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14 février 2024 3 14 /02 /février /2024 10:02

Bonjour les amis,

Il y a des infos qui sont tellement surréalistes qu'on est obligé de se pincer deux fois pour être bien sûr qu'on n'a pas été victime d'une hallucination en les lisant.

En voici une qui n'est pas piquée des vers.

Voici ce qu'a répondu Kaja Kallas dans un communiqué:

"La Russie peut croire que l'émission d'un mandat d'arrêt fictif fera taire l'Estonie. Je refuse d'être réduite au silence : je continuerai à soutenir ouvertement l'Ukraine et à plaider en faveur du renforcement des défenses européennes".

La dirigeante a également accusé Moscou d'avoir caché, tout au long de l'histoire, ses actions répressives sous couvert de « maintien de l'ordre ». "Cela me semble très familier : ma grand-mère et ma mère ont été déportées en Sibérie, et (à l'époque) c'est le KGB qui a émis de faux mandats d'arrêt", a-t-elle déclaré. "J'ai toujours soutenu que la boîte à outils criminelle du régime russe n'a pas changé. Nous refusons de nous laisser intimider par les tactiques de menaces de la Russie".

Alors ce qui choque terriblement c'est d'abord le manque de précision sur la nature concrète des faits qui sont reprochés à ces dirigeants mais surtout, et après les avoir relus deux fois, on se dit que c'est bien la première fois qu'un Etat s'arroge le "droit" ( mais quel droit??!!) de lancer un avis de recherche contre des représentants élus d'une démocratie souveraine pour ce qui semble surtout être un délit d'opinion (en imaginant que ces représentants vivent en Russie et non pas dans un pays libre).

Nous voilà donc au coeur du vrai problème. Cette liberté affichée par les baltes, qui ne va pas dans le sens d'une glorification du rôle historique de leur voisin et ex-envahisseur, semble être absolument insupportable au maître du Kremlin. Pour lui cette liberté c'est avant tout une menace.

Les faits reprochés à la première ministre balte peuvent justifier tout au plus une rupture des relations diplomatiques entre les deux pays mais rien de plus (notons au passage que ces relations sont réduites au strict minimum avec juste la nomination de chargés d'affaires provisoires).

Rappelons que les baltes ont été victimes de menaces existentielles depuis les années 90 lors de débats houleux à la Douma, débats durant lesquels des nationalistes exaltés et fascisants exigeaient la réincorporation immédiate par la force militaire de ces Etats à la Russie.

Imaginez, chers amis, la consternation et la tête que faisaient les citoyens baltes en entendant de tels débats chez leurs voisins, des voisins qui se disputent dans leur assemblée nationale sur le fait de venir vous réenvahir une 2ème fois.

Permettez-moi une métaphore à 2 balles: c'est un peu comme si j'étais témoin dans mon jardin du fait que mes deux voisins sont en train de se disputer sur le fait de venir me casser (ou pas) la figure.

Dans un tel contexte de menace constante, qui oserait reprocher aux représentants baltes leur adhésion à l'Otan? Sans cette adhésion l'ours russe n'aurait fait qu'une bouchée de ces petits pays.

Ce ne sont pas les ukrainiens qui viennent d'être agressés sauvagement bien que vivant dans un pays bien plus grand que l'Estonie qui diront le contraire.

Je terminerai en répétant des propos que j'avais entendus l'année dernière. Si Poutine avait été un agent de la CIA chargé de renforcer le poids de l'OTAN en Europe il ne s'y serait pas mieux pris.

Face aux agissements de plus en plus menaçants et erratiques du maître du Kremlin, la seule conclusion indiscutable à laquelle arrivent les occidentaux c'est de se dire que, fort heureusement, l'Otan existe encore et nous offre un bouclier crédible pour nous prémunir de cet agité du bocal qu'est Poutine.

L'Otan était dans le coma selon Macron et Poutine l'a ressuscité.

Grâce à l'Otan on peut maintenir une certaine tranquillité prudente en se disant:

" Le chien aboit...la caravane passe..."

