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30 mai 2023 2 30 /05 /mai /2023 10:19

Bonjour les amis,

Dimanche dernier il y eu en Espagne des élections municipales et régionales.

Ça a été une débâcle pour les socialistes à cause du nombre de municipalités et de régions perdues mais si on compte le nombre de voix la vraie débâcle est pour PODEMOS le partenaire gouvernemental de Pedro Sánchez, équivalent de FRANCE INSOUMISE de Mélenchon, qui tombe en dessous de 4%.

 

Ma région, celle de Valencia, a été reprise par la droite et, bien évidemment, j'en suis sincèrement désolé, d'autant plus que la droite valencienne s'était particularisée par un nombre très important de trames de corruption quand elle était au pouvoir et par la tentative de privatisation de la gestion de la santé publique.

La politique espagnole est vraiment très complexe à cause des fortes différences territoriales, et pour faire TRÈS TRÈS simple, ma lecture de ces résultats locaux de dimanche dernier est que les tensions permanentes au sein du gouvernement entre les modérés socialistes et les deux ministres de PODEMOS Ione Belarra et Irene Montero (que j'ai beaucoup critiqué moi-même dans des billets antérieurs pour leur sectarisme agressif et toxique), ont projeté une mauvaise image de ce gouvernement de gauche (baptisé par certains de gouvernement Frankenstein à cause de l'hétérogénéité des forces alliées), alors que ses résultats en termes économiques étaient plus qu'honorables (création d'emplois et revalorisation des retraites par exemple). Il y a eu aussi des concessions "judiciaires" faites à des forces séparatistes de gauche qui ont terni l'image du gouvernement et que la droite a exploité.

On peut dire que Pedro Sánchez, dimanche dernier, a été mitraillé dans des "tranchées" qui n'étaient pas les siennes. Il paie le prix de la coalition. Un prix que je considère un peu injuste car on avait retrouvé grâce à son action une certaine paix sociale et la tension était retombée dans les zones "séparatistes" comme la Catalogne ou le pays basque.

Pedro Sánchez en décidant d'anticiper les élections de Décembre en Juillet de cette année prend le taureau par les cornes, crée la surprise  et évite certains problèmes.

Au lieu de devoir affronter une révolte des barons socialistes qui ont perdu leur fief à cause de son gouvernement, il les oblige à se relancer en campagne. Il court-circuite une éventuelle crise interne, à court terme.

Par ailleurs les Etats-Majors des autres partis, au lieu d'analyser et d'évaluer les résultats du dernier scrutin, doivent déjà boucler certaines alliances rapidement pour les prochaines législatives. Ils ont 10 jours pour le faire et parvenir à des accords programmatiques et présenter des listes communes . Dans la gauche non-socialiste où il y a une myriade de petits partis c'est un peu la panique. Ces nombreux petits partis qui ne sont présents que dans certaines parties du territoire comme Madrid ou Barcelone sont nés de mouvances dissidentes de PODEMOS mais qui sont idéologiquement proches.

Du côté de la droite c'est bien plus simple. Il y a le Parti Populaire hégémonique (le PP), Ciutadanos parti centriste qui a été absorbé par le Parti Populaire et dont je viens d'apprendre qu'il renonce à se présenter aux prochaines élections tant il est affaibli et ne pèse plus rien, et VOX l'extrême-droite qu'on peut comparer au RN français. 

Pour le Parti Populaire l'objectif difficile c'est d'atteindre une majorité absolue qui lui permettrait  de s'affranchir d'une coalition avec VOX. A droite, et contrairement à la gauche, il ne peut y avoir qu'une seule configuration de coalition: c'est l'alliance du PP avec VOX et rien d'autre.

Il n'y a pas de cordon sanitaire en Espagne où VOX est déjà présent dans certains gouvernements régionaux tenus par la droite. On peut imaginer aussi un PP qui gouverne en solitaire sans avoir une majorité absolue de députés au congrès.

Théoriquement Pedro Sánchez va perdre ces élections anticipées mais il peut aussi espérer reconquérir une partie de son électorat. C'est quitte ou double...comme un joueur de poker.

