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1 mars 2023 3 01 /03 /mars /2023 12:16

Bonjour les amis,

Je vais vous parler aujourd'hui de  ARGENTINA,1985, un très bon film de Santiago Mitre qui est bien placé pour gagner l'oscar 2023 du meilleur film étranger.

Le film relate le procès des principaux membres de la junte militaire argentine qui a régné par le meurtre et la torture dans les années 70.

Voici la bande-annonce sous-titrée en anglais car je n'en ai pas trouvé une qui le soit en français. Sorry!

 

Voici ce que dit un spectateur sur la page d'allociné:

La bonne idée du scénario a été de choisir de suivre les faits et gestes du procureur de ce procès qualifié de "plus important depuis celui de Nuremberg." En humanisant ce personnage clé, le présentant notamment au sein de sa famille ou auprès de ses collaborateurs inexpérimentés, le film ne se prive pas de nombreux traits d'humour qui allègent avec style le poids émotionnel de certains scènes de témoignage, poignantes mais jamais dans l'indécence. Même si l'on connait peu ou prou le jugement final, Argentina, 1985 se voit comme un thriller à l'américaine, d'une grande efficacité, parfaitement équilibré entre gravité et légèreté et, fait assez exceptionnel, ne comportant aucune longueur sur une durée de 140 minutes. Quant à Ricardo Darin, que dire d'autre qu'il est bien entendu exceptionnel dans un rôle taillé pour son génie ? 

Après avoir vu ce film, on se prend à réfléchir aussi sur le fait que certains pays n'ont pas connu le grand procès historique qui leur était nécessaire pour aborder sur des bases saines leur avenir collectif. 

Un de mes amis espagnols m'a dit qu'il regrettait qu'il n'y ait jamais eu de procès du franquisme par exemple. Je peux comprendre son amertume.

Je me suis dit aussi que s'il y a bien un grand pays qui a provoqué de grandes tragédies avec des millions de  victimes et qui ne les a jamais jugées, c'est bien la Russie.

Or un pays qui n'affronte pas sa mémoire est condamné à répéter les mêmes erreurs, et c'est justement ce que nous vivons en ce moment de manière tragique avec l'agression barbare de la Russie contre l'Ukraine.

Verra-t-on un jour Poutine traduit devant sa propre justice comme le fut en son temps le sinistre général Videla?

Vu le soutien dont il bénéficie pour l'instant auprès de sa population on peut se dire que c'est très fortement improbable...Enfin, on peut toujours rêver...L'histoire effectue parfois des retournements brutaux et singuliers.

En tout cas si les russes qui se sentent victimes de la terreur poutinienne voient ce film de Santiago Mitre ils pourront se dire que, pour eux, tout le travail reste à faire.

Je terminerai en vous recommandant chaudement un livre collectif qui fait un ratissage complet de tous les crimes déjà connus de Poutine et qui explique bien comment, sous sa férule, la Russie est redevenue une dictature terrifiante. 464 pages que je suis en train de lire doucement...à petites doses  ...une lecture qui donne souvent le vertige...

 

 

