par la Russie en violation flagrante du droit international, et non pas d'attaques sur la Russie, et il parlait encore moins d'usage d'armes nucléaires.

Encore une fois, Poutine s'enfonce dans une stratégie de terreur et de chantage à l'arme nucléaire en oubliant toutefois que l'histoire nous a appris depuis Hitler, à nous les occidentaux, que céder au chantage n'a jamais écarté le danger.

Puisque je parle d'Hitler je note dans les réactions des groupes politiques européens au récent discours de Poutine des attitudes en tous points comparables à celles des collabos pseudo-pacifistes durant la 2 ème guerre mondiale (collabos situés tant à l'extrême-gauche qu'à l'extrême-droite...et oui, l'histoire bégaie et tente de se répéter...sans succès...).

La seule chose qui ressort de ce discours honteux du président russe, un discours de chien enragé qui aboit, c'est qu'il ne faut surtout pas céder à la peur et nous prémunir de manière efficace contre ce tyran sanguinaire dont la longue liste des opposants éliminés témoigne de sa profonde et froide criminalité.

Les occidentaux n'utiliseraient jamais au grand jamais la bombe atomique et Poutine le sait parfaitement. On ne lui donnera jamais le pretexte de faire usage de son arsenal nucléaire. Donc son chantage c'est du bluff, c'est du flan...tout simplement...c'est le bluff d'un dirigeant criminel qui joue sa propre peau, qui ne s'est pas laissé d'autres options que d'avancer vers l'horreur qu'il a sciemment provoqué jusqu'au jour où ses propres concitoyens se débarrasseront de lui ou de ses héritiers. Mais ça c'est l'affaire des russkoffs.

Les occidentaux eux doivent se protéger, rester fermes sur les sanctions économiques et donner aux ukrainiens les moyens de résister à la peste poutinienne qui s'est abattue sur eux.

Donc, personnellement je n'ai pas les moyens de juger de la pertinence militaire d'un envoi de troupes en Ukraine, mais ça me paraitrait de toutes façons plus cohérent que d'inciter les ukrainiens à résister sans leur en donner les vrais moyens. Ceux qui brandissent le danger d'une escalade me font tristement sourire. On joue sur les mots: la 3 ème guerre mondiale on y est déjà de manière larvée...Le truc c'est donc de stopper net celui qui l'a déclenchée. Aider l'Ukraine c'est stopper net ce début de 3 ème guerre mondiale qu'on tente de nier.

PS: Suite à la publication de ce billet un ami m'a envoyé un article du COUNTERPUNCH que voici. 

Il y a dans cet article un certain nombre d'éléments qui n'apparaissent pas dans les grands médias habituels et qui devraient nous faire réfléchir sur la manière avec laquelle nous devrions aborder la suite de ce conflit.

Sans être forcément d'accord avec le point de vue des auteurs, ils soulèvent des points qui me paraissent essentiels.

Quel est l'objectif des Etats-Unis et de l'Union Européenne ? Sommes-nous cohérents ?

J'avoue que je suis en plein doute...