Techniquement c'est bien joué ! En tout cas on peut lui reconnaître un certain panache.

Voici sa brève déclaration d'hier qui a duré 3 minutes.

 

 

Sur la photo ci-dessous Ione Belarra et Irene Montero, les 2 ministres de PODEMOS, agressives et sectaires, qui ont créé énormément de crispations qui sont probablement la cause de l'énorme dégringolade électorale méritée de PODEMOS.

L'Espagne se dirige-t-elle vers la fin d'un gouvernement de coalition de gauche?
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commentaires

C
Je lis que le successeur potentiel de Sánchez risque, peu réjouissante perspective , d'être Santiago Abascal.<br /> <br /> "Le programme politique de Santiago Abascal comprend en 2018 l'expulsion de tous les immigrés illégaux, la construction de « murs infranchissables » dans les enclaves espagnoles d'Afrique de Ceuta et Melilla, l'interdiction de l'enseignement de l'islam, l'exaltation des « héros nationaux », la fin des subventions à « tous les organismes féministes », la suppression des parlements régionaux et l'opposition aux séparatismes catalan ou autres. Le magazine Le Point rapproche Santiago Abascal de Marine Le Pen, Viktor Orbán, Frauke Petry, ou Geert Wilders, qui seraient ses inspirateurs. Il est également admirateur de Donald Trump, Jair Bolsonaro et Matteo Salvini<br /> <br /> Il intervient pour qu'une rue de Madrid conserve le nom de José Millan-Astray, général franquiste de haut rang, responsable de crimes de guerre pendant la guerre du Rif et dirigeant la propagande franquiste pendant la Guerre civile espagnole. Il déclare aussi que le gouvernement de Pedro Sanchez est pire que la dictature de Franco, Il s'oppose à l'exhumation de Francisco Franco de son mausolée et à celle du général Gonzalo Queipo de Llano. En 2019, il déclare que les défenseurs de l'œuvre de Franco ont tout à fait leur place dans Vox" (wikipedia)
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A
Il y a eu aussi des liens de VOX avec Poutine. Abascal n'a jamais caché ses sympathies pour le maître du Kremlin avant la guerre contre l'Ukraine. Certains oligarques russes auraient appuyé financièrement des groupes soutenant VOX.<br /> <br /> https://www.publico.es/politica/tele-no-habla-vinculos-putin-vox.html<br /> <br /> https://www.elespanol.com/reportajes/20220319/ultraderecha-vox-oligarcas-putin-traves-hazteoir-citizengo/658184665_0.html
A
Je précise un peu...Pour moi certains responsables actuels du PP pourraient être qualifiés d'extrême-droite...Donc VOX est certes né principalement de la captation d'ex-militants du PP mais n'a pas vidé le PP de tous ses élements d'extreme-droite.
A
Oui, tout ce que vous dites est correct.<br /> VOX a enregistré dimanche dernier un franc succés et surtout démontre qu'il est maintenant enraciné presque partout. Il passe de 47 députés régionaux à 119. Il multiplie par 3 le nombre de ses conseillers municipaux dans les mairies.<br /> Mais maintenant regardons le nombre de votes de dimanche dernier: Socialistes ( 28%) PP( 31.5%) et VOX (7,2%). <br /> Au dernières législatives VOX avait fait 15%. Donc totalement impossible à Santiago Abascal de devenir chef du gouvernement. Par ailleurs vous aurez remarqué que VOX pèse beaucoup moins que le RN français mais sa progression est préoccupante..<br /> Ce Santiago Abascal avait démarré sa carrière dans les jeunesses du PP, puis en est sorti pour créer le premier mouvement d'extrême-droite qui ait un vrai poids politique.. En fait il y a 10 ans encore il n' y avait pas de grosse formation d'extrême-droite en Espagne car l'extrême-droite était nichée dans le PP où elle cotoyait la droite libérale. C'était une particularité de l'Espagne, ce fait d'avoir une extrême-droite dans les rangs de la droite normale. Maintenant avec Abascal ce n'est plus le cas.<br /> Mais bien évidemment évitons les explications simplistes: tous les franquistes sont chez VOX mais tous les électeurs de VOX ne sont pas franquistes, ni fascistes, ni même xénophobes ( il y a ceux qui n'ont aucune haine de l'étranger mais qui ont peur du chaos que provoquerait une immigration incontrôlée...là, je parle des électeurs de VOX). <br /> On retrouve chez VOX des éléments de discours très proches de ceux du RN et aussi de ceux de Zemmour.<br /> alors oui, on peut dire que grosso modo que Abascal- Zemmour-Salvini c'est le même combat.<br /> https://www.europapress.es/nacional/noticia-resultado-elecciones-autonomicas-municipales-2023-doce-graficos-20230529134952.html