Dans le contexte actuel d'agression de la Russie contre l'Ukraine, cette accusation de la police russe ça frise le burlesque, sauf que ce n'est pas drôle...on se dit qu'elle n'a qu'un seul intérêt, un seul objectif: servir les intérêts de la propagande russe au niveau interne et réalimenter les ressentiments et la haine de la population russe contre leurs voisins. 

La politique extérieure profondément criminelle de Poutine a précipité son pays dans une logique de guerre qu'il faut sans cesse justifier et réalimenter grâce à la censure et à la propagande.

PS: Cette accusation est-elle destinée à faire jeu égal et minimiser celle qui pèse sur Poutine qui est sous mandat d'arrêt international par le tribunal de La Haye pour crimes de Guerre ?...parce que si c'est le cas les accusations qui visent Poutine sont infiniment plus graves que celles qui pèsent sur la première ministre estonienne. Tout cela est vraiment pathétique. La Russie est devenue une grosse farce anachronique, une caricature ubuesque et monstrueuse...

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commentaires

L
Moi j'espère juste qu'il n'y aura jamais un autocarate à la maison blanche...
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A
Moi aussi je l'espère même si le danger est bien réel. Toutefois le soutien indéfectible de l'occident aux républiques baltes prémunissent définitivement celles-ci des griffes poutiniennes...
R
Aux dires de certains qui l'ont côtoyé, Vladimir Poutine verserait dans la paranoïa... le problème est que l'OTAN est remis en cause par Donald Trump, et hélas ! Il peut revenir au pouvoir, face à un Joe Biden accusé de sénilité.... que deviendraient alors les pays Baltes ?<br /> <br /> <br /> Belle soirée, AJE
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A
La paranoïa est à Poutine ce que la potion magique est à Obélix. Il est tombé dedans tout petit, comme petit kagébiste bien formaté qu'il a toujours été, et (contrairement aux chinois par exemple) il n'a jamais eu l'intelligence de saisir la grande opportunité historique qui s'ouvrait à son pays d'entrer dans le concert des nations qui ont un grand poids économique. La Russie a un poids militaire et aussi le poids que lui offre la richesse de son sous-sol.<br /> Quant aux pays baltes, et malgré les craintes que tu soulèves, ils bénissent tous les jours les Dieux d'avoir adhéré à l'otan, seule force militaire capable de les préserver de l'appétit expansionniste de Poutine (et de quelques uns de ses predecesseurs). Tout se passe comme si Poutine voulait rejouer une partie perdue lors du démembrement de l'Union soviétique. L'esprit revanchard n'a jamais été un bon guide pour les nations. Pour l'instant la Russie est empêtrée dans un effort militaire contre l'Ukraine qui la maintient dans son tiers-mondisme...Cette situation peut perdurer grâce aux richesses dont dispose ce pays, mais je continue de penser, comme au premier jour du conflit ukrainien, que la chute du poutinisme est inéluctable, mathématiquement inéluctable. Poutine aura été une calamité pour son peuple et un jour celui-ci se retournera violemment contre lui ou contre ses héritiers.<br /> Mais revenons au thème de ce billet. Ça ne t'a pas paru surréaliste cet avis de recherche de la police pour un délit qui n'existe pas vraiment à ma connaissance en matière de droit international, à savoir non-respect de monuments laissés par une puissance qui fut occupante?...C'est bien la première fois de ma vie que je vois un tel avis de recherche...Les russes innovent et réécrivent le droit, à leur sauce...Bien évidemment cet avis de recherche ne mène absolument nulle part et n'existe que pour les besoins de la propagande russe.<br /> Bonne fin de journée l'amie
C