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commentaires

C
Intéressant billet de Larry Johnson :<br /> <br /> Quand Poutine parle, l'Occident ferait mieux d'écouter<br /> <br /> Si vous avez moins de 55 ans, vous n'avez probablement jamais entendu parler d'EF Hutton. Cette société de courtage s'est fait un nom grâce à une série de publicités dont le slogan était : "Quand EF Hutton parle, les gens écoutent". <br /> <br /> Il convient donc de prêter une attention particulière à l'avertissement lancé par Poutine à l'Occident lors de son discours annuel sur "l'état de la Russie".<br /> <br /> Poutine a fait remarquer que, tout en accusant la Russie de vouloir attaquer les alliés de l'OTAN en Europe, les alliés occidentaux "sélectionnaient des cibles pour frapper notre territoire" et "évoquaient la possibilité d'envoyer un contingent de l'OTAN en Ukraine".<br /> <br /> "Nous nous souvenons du sort de ceux qui ont envoyé leurs contingents sur le territoire de notre pays", a déclaré le dirigeant russe dans une allusion apparente aux invasions ratées de Napoléon et d'Hitler. "Aujourd'hui, les conséquences pour les envahisseurs potentiels seront bien plus tragiques.<br /> <br /> Dans un discours de deux heures prononcé devant un parterre de législateurs et de hauts fonctionnaires, M. Poutine a qualifié les dirigeants occidentaux d'imprudents et d'irresponsables et a déclaré que l'Occident devait garder à l'esprit que "nous disposons également d'armes capables de frapper des cibles sur leur territoire, et ce qu'ils suggèrent aujourd'hui et ce qui effraie le monde, tout cela fait planer la menace réelle d'un conflit nucléaire qui signifierait la destruction de notre civilisation".<br /> <br /> Les remarques de Poutine n'étaient pas "spontanées". Il s'agissait d'un message soigneusement rédigé à l'intention de M. Biden et des dirigeants de l'OTAN, dans le sillage du discours incroyablement maladroit du président français Emmanuel Macron en début de semaine :<br /> <br /> Le président français Emmanuel Macron a déclaré lundi que l'envoi de troupes occidentales sur le terrain en Ukraine n'était pas "exclu" à l'avenir, après que la question a été débattue lors d'un rassemblement de dirigeants européens à Paris, alors que l'invasion à grande échelle de la Russie entre dans sa troisième année.<br /> <br /> Le dirigeant français a déclaré que "nous ferons tout ce qu'il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner la guerre" après la réunion de plus de 20 chefs d'État et de gouvernement européens et d'autres responsables occidentaux.<br /> <br /> "Il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière officielle des troupes sur le terrain. Mais en termes de dynamique, rien n'est à exclure", a déclaré M. Macron lors d'une conférence de presse au palais présidentiel de l'Élysée.<br /> <br /> Macron n'est pas le seul dirigeant européen à parler à tort et à travers. Olaf Scholz a fait sa part pour semer davantage de désunion au sein de l'OTAN. Tout en rejetant fermement l'affirmation de Macron selon laquelle l'Europe déploierait des troupes en Ukraine, il a jeté le Royaume-Uni et la France sous le boisseau :<br /> <br /> S'adressant à des journalistes à Berlin en début de semaine, Scholz a justifié son refus persistant d'envoyer les missiles de croisière à longue portée Taurus de l'Allemagne en Ukraine en disant que cela pourrait nécessiter la présence de troupes allemandes en Ukraine pour les programmer.<br /> <br /> Selon Scholz, cela ferait de l'Allemagne un participant actif au conflit.<br /> <br /> "Il s'agit d'une arme de très grande portée", a déclaré M. Scholz à propos du Taurus. "Et ce que les Britanniques et les Français font en termes de contrôle des cibles et de soutien au contrôle des cibles ne peut pas être fait en Allemagne.<br /> <br /> Outre l'avertissement clair de Poutine à l'alliance de l'OTAN qu'elle joue avec un feu nucléaire potentiel, les services de renseignement russes ont divulgué une conversation stupéfiante entre des officiers militaires allemands qui discutaient de plans d'attaque contre la Russie. Selon la transcription, une conversation a eu lieu le 19 février 2024 entre Grafe (chef du département des opérations et des exercices du commandement des forces aériennes de la Bundeswehr), Gerhartz (inspecteur des forces aériennes de la Bundeswehr), Fenske et Frohstedte (employés du commandement des opérations aériennes au sein du centre d'opérations spatiales de la Bundeswehr). Une discussion détaillée a eu lieu sur l'utilisation de missiles allemands pour attaquer des cibles en Russie, telles que le pont de Kertch en Crimée. Vous pouvez lire la transcription complète ici.<br /> <br /> Il ne s'agit pas d'une fuite accidentelle. Elle visait à faire savoir à l'Occident que la Russie est parfaitement au courant de ce que se disent les responsables de l'OTAN dans l'ensemble de l'alliance et qu'elle est consciente des projets d'attaque contre des cibles russes. Cette fuite, associée aux remarques de Poutine la veille, constitue un avertissement sans équivoque pour l'Occident : il s'approche d'une ligne rouge qui, si elle est franchie, nécessitera une réponse forte de la part de la Russie. Cette réponse pourrait inclure la destruction des bases de l'OTAN utilisées pour lancer des attaques contre la Russie. Poutine ne raconte pas de conneries. Il est sérieux et la gravité de la situation est soulignée par le feu vert qu'il a donné à la divulgation aux médias des conversations interceptées des officiers de l'OTAN. L'Occident ferait bien d'être très attentif.