L
Je ne suis de gauche que pour la préservation de la santé pour tous, la prise en charge totale des frais de santé. La non privatisation de certains services publics comme l'électricité l'eau le gaz, les transports, et cetera.
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A
Ça y'est, tout va très vite comme je l'indiquais. La leader de MASMADRID Monica Garcia va soutenir la liste de SUMAR de Yolanda Diaz (ministre et actuelle vice-présidente. issue de la gauche non-socialiste mais qui s'est démarquée de PODEMOS).<br /> https://noticiasparamunicipios.com/portada/p-regional/regional-monica-garcia-ayudara-con-generosidad-a-sumar-y-a-yolanda-diaz/<br /> <br />
A
En Espagne les régions ont énormément de compétences pour gérer le système de santé publique et , du coup, on observe des différences de qualité importante d'une région à l'autre. Ma région a mieux géré la crise de la COVID que celle de Madrid. On le voit aussi dans les listes d'attente (le temps qu'il faut pour avoir un rdv avec un spécialiste, pour être opéré,etc...).<br /> Dans la région de Madrid, l'une des leaders de l'opposition contre la présidente de région Isabel Diaz Ayuso( appartenant au PP) est une anesthésiste de profession, et ce n'est pas par hasard car la santé publique fait partie des grosses batailles. Elle s'appelle Monica Garcia et elle a créé une plateforme de gauche qui s'intitule MASMADRID qui fait partie des petites formations dont je parlais dans mon article...petites formations qui n'existent pas sur tout le territoire. L'un des pb de ces forces c'est de se regrouper pour les législatives du 23 juillet.<br /> https://es.wikipedia.org/wiki/M%C3%B3nica_Garc%C3%ADa_G%C3%B3mez
R
Une situation compliquée : j'ai vu que Pedro Sanchez s'était allié avec des indépendantistes basques, est-ce que cette alliance a joué en sa défaveur au cours de ces élections ?<br /> <br /> à 3 minutes :<br /> <br /> https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/journal-de-18h/journal-de-18h-emission-du-dimanche-28-mai-2023-2193506<br /> <br /> <br /> <br /> Belle soirée, AJE
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A
Oui le podcast explique bien le tollé qui s'est produit avec Bildu qui a joué la provocation en intégrant 7 criminels de l'ETA dans leur liste ( puis en les retirant quelques jours plus tard mais le mal était fait...un vrai coup de poignard dans le dos de Sánchez). Du coté des séparatistes catalans Sánchez a proposé une réforme qui changeait le délit de sédition de certains séparatistes lors du référendum illégal du 1r octobre 2017 en délit de désordres publics aggravés. Des concessions atténuant la gravité des délits dans le but de rabaisser la tension ( et de recolter les appuis qu'il lui manquait pour gouverner).Avec de tels appuis Sánchez a créé une division dans son propre parti...Mais il faut ajouter que sans ces concessions l'Espagne devenait assez ingouvernable car aucun parti n'arrivait à créer une majorité à l'assemblée.<br /> Finalement, beaucoup comme moi, en sont arrivés à penser que Sánchez c'était un moindre mal.<br /> Bonne fin de soirée l'amie<br /> PS: Sánchez n'est absolument pas en faveur d'une séparation de certains territoires et a tenté de faire un exercice de funambulisme en pactant le soutien des indépendantistes en échange d'un assouplissement des relations avec l'Etat central. Mal lui en a pris car la droite s'est emparé sans cesse de ce thème de discorde récurrent.