Pour ce qui concerne les charges criminelles retenues contre cette personne, cette dépêche de l'agence Tass donne cette explication :<br /> <br /> "MOSCOU, 13 février /TASS/. /La profanation de la mémoire historique et l'hostilité envers la Russie sont les raisons pour lesquelles le premier ministre estonien Kaja Kallas et un certain nombre d'autres responsables des pays baltes ont été déclarés indésirables, a déclaré le porte-parole du président russe, Dmitri Peskov, lors d'un point de presse.<br /> <br /> "Ces personnes sont responsables de décisions qui équivalent en fait à une profanation de la mémoire historique", a expliqué M. Peskov. Les hommes politiques des pays baltes "prennent également des mesures hostiles à l'égard de la mémoire historique et de notre pays", a-t-il ajouté.<br /> <br /> Auparavant, le premier ministre estonien Kaja Kallas et son secrétaire d'État Taimar Peterkop, ainsi que le ministre lituanien de la culture Simonas Kairys figuraient sur la liste des personnes recherchées par le ministère russe de l'intérieur. Des sources policières ont déclaré à l'agence TASS que des poursuites pénales avaient été engagées à l'encontre des responsables baltes pour la destruction et la détérioration de monuments à la gloire des soldats soviétiques.<br /> <br /> En septembre dernier, le comité d'enquête russe a inculpé par contumace plus de 170 ressortissants étrangers, dont des citoyens de Lettonie, de Lituanie, d'Estonie, de Pologne et d'Ukraine, dans des affaires de profanation et de destruction de monuments à la mémoire des soldats soviétiques.<br /> <br /> Seize affaires pénales sont en cours d'instruction concernant 143 cas de profanation, de destruction ou d'endommagement de tombes de guerre, de monuments et de mémoriaux dédiés aux soldats soviétiques."<br /> <br /> https://tass.com/politics/1745629
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A
Merci Caius. Très pertinent ce commentaire de cet historien estonien. Il faut que le travail de mémoire historique se fasse dans la transparence et de manière démocratique, et surtout il faut éviter d'instrumentaliser l'histoire, donc il faut la protéger des utilisations politiques partisanes et démagogiques. Il ne faut pas enfermer l'histoire dans un récit officiel, ni dans un nouveau roman national, mais la laisser ouverte aux chercheurs et universitaires...<br /> Je voudais juste ajouter 2 choses, Caius:<br /> 1- Poutine ne donne pas le bon exemple car la meilleure manière de faire pardonner à son pays les crimes du stalinisme (qui se comptent par millions) était de laisser travailler les organisations qui se chargent de les mettre en lumière...or, c'est tout le contraire qu'il fait car il pourchasse souvent en justice ceux qui tentent de faire ce travail nécessaire et torpille ces organisations en les empêchant tout simplement de faire leur boulot. Donc Poutine a exactement zéro autorité morale...son passé kagébiste n'arrange par ailleurs rien car , dans sa tête, il est resté un petit lieutenant du KGB qui n'a pas changé de méthodes, qui n'a pas appris des horreurs que son pays a commis...<br /> 2: Je suis moi-même témoin en Espagne de la manière avec laquelle l'instrumentalisation et la réinterprétaion mensongère de l'histoire est l'un des atouts sur lesquels s'appuient les séparatistes espagnols catalans pour tromper les gens.<br /> En ce moment je suis en train de lire ce livre écrit par un universitaire très érudit, peu suspect de partialité, sur les relations de la Catalogne avec le reste de l'Espagne. Un livre qui tord le cou à des réinterprétations séparatistes qui seraient risibles si elles n'étaient pas aussi dramatiques quant à leurs conseéquences.<br /> https://www.amazon.com/-/es/Gabriel-Tortella/dp/8494445588
C
Très intéressante interview de l'historien estonien Marek Tamm sur la destruction des monuments soviétiques pour flatter l'électorat de droite des pays baltes.<br /> <br /> En voici un extrait : <br /> <br /> Dans votre interview télévisée, vous avez également déclaré que l'Estonie n'avait pas de version officielle de l'histoire et qu'elle n'en avait pas besoin. Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet ?<br /> <br /> - En tant qu'historien professionnel et membre d'une société démocratique, je ne peux pas accepter l'idée qu'il puisse y avoir une institution, une commission anonyme ou quelque chose de similaire, qui décide de la manière dont nous devons parler de notre histoire ou traiter notre héritage culturel. Bien sûr, il y a des cas qui relèvent de la justice, par exemple les violations des droits de l'homme, les crimes contre l'humanité, etc. Mais en règle générale, il n'appartient pas aux hommes politiques ou aux fonctionnaires de décider quelle interprétation du passé est la bonne.