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A
Merci pour ce point de vue Caius.<br /> J'apprends par ailleurs que des attaques russes contre des objectifs situés dans des territoires de l'alliance (scénario que j'ai qualifié de peu vraisemblable) était un risque qu'il faut sérieusement évaluer...<br /> https://www.7sur7.be/monde/poutine-est-assez-fort-pour-attaquer-l-otan-comment-pourrait-proceder-le-president-russe~a99e8a69/?referrer=https%3A%2F%2Fwww.google.com%2F<br /> "Manque de détermination<br /> La Russie n’a donc pas besoin d’être sur un pied d’égalité militaire avec l’OTAN pour envisager ce scénario. Elle peut l’emporter en raison du manque de détermination de l’Occident, de ses divisions et de ses discussions interminables sur les risques et les coûts.<br /> <br /> “C’est la leçon tirée de l’Ukraine”, poursuit Fabian Hoffmann. “La Russie n’a même pas besoin d’attendre d’être réarmée. Les scénarios selon lesquels l’Occident dispose de cinq à dix ans supplémentaires pour se préparer à une attaque russe me semblent beaucoup trop optimistes. Au mieux, il nous reste deux à trois ans pour mettre en place une force de dissuasion crédible.”<br /> <br /> Une dissuasion qui n'interviendra pas si davantage de troupes de l’OTAN sont envoyées en Europe de l’Est. L’important est de convaincre Poutine que la route lui sera barrée. Que l’Occident ne s’effacera pas pour éviter une escalade."
R
Aujourd'hui, un signe positif : des milliers de Russes aux funérailles de Navalny et des Russes qui s' expriment : "On en a assez d'avoir peur..."<br /> <br /> <br /> https://www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-2/20-heures/jt-de-20h-du-vendredi-1-mars-2024_6357103.html
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C
Cet article met également en lumière les "ambiguïtés stratégiques", comme dirait Macron, de Navalny et de son équipe quant à la guerre : Navalny avait clairement énoncé qu'il n'était pas question pour lui de céder la Crimée à l’Ukraine et je gage qu'il en aurait été de même pour les oblasts annexés
A
Merci Caius pour cet article qui permet de se faire une idée globale de l'état de désunion et d'impuissance de l'opposition, qu'elle soit exilée ou pas...
C
"Les compagnons d’armes d’Alexeï Navalny ne se sont pas déplacés à Bruxelles. Mikhaïl Khodorkovski, qui a participé à la réunion, a même émis l’hypothèse que l’équipe de Navalny « ne souhaitait pas partager leur leadership de l’opposition » et qu’elle « était en train de construire un parti révolutionnaire dans un style bolchévique » plutôt qu’une « large coalition populaire ».<br /> <br /> En avril, les partisans de Navalny avaient également refusé de signer la déclaration dite de Berlin. Dans cette déclaration, soixante-huit représentants de l’opposition (Mikhaïl Khodorkovski, Evgueni Tchitchvarkine, Leonid Gozman, Lev Ponomarev, Garry Kasparov, Ioulia Latynina entre autres) avaient qualifié la guerre que les Russes mènent en Ukraine de criminelle et le pouvoir de Vladimir Poutine d’« illégitime » et de régime « à éliminer »."<br /> <br /> https://desk-russie.eu/2023/06/25/une-union-de-lopposition-russe-est-elle-possible.html
A
Merci pour ces images. Ils sont très courageux ces manifestants qui savent qu'ils sont tous filmés, identifiés...Puisse la mort de Navalny provoquer ce déclic dont le pays a tant besoin.
