Quand la police russe émet un avis de recherche contre la dirigeante d'un Etat libre et souverain...
Bonjour les amis,
Il y a des infos qui sont tellement surréalistes qu'on est obligé de se pincer deux fois pour être bien sûr qu'on n'a pas été victime d'une hallucination en les lisant.
En voici une qui n'est pas piquée des vers.
La police russe émet un avis de recherche contre la Première ministre estonienne Kaja Kallas
La police russe a lancé mardi un avis de recherche contre plusieurs responsables baltes, dont la Première ministre estonienne Kaja Kallas. Le Kremlin les accuse d'hostilité à l'égard de la "m...
Voici ce qu'a répondu Kaja Kallas dans un communiqué:
"La Russie peut croire que l'émission d'un mandat d'arrêt fictif fera taire l'Estonie. Je refuse d'être réduite au silence : je continuerai à soutenir ouvertement l'Ukraine et à plaider en faveur du renforcement des défenses européennes".
La dirigeante a également accusé Moscou d'avoir caché, tout au long de l'histoire, ses actions répressives sous couvert de « maintien de l'ordre ». "Cela me semble très familier : ma grand-mère et ma mère ont été déportées en Sibérie, et (à l'époque) c'est le KGB qui a émis de faux mandats d'arrêt", a-t-elle déclaré. "J'ai toujours soutenu que la boîte à outils criminelle du régime russe n'a pas changé. Nous refusons de nous laisser intimider par les tactiques de menaces de la Russie".
Alors ce qui choque terriblement c'est d'abord le manque de précision sur la nature concrète des faits qui sont reprochés à ces dirigeants mais surtout, et après les avoir relus deux fois, on se dit que c'est bien la première fois qu'un Etat s'arroge le "droit" ( mais quel droit??!!) de lancer un avis de recherche contre des représentants élus d'une démocratie souveraine pour ce qui semble surtout être un délit d'opinion (en imaginant que ces représentants vivent en Russie et non pas dans un pays libre).
Nous voilà donc au coeur du vrai problème. Cette liberté affichée par les baltes, qui ne va pas dans le sens d'une glorification du rôle historique de leur voisin et ex-envahisseur, semble être absolument insupportable au maître du Kremlin. Pour lui cette liberté c'est avant tout une menace.
Les faits reprochés à la première ministre balte peuvent justifier tout au plus une rupture des relations diplomatiques entre les deux pays mais rien de plus (notons au passage que ces relations sont réduites au strict minimum avec juste la nomination de chargés d'affaires provisoires).
Rappelons que les baltes ont été victimes de menaces existentielles depuis les années 90 lors de débats houleux à la Douma, débats durant lesquels des nationalistes exaltés et fascisants exigeaient la réincorporation immédiate par la force militaire de ces Etats à la Russie.
Imaginez, chers amis, la consternation et la tête que faisaient les citoyens baltes en entendant de tels débats chez leurs voisins, des voisins qui se disputent dans leur assemblée nationale sur le fait de venir vous réenvahir une 2ème fois.
Permettez-moi une métaphore à 2 balles: c'est un peu comme si j'étais témoin dans mon jardin du fait que mes deux voisins sont en train de se disputer sur le fait de venir me casser (ou pas) la figure.
Dans un tel contexte de menace constante, qui oserait reprocher aux représentants baltes leur adhésion à l'Otan? Sans cette adhésion l'ours russe n'aurait fait qu'une bouchée de ces petits pays.
Ce ne sont pas les ukrainiens qui viennent d'être agressés sauvagement bien que vivant dans un pays bien plus grand que l'Estonie qui diront le contraire.
Je terminerai en répétant des propos que j'avais entendus l'année dernière. Si Poutine avait été un agent de la CIA chargé de renforcer le poids de l'OTAN en Europe il ne s'y serait pas mieux pris.
Face aux agissements de plus en plus menaçants et erratiques du maître du Kremlin, la seule conclusion indiscutable à laquelle arrivent les occidentaux c'est de se dire que, fort heureusement, l'Otan existe encore et nous offre un bouclier crédible pour nous prémunir de cet agité du bocal qu'est Poutine.
L'Otan était dans le coma selon Macron et Poutine l'a ressuscité.
Grâce à l'Otan on peut maintenir une certaine tranquillité prudente en se disant:
" Le chien aboit...la caravane passe..."
Dans le contexte actuel d'agression de la Russie contre l'Ukraine, cette accusation de la police russe ça frise le burlesque, sauf que ce n'est pas drôle...on se dit qu'elle n'a qu'un seul intérêt, un seul objectif: servir les intérêts de la propagande russe au niveau interne et réalimenter les ressentiments et la haine de la population russe contre leurs voisins.
La politique extérieure profondément criminelle de Poutine a précipité son pays dans une logique de guerre qu'il faut sans cesse justifier et réalimenter grâce à la censure et à la propagande.
PS: Cette accusation est-elle destinée à faire jeu égal et minimiser celle qui pèse sur Poutine qui est sous mandat d'arrêt international par le tribunal de La Haye pour crimes de Guerre ?...parce que si c'est le cas les accusations qui visent Poutine sont infiniment plus graves que celles qui pèsent sur la première ministre estonienne. Tout cela est vraiment pathétique. La Russie est devenue une grosse farce anachronique, une caricature ubuesque et monstrueuse...
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