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commentaires

C
"Après avoir vu ce film, on se prend à réfléchir aussi sur le fait que certains pays n'ont pas connu le grand procès historique qui leur était nécessaire pour aborder sur des bases saines leur avenir collectif. <br /> <br /> Un de mes amis espagnols m'a dit qu'il regrettait qu'il n'y ait jamais eu de procès du franquisme par exemple. Je peux comprendre son amertume."<br /> <br /> En effet, voici un témoignage parmi d'autres :<br /> <br /> "Le 16 avril 1975, j’étais sur le point d’entrer dans la maison où j’étais invité. A ce moment, un groupe de policiers qui m’attendait caché s'est jeté sur moi. J’ai été conduit à la Direction générale de la sécurité puis aux interrogatoires, où m’attendaient plusieurs policiers. L’un d’entre eux était le célèbre Antonio González Pacheco. J’étais à peine entré dans la salle d’interrogatoire, et sans me dire un mot, il me donna un gros coup dans les parties génitales : j’étais plié en deux, tellement j’avais mal. Il a continué à me frapper. Et après tous ces coups, il a commencé à me poser des questions. <br /> Jesús Rodríguez Barrio"<br /> <br /> https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/grand-reportage/plaintes-pour-torture-les-oublies-du-franquisme-2540441<br /> <br /> Ces tortures étaient aussi effectuées au nom du numéro deux en titre du régime franquiste, le futur roi Juan-Carlos, ce qui explique aussi qu'il n'y ait jamais eu de poursuite. Les« aperturistes », Juan-Carlos en tête, ont échangé leur impunité contre une "transition démocratique" qui leur a permis de largement conserver leur pouvoir et leurs fortunes.<br /> <br /> Je pense aussi, entre autres, aux responsables pakistanais du génocide de 1971 ou aux responsables indonésiens des massacres de 1965-1966.
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A
Finalement ce qui aurait été souhaitable pour les russes c'est une loi équivalente à la loi sur la mémoire historique des espagnols... Mais Poutine fait exactement l'inverse.
A
Ce thème de la mémoire est abordé dans le dernier film d' Almodovar.<br /> http://alea-jacta-est-ex-posteur.over-blog.com/2022/02/madres-paralelas.un-film-qui-mele-le-meilleur-et-le-pire-d-almodovar.html
A
Merci pour ce témoignage.<br /> Il faut quand même signaler le fait qu'il y a eu grâce aux socialistes une loi sur la mémoire historique qui oblige l'Etat à faire la lumière sur les crimes du franquisme et à venir en aide aux victimes.<br /> <br /> https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_sur_la_m%C3%A9moire_historique<br /> <br /> Par ailleurs des décorations officielles ont été retirées à certains flics qui s'illustrèrent par la torture sous le régime de Franco, comme par exemple Billy el Niño...Mais Billy El Niño est finalement mort sans jamais avoir été ni jugé ni inquiété par la justice<br /> https://elpais.com/espana/2022-12-30/interior-retira-las-medallas-al-torturador-franquista-billy-el-nino-para-cumplir-la-ley-de-memoria-democratica.html
R
Une histoire que l'on connaît fort peu : celle de l'Argentine... merci pour ce compte-rendu et pour le conseil de lecture... Le devoir de mémoire est si important... Staline reste en Russie un personnage très populaire, malgré les atrocités commises par ce régime, et elles furent nombreuses.<br /> <br /> <br /> Belle soirée, AJE
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A
Un procureur qui fait condamner une junte. Le thème n'est pas sans rappeler le fameux Z de Costa-Gavras qui traitait de la dictature des colonels en Grèce. Dans ARGENTINE,1985 on perçoit comment tout un pays a suivi les audiences à la télé et à la radio et comment certains témoignages ont bouleversé toute la citoyenneté, y compris chez certains défenseurs de la junte qui prendront conscience que rien, absolument rien, ne justifiait certaines abominations. Le film montre bien comment un procès peut provoquer un basculement dans l'opinion publique et également offrir aux victimes la nécessaire reconnaissance nationale des crimes qu'elles ont subi.<br /> Le livre noir de Poutine ne se limite pas à la trajectoire du maître du Kremlin mais offre de longs rappels sur l'histoire de la Russie qui permettent de comprendre comment le discours actuel du maître du Kremlin arrive à être efficace dans l'imaginaire russe. Or, il se trouve que ce discours est bâti sur un récit patriotique dont Staline est l'un des "héros" alors qu'il fut l'un des plus grands criminels de toute l'histoire de l'humanité. Voici un extrait du livre:<br /> "La liquidation la plus choquante fut celle de Memorial, fin décembre 2021, accusé de « déformer l’image de l’URSS » – pour avoir<br /> documenté les crimes de Staline , puis, en avril 2022, de son Centre de défense des droits de l’homme . Cette liquidation de la plus ancienne, la plus célèbre et la plus respectée internationalement parmi toutes les ONG russes ne signifiait qu’une chose : Poutine a décidé de jouer son va-tout en déclenchant une guerre de reconquête de l’espace post-soviétique et en rompant avec l’Occident."<br /> Bonne fin de soirée l'amie
C
Je vous recommande aussi "The Tokyo Trial " (Dong Jing shen pan) un film de 2006 de Gao Qunshu relatant le procès des principaux criminels de guerre japonais par le Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient<br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=JUFb79OJDvU
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A
Merci beaucoup Caius. C'est vraiment sympa de m'avoir déniché cette version. En fait j'avais tenté de trouver une version sous-titrée en français et j'avais fait chou blanc...le pb est maintenant résolu !
C
Il y a une version VOSTFR de meilleure qualité qui traîne sur le net.<br /> <br /> Je crois que c'est ceci<br /> <br /> https://1fichier.com/?r5zyqvv8kk
A
Merci de me signaler ce film dont j'ignorais l'existence. Apparemment la sortie a été très discrète.<br /> Qui plus est la version intégrale du film est disponible sur le lien que vous avez partagé...je vais essayer de visionner ça cette semaine.
C
Un excellent film de procès compréhensible même pour ceux qui ne sont pas familiers de l’histoire de l’Argentine. Ricardo Darin est excellent dans le rôle du procureur Strassera. Les nombreuses touches d’humour, assez inattendues vu la gravité du sujet, sont amenées aves finesse. Argentine, 1985 constitue une dramatisation captivante d'un pan essentiel de l'histoire de l'Argentine. Malgré les 140 minutes que dure le film, on reste captivé du début à la fin, ce film est à voir absolument.
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A
J'étais déjà fan de Ricardo Darin avant ce film mais alors là, sa composition est tout simplement énorme....Il va falloir mettre Ricardo Darin au patrimoine de l'humanité....
A
J'abonde complètement dans votre sens. Certains reprocheront au film qu'il y manque certaines précisions sur la passé de Strassera mais ils sont abordés par le metteur en scène. Strassera était déjà procureur sous la dictature et il est évident que le fait de ne pas pouvoir recevoir certaines plaintes à cette époque-là ne fait pas de lui un complice direct du régime. Il n'avait pas les moyens d'instruire certaines affaires. Ce procès contre la junte a été son opportunité historique de se racheter et il n' a pas raté l'occasion. Par ailleurs j'ai été frappé par le fait d'apprendre que Strassera ne disposait que de quelques semaines pour instruire le dossier. Comment instruire en quelques semaines les crimes, délits et méfaits d'une dictature qui a duré 7 ans? Or, il ne fallait pas rater son coup car le résultat du procès devait être ou la condamnation de la junte (à condition de prouver sa culpabilité) ou l'absolution... Ce procès contenait donc en soi un terrible piège qu'a su déjouer Strassera notamment en recrutant lui-même toute une petite armada de jeunes collaborateurs qui allaient travailler dans son équipe.<br /> Bonne journée Caius