R
Cette guerre est aussi une guerre des informations : difficile de démêler le vrai du faux...et face à ces différentes infos, on est un peu perdu... La guerre sert les intérêts des vendeurs d'armes... qui vend des armes ? De nombreux pays, en fait...<br /> <br /> <br /> Belle soirée, AJE
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A
J'ai des doutes mais je ne retirerais pas un mot de mon billet car il est écrit sur la base de convictions que je me suis forgé à travers mes diverses lectures d'articles et de livres.<br /> Mais j'ai par honnêteté ajouté dans mon post-scriptum l'article du Counterpunch que mon ami m'a envoyé.<br /> Les doutes sont non pas sur la nature profondément maléfique des maîtres du Kremlin mais sur la manière de s'y prendre de l'occident et sur notre efficacité.<br /> Je salue au passage la franchise de Macron qui a osé briser le tabou sur l'éventualité d'un envoi de troupes. Cette question, je me l'étais posée dès le début des hostilités en 2022. C'était probablement l'option militairement la plus intelligente mais nous avions une opinion totalement incapable de l'accepter. 2 ans plus tard et des dizaines de milliers de morts plus tard certains commencent à se rendre compte qu'il faudrait peut-être en passer par là.<br /> Si notre aide est insuffisante pour permettre aux ukrainiens de reconquérir leurs espaces volés il faut avoir le courage de le dire et aussi de nous expliquer quel est le but réel de notre aide. <br /> Ce qu'il faut éviter c'est l'impunité de Poutine car ça nous plongerait dans un monde très dangereux, un monde livré à la loi du plus fort où tous les coups sont permis. Je ne sais pas quelle est la meilleure option militaire mais la victoire de la Russie sur la partie qu'elle a décidé d'occuper doit impérativement être une victoire à la Pyrrhus, une victoire qui finit par coûter plus cher qu'une défaite, une victoire qui foit se transformer en cauchemar pour Poutine.<br /> Bonne fin de soirée l'amie
C
Il y a déjà des troupes de l'OTAN en Ukraine et l'on peut considérer que pour l'instant la Russie s'est montrée relativement patiente :<br /> <br /> L'OTAN DOIT RETIRER SES SOLDATS D'UKRAINE<br /> Poutine met en garde contre les armes nucléaires<br /> Par Stephen Bryen<br /> <br /> Si l'OTAN est tellement opposée à l'envoi de troupes en Ukraine, pourquoi n'exige-t-elle pas que les soldats déjà sur place soient ramenés chez eux ?<br /> <br /> Le lundi 26 février, le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré que l'Allemagne ne fournirait pas ses missiles de croisière à longue portée Taurus à l'Ukraine, car cela nécessiterait l'envoi de troupes allemandes sur place pour les faire fonctionner, tout comme les Britanniques opèrent les missiles de croisière aériens Storm Shadow.<br /> <br /> Les Britanniques ont crié au scandale et accusé Scholz d'"abus flagrant du renseignement", ce qui signifie que Scholz a confirmé ce que tout le monde sait déjà, à savoir que des officiers et du personnel formé par l'OTAN se trouvent en Ukraine et servent des armes telles que les systèmes de défense aérienne Patriot et NASAM, le système de roquettes à lancement multiple HIMARS, le missile de croisière franco-britannique Storm Shadow (SCALP-EG en France), ainsi que de nombreuses autres armes complexes fournies à l'Ukraine.<br /> <br /> Le nombre réel de personnels des pays de l'OTAN en Ukraine n'est pas connu, mais il ne fait aucun doute qu'ils sont présents en grand nombre et qu'ils viennent des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de la Pologne et d'autres pays. Lorsque ces "volontaires" sont blessés ou tués, ce qui leur est arrivé est dissimulé et leur rôle est souvent présenté comme médical ou humanitaire. Plus récemment, le statut de combattant a été reconnu, du moins aux États-Unis.