<br /> <br /> C'est précisément ce qui nous différencie des régimes autoritaires et totalitaires. Il est donc contraire à notre propre intérêt de chérir l'idée d'imposer, par des moyens juridiques ou autres, une seule version correcte de l'histoire estonienne, en pensant que cela nous aidera dans notre lutte contre la propagande russe. À mon avis, c'est exactement le contraire qui est vrai : tant que nous aurons une discussion ouverte et libre sur notre passé, nous pourrons rester forts face à toute opération d'information hostile.<br /> <br /> https://www.lrt.lt/en/news-in-english/19/1841206/memory-politics-in-estonia-we-shouldn-t-turn-soviet-monuments-into-a-security-threat-interview
A
Merci pour toutes ces infos Caius. Vous avez fait le boulot que j'aurais moi-même dû faire mais le détail des accusations n'apparaissait pas dans les liens occidentaux que j'avais consultés dans la presse française et espagnole ( donc, eux-aussi auraient dû mieux faire leur travail de manière plus complète pour mieux savoir de quoi on parle exactement).<br /> Malgré tout vous confirmez ce que j'imaginais moi-même. <br /> Alors il faut quand même préciser que les russes eux-mêmes ont déboulonné un certain nombre de statues et de monuments de l'époque soviétique. <br /> Bien évidemment tout ce qui touche de près ou de loin en Russie à la résistance héroïque contre le nazisme est sacré et intouchable.<br /> Donc je conçois que certaines démolitions puissent choquer les russes mais on parle de monuments, de symboles, pas de tombes de soldats profanées par exemple......Par ailleurs les russes doivent être conscients que ces peuples-là ont souffert aussi des horreurs staliniennes bien réelles elles-aussi, aussi montrueuses que celles d'Hitler, et qui pèsent terriblement dans leur mémoire collective.<br /> Cette première ministre dont la mère et la grand-mère ont été envoyées en Sibérie a de quoi l'avoir mauvaise aussi. Il serait temps que les russkoffs atterrisent un peu et comprennent qu'ils ont beaucoup à se faire pardonner.<br /> Donc cet avis de recherche émis par la police en 2024, en pleine guerre russo-ukrainienne ressemble très fort à une intrumentalisation d'une supposée offense nationale dont Poutine a besoin pour justifier, voire accroître ses mauvaises relations tendues avec ses voisins. <br /> Un avis de recherche c'est émis pour des délits mais ici ce n'est pas le cas: des démolitions de monuments soviétiques seraient des délits en Russie mais pas en Estonie...c'est pour ça que ça me paraît surréaliste.<br /> Ce différend entre les 2 pays peut justifier comme je l'ai écrit une rupture de relations diplomatiques mais pas l'émission d'un avis de recherche. Quelque part ça fait sourire...délit de quoi?<br /> Bonne journée et merci pour toutes les précisions que vous avez apportées et qui étaient nécessaires.
C
Effectivement :<br /> <br /> "M. Kallas a déclaré en 2022 que les autorités estoniennes démonteraient 200 à 400 de ces monuments. Dans la ville majoritairement russophone de Narva, un char d'assaut soviétique a été enlevé en août.<br /> <br /> En Lettonie, une structure de 84 mètres construite pour commémorer la victoire soviétique lors de la Seconde Guerre mondiale a été écrasée à l'aide d'un bulldozer. D'autres monuments soviétiques ont été enlevés dans tout le pays.<br /> <br /> En Lettonie, des dizaines de milliers de russophones se rassemblaient chaque 9 mai autour du monument de Riga, mais ces rassemblements ont été interdits après l'invasion de l'Ukraine par la Russie.<br /> <br /> En 2022, la Lituanie a supprimé des dizaines de monuments à la mémoire des troupes soviétiques, dont un grand groupe de sculptures dans un cimetière de Vilnius."<br /> https://www.japantimes.co.jp/news/2024/02/14/world/politics/russia-estonia-pm-soviet-monuments/<br /> <br /> Quelles que soient les relations actuelles entre ces pays et la Russie, la destruction de monuments érigés à la mémoire des soldats soviétiques tombés au champ d'honneur pendant la guerre contre l'Allemagne me choque profondément