<br /> <br /> Le 29 février, Poutine a prononcé son discours annuel de deux heures sur l'état de la nation. Dans son discours, il a averti que l'envoi de troupes de l'OTAN en Ukraine pourrait entraîner une guerre nucléaire. M. Poutine répondait en partie à la déclaration du président français Macron sur l'envoi de troupes de l'OTAN en Ukraine pour empêcher une victoire de la Russie. Si la déclaration de M. Macron n'a pas eu d'écho parmi les dirigeants européens, le fait que l'envoi de troupes ait été ouvertement discuté lors d'un forum de l'UE a manifestement ravivé les tensions entre l'OTAN et la Russie.<br /> <br /> Depuis un certain temps, l'OTAN intensifie le conflit ukrainien, soi-disant pour aider l'Ukraine à chasser les Russes de son territoire. Cependant, la plupart des faits indiquent que l'OTAN cherche à établir des bases pour ses forces et ses armes en direction de la Russie. Selon le New York Times, les États-Unis disposent déjà de 12 bases de la CIA en Ukraine, à la frontière de la Russie.<br /> <br /> Dans le même temps, l'OTAN a énergiquement encouragé un changement de régime à Moscou. Le magazine Wired vient de révéler que les États-Unis ont développé une technologie spéciale pour suivre les téléphones portables des collaborateurs et collègues de Poutine afin de localiser ce dernier. Ces informations n'auraient qu'une valeur minime si elles n'avaient pas pour but d'assassiner Poutine. Le fait que les États-Unis et l'OTAN, avec l'aide des Ukrainiens, aient été profondément impliqués dans la liquidation de dirigeants russes (ainsi que de commandants militaires) indique sans aucun doute que le changement de régime était encore plus important que la défaite de la Russie sur le champ de bataille. Victoria Nuland a déclaré cette semaine que la Russie de Poutine "n'est pas la Russie que nous voulions".<br /> <br /> Il ne fait guère de doute que Poutine comprend qu'il est la cible d'opérateurs dirigés par l'OTAN. Un certain nombre de tentatives ont été faites pour tuer Poutine. L'une d'entre elles a consisté en une attaque de drone kamikaze contre son bureau au Kremlin. Il est probable, compte tenu des révélations sur la localisation de Poutine, que l'attaque visait à le tuer (avec attribution à l'Ukraine, et non à l'OTAN). Lors d'un autre incident, six ans avant l'opération militaire spéciale en Ukraine, la limousine de Poutine se trouvait sur le périphérique de Moscou où elle a été percutée de plein fouet. Le chauffeur de Poutine a été tué, mais Poutine lui-même n'était pas dans la voiture. Tous les renseignements ne sont pas fiables.<br /> <br /> Alors que la politique intérieure de la Russie est souvent brutale et implique des meurtres, Poutine a pris soin de ne pas s'en prendre aux dirigeants de l'OTAN ni, d'ailleurs, aux dirigeants ukrainiens. Lorsqu'il menait des négociations pour tenter de régler le problème de l'Ukraine, l'ancien Premier ministre israélien Naftali Bennett a parlé à Zelensky, qui craignait que Poutine ne le fasse tuer. Il s'est alors entretenu avec Poutine et ce dernier s'est engagé à ce que Zelensky reste en sécurité et que la Russie ne le touche pas. La promesse à Bennett sur la protection de Zelensky semble avoir été respectée jusqu'à présent.<br /> <br /> Les agences de renseignement occidentales, les groupes de réflexion et l'Ukraine elle-même signalent que la situation ukrainienne est très mauvaise et que l'Ukraine pourrait, au cours des trois prochains mois, être confrontée à une défaite. Cette situation a alarmé les Européens, et c'est la véritable raison pour laquelle Macron a contribué à organiser une réunion d'urgence de l'UE à Paris. Lors de cette réunion, les Européens se sont apparemment engagés à fournir des armes de longue portée à Kiev, mais les Allemands n'étaient pas d'accord en ce qui concerne le missile Taurus. On peut raisonnablement penser que les Allemands craignent la réaction de la Russie, voire que la Russie a explicitement averti le gouvernement allemand qu'il s'engageait dans une zone dangereuse, sans aucune issue favorable.<br /> <br /> La politique de l'OTAN devrait être réévaluée de toute urgence. Si l'OTAN s'oppose effectivement à l'envoi de troupes en Ukraine, elle n'a plus la possibilité de nier de manière plausible l'existence des troupes déjà sur le terrain en Ukraine. Les Britanniques ont raison de dire que Scholz a vendu la mèche en déclarant que des troupes britanniques servaient les missiles Storm Shadow en Ukraine. Ce qui était caché dans les canaux de renseignement est maintenant révélé au grand jour.<br /> <br /> L'inquiétude des Russes face à ces déploiements et aux armes envoyées en Ukraine, dont certaines ne visent que des villes russes, ne cesse de croître. Le fait que Poutine rappelle que la Russie possède des armes nucléaires, qu'il prévienne que l'OTAN se prépare à attaquer la Russie et qu'il déclare que la Russie est prête à utiliser des armes nucléaires indique que l'acceptabilité politique des menaces de l'OTAN à l'égard de la Russie a franchi une ligne rouge critique.<br /> <br /> Des documents secrets de planification russes datant de 2008 à 2014 révèlent que la planification russe inclut un seuil bas pour l'utilisation d'armes nucléaires tactiques. Ces documents, qui traitent d'une attaque de la Chine, suggèrent que la Russie est prête à recourir aux armes nucléaires dès le début d'un tel conflit. La manière dont cela pourrait s'appliquer à l'Ukraine n'est que pure spéculation, mais plus l'OTAN augmente la menace pesant sur le territoire russe, voire planifie des provocations et une invasion, c'est un sujet qui préoccupe manifestement les dirigeants russes.<br /> <br /> L'OTAN elle-même n'est nullement préparée à une guerre avec la Russie. Son état est bien pire aujourd'hui qu'avant la guerre en Ukraine, car l'OTAN a expédié des armes vitales à l'Ukraine, se privant ainsi de moyens de défense essentiels tels que des munitions, des blindés et des missiles. Pire encore, les dirigeants et anciens dirigeants de l'OTAN (comme Boris Johnson) continuent à provoquer les Russes, faisant monter la tension d'un cran. L'OTAN ne peut pas se défendre contre une attaque conventionnelle, et certainement pas contre des armes nucléaires dites tactiques
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A
Merci Caius pour cet article qui contient de nombreux éléments dont il faut prendre bonne note. <br /> La comparaison de Zelensky avec Mussolini sauvé par Hitler ne me paraît que moyennement judicieuse dans la mesure où l'objectif premier de Poutine (main-mise sur l'ensemble de l'Ukraine) ne sera d'ores et déjà jamais atteint. Je sais que vous allez me répondre que ce n'était pas son vrai objectif mais je n'y crois pas. Poutine éxécute son plan B ou C qui en lui-même risque de représenter un très grave échec pour les occidentaux qui n'ont été capables de lire les intentions des maîtres du Kremlin que bien tardivement. Plus que jamais la grande question à l'ordre du jour qui n'est pas vraiment débattue publiquement serait: en quoi consiste notre aide et quel est notre objectif maintenant? Notre aide est-elle encore crédible?<br /> Ce qui est clair c'est que nous arrivons probablement à la croisée des chemins. Et en attendant l''Europe se réarme à outrance.<br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=__KD8uaQ3k4<br /> <br /> L'Europe se réarme à outrance et le grand responsable c'est très clairement Vladimir Vladimirovitch Poutine. Un autre monde était possible et Poutine a provoqué par son attaque sur l'Ukraine au moins 30 ans de malheur pour notre planète qui se réarme...Quant à l'Otan elle sort extrêmement renforcée. Poutine peut s'accrocher une médaille: celle de l'avoir ressuscitée...
C
Pour en revenir à Macron, voici l'analyse de Stephen Bryen<br /> <br /> "Les États-Unis ont lancé un certain nombre de ballons d'essai et encouragé Emmanuel Macron à proposer l'idée d'envoyer des troupes de l'OTAN en Ukraine pour sauver les Ukrainiens des Russes. Ce genre de chose n'aurait pas été discuté dans les cercles officiels avant l'échec de la contre-offensive ukrainienne et l'effondrement de la défense d'Avdiivka. Aujourd'hui, il est évident que la Russie a accéléré le rythme de ses opérations et qu'elle prend des pans entiers du territoire tenu par l'armée ukrainienne. Il est également clair que l'Ukraine a d'importants problèmes d'effectifs et que sa tentative d'utiliser la force pour rassembler les recrues potentielles provoque des troubles dans le pays, y compris dans les grandes villes telles qu'Odessa, Kharkov et Kiev.<br /> <br /> Le problème pour Washington est l'absence de soutien politique pour toute opération militaire de l'OTAN en Ukraine. Les révélations, notamment dans la presse européenne, y compris un enregistrement d'officiers militaires allemands discutant de la manière dont ils pourraient faire sauter le pont massif du détroit de Kertch avec des missiles Taurus, et de la manière dont ils prévoyaient de dissimuler l'opération, sapent la crédibilité du gouvernement allemand, déjà fortement érodée à l'intérieur du pays. Un sondage français "instantané" a montré que deux tiers des personnes interrogées étaient opposées à l'envoi de troupes en Ukraine.<br /> <br /> Lloyd Austin, le secrétaire américain à la défense, qui sort d'une grave opération de la prostate, témoignera au Capitole, affirmant que si la Russie "gagne" en Ukraine, elle attaquera bientôt le territoire de l'OTAN, suggérant que les premières attaques pourraient être dirigées contre les États baltes.<br /> <br /> Austin sait qu'il n'y a aucune preuve à l'appui de son argumentation. Le même type d'affirmations, émanant également de dirigeants européens, est basé sur des suppositions gratuites et des affirmations sans fondement. À l'occasion de son discours sur l'état de la nation à Moscou, le président russe, M. Poutine, a affirmé avec force que la Russie n'avait pas l'intention d'attaquer l'Europe.<br /> <br /> Austin et le Pentagone sont confrontés à un dilemme. En l'absence d'une provocation d'envergure justifiant une intervention de l'OTAN (un autre opération façon golfe du Tonkin qui était un casus belli fabriqué de toute pièce), que peuvent faire les États-Unis pour sauver l'Ukraine ? Comment pourraient-ils faire passer une intervention à laquelle la majorité des Européens et des Américains ne s'opposeraient pas ?"<br /> <br /> L'article complet ici :<br /> <br /> https://weapons.substack.com/p/was-mussolinis-rescue-operation-a
A
Merci pour l'article du Responsible statecraft et pour vos précisions Caius.<br /> J'avoue que tous ces éléments rassemblés me plongent dans une grande perplexité ( euphémisme).<br /> La stratégie occidentale ne m'apparaît plus très lisible...<br />
C
Pardon pour cette fausse manoeuvre sur mon clavier, je reprends.<br /> <br /> Pour ce qui concerne l'article de Stephen Bryen, je crois qu'il se trompe en interprétant l'attaque par drones contre le Kremlin comme visant Vladimir Poutine. Cette opération visait, à mon avis, avant tout à détruire le mat ou le drapeau russe flottait au sommet de la coupole du Palais du Sénat (échec donc). Pour ce qui concerne l'accident de sa voiture je ne me prononce pas et a certainement raison quand il affirme que les occidentaux tentent de géolocaliser Poutine.
C
Merci pour votre article, selon l'édition de ce jour de Responsible statecraft :<br /> <br /> "L'Ukraine envisagerait d'inviter des représentants russes à un sommet sur la paix pour discuter de la proposition de Kiev en vue d'une fin négociée de la guerre, selon Andriy Yermak, chef de cabinet du président ukrainien.<br /> <br /> "Il est possible que nous invitions ensemble des représentants de la Fédération de Russie et que nous leur présentions le plan au cas où celui qui représente le pays agresseur à ce moment-là voudrait vraiment mettre fin à cette guerre et revenir à une paix juste", a déclaré M. Yermak au cours du week-end, précisant qu'une nouvelle série de négociations sans la Russie se tiendrait d'abord en Suisse.<br /> <br /> Ce commentaire représente un changement subtil dans le message ukrainien sur les pourparlers. Kiev a longtemps affirmé qu'elle ne négocierait jamais avec le président russe Vladimir Poutine, alors que rien ne permet de penser que ce dernier quittera bientôt le pouvoir. Cette prise de conscience, ainsi que la position de plus en plus périlleuse de l'Ukraine sur le champ de bataille, ont peut-être contribué à forcer Kiev à reconsidérer sa position intransigeante à l'égard des pourparlers avec le dirigeant russe, largement décrié."<br /> <br /> (...)<br /> <br /> "Le revirement de l'Ukraine montre à quel point la situation devient désastreuse pour ses forces armées, qui ont récemment battu en retraite précipitée d'Avdiivka, une ville petite mais stratégiquement importante située près de Donetsk. Après des mois de querelles, le Congrès américain n'a toujours pas approuvé l'octroi d'une nouvelle aide militaire à l'Ukraine, et Kiev affirme maintenant que ses troupes doivent rationner les munitions à mesure que leurs stocks s'amenuisent."<br /> <br /> https://responsiblestatecraft.org/ukraine-russia-peace-talks/<br /> <br /> Pour ce qui concerne l'article de stephne Bryen, je crois qu'il se trompe en interprètant l'attaque par drones contre le Kremlin comme visant Vladimir Poutine. Cette opération visait, à mon avis, avant tout à détruire le mat ou le drapeu russe flotta
A
Caius je vous envoie un article qui va dans votre sens et que m'a envoyé mon ex-collègue prof d'anglais.<br /> Un article qui va complètement dans le sens opposé de ce que j'ai écrit et qui mérite d'être lu attentivement...je le reconnais.<br /> <br /> https://www.counterpunch.org/2024/02/23/after-two-years-of-war-in-ukraine-its-time-for-peace/<br /> <br /> Preuve que le débat n'est pas assez complet chez nous en Europe. J'apprends dans cet article qu'il y a eu de récentes propositions de négociations qui ont été rejetées par les américains.<br /> "Le président Biden a rejeté les appels de ses conseillers militaires en faveur d’une diplomatie renouvelée, et l’offensive ratée de l’Ukraine en 2023 a gâché sa chance de négocier en position de force, sacrifiant bien plus de vies pour la laisser plus faible qu’auparavant.<br /> <br /> Le 13 février 2024, le bureau de Reuters à Moscou a révélé que les États-Unis avaient récemment rejeté une nouvelle proposition russe visant à rouvrir les négociations de paix. Plusieurs sources russes impliquées dans l’initiative ont déclaré à Reuters que la Russie proposait des pourparlers directs avec les États-Unis pour appeler à un cessez-le-feu le long des lignes de front actuelles de la guerre.<br /> <br /> Après que les États-Unis aient opposé leur veto à l’accord de paix conclu entre la Russie et l’Ukraine en mars 2022, la Russie a cette fois-ci contacté directement les États-Unis avant d’impliquer l’Ukraine. Il y a eu une réunion d'intermédiaires en Turquie et une réunion entre le secrétaire d'État Blinken, le directeur de la CIA Burns et le conseiller à la sécurité nationale Sullivan à Washington, mais le résultat a été un message de Sullivan indiquant que les États-Unis étaient prêts à discuter d'autres aspects du conflit américano-russe. relations, mais pas la paix en Ukraine."<br />
A
Merci pour ce lien Caius. Je n'aime pas les situations hypocrites. Si on est engagés disons-le car on a des motifs pour le faire.<br /> Je note pour l'instant qu'il ne s'agirait pas d'envois de troupes de l'otan mais de militaires-experts nécessaires pour faire fonctionner le matos.<br /> Poutine a avancé ses pions en Ukraine, tente de se faire passer pour une victime alors que c'est très nettement lui l'agresseur. Son discours ne peut passer que devant ses concitoyens baillonnés par sa censure.<br /> Quant à la supposée fragilité ou vulnérabilité de l'OTAN il faudrait imaginer une autre folie, que Poutine s'attaque à des pays membres de l'alliance...dans ce cas Caius, plus personne n'est maître de rien, et encore moins Poutine...ça paraît un scénario délirant. Poutine est criminel certes, mais intelligent...c'est pas Docteur Folamour.<br /> Quant aux supposées tentatives d'assassinat de Poutine téléguidées par l'Otan ça me paraît encore une fois invraisemblable car celui qui le remplacerait serait probablement pire que lui...aucun intérêt donc. Par ailleurs, les victimes d'assassinats commandités se comptent parmi les opposants de Poutine. C'est toujours du même côté que se produisent les éliminations violentes...aucun hasard là-dedans car le nombre d'éliminations est bien trop important...<br /> Bonne journée Caius