Vérités parallèles...

Bonjour les amis,

La hasard a fait que j'ai lu un roman et vu un film tiré d'un autre roman qui abordent une thématique semblable.

Commençons par le film, LES CHOSES HUMAINES d'Yvan Attal tiré du roman du même nom de Karine Tuil.

Voici le synopsis du film:

Un jeune homme est accusé d’avoir violé une jeune femme. Qui est ce jeune homme et qui est cette jeune femme ? Est-il coupable ou est-il innocent ? Est-elle victime ou uniquement dans un désir de vengeance, comme l’affirme l’accusé ? Les deux jeunes protagonistes et leurs proches vont voir leur vie, leurs convictions et leurs certitudes voler en éclat mais… N’y a-t-il qu’une seule vérité ?

Voici le résumé du livre:

Les Farel forment un couple de pouvoir. Jean est un célèbre journaliste politique français ; son épouse Claire est connue pour ses engagements féministes. Ensemble, ils ont un fils, étudiant dans une prestigieuse université américaine. Tout semble leur réussir. Mais une accusation de viol va faire vaciller cette parfaite construction sociale.
Le sexe et la tentation du saccage, le sexe et son impulsion sauvage sont au cœur de ce roman puissant dans lequel Karine Tuil interroge le monde contemporain, démonte la mécanique impitoyable de la machine judiciaire et nous confronte à nos propres peurs. Car qui est à l’abri de se retrouver un jour pris dans cet engrenage ?

Le spectateur est complètement tiraillé pendant plus de 2 heures entre deux versions, celle de l'accusatrice et celle de l'accusé, qui présentent chacune d'entre elles des incohérences. Les deux personnages vont commencer par mentir partiellement, rectifier leurs premières déclarations, mais la grave accusation de viol se maintiendra.

Le metteur en scène nous montre une justice qui atteint ses propres limites indépassables car, finalement, les deux protagonistes racontent la même histoire mais chacun d'entre eux avec un ressenti différent.

Il se pourrait bien que chacun ait raison à sa façon et que nous soyons face à deux vérités parallèles....

Dans un tel contexte, les réseaux sociaux qui jugent avant la justice (qui est lente dans le film puisqu'elle s'étale sur plus de 2 ans) ont un puissant effet pervers et destructeur. Depuis les hashtags #meetoo# et #Balance ton porc# la justice ne dispose plus de la sérénité dont elle a besoin pour s'exercer avec équité.

Les deux protagonistes voient leur vie grandement détruite avant même que l'affaire ne soit jugée.

J'ai lu également  CHER CONNARD le livre de Virginie Despentes qui est une auteure que je n'aime pas beaucoup mais je reconnais que son roman épistolaire est un bon livre, assez astucieux, écrit avec un vrai talent littéraire, dans lequel Despentes s'exprime au travers de 3 personnages différents dont un homme qui est écrivain. Cet écrivain se fait accuser d'abus sexuel (abus, et pas viol cette fois-ci...) et ne comprend rien à ce qui lui arrive, à ce qui lui tombe dessus.
Ce qui a fait partie de toute notre culture amoureuse depuis plus de 2000 ans devient soudain suspect, qualifié d'abus, de délit...

Une fois encore l'accusée et l'accusatrice racontent la même histoire mais avec des ressentis différents, et encore une fois les réseaux sociaux mettent en danger autant l'accusatrice que l'accusé.
Dans ce livre habile Despentes enterre la hache de guerre entre les 2 sexes et s'écarte des féministes wokistes....un livre intelligent, complètement dans l'air de notre temps.

Virginie Despentes, Monica Sabolo, Emma Becker... Quels livres pour une rentrée littéraire réussie ?

Rentrée littéraire avec "Cher connard" de Virginie Despentes, "La Vie clandestine" de Monica Sabolo, "L'Inconduite" d'Emma Becker, "La Treizième heure", d'Emmanuelle Bayamack-Tam et "Taormine" ...

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-masque-et-la-plume/le-masque-et-la-plume-du-dimanche-28-aout-2022-4230186

Comments

[rosemar]

Internet a aussi changé les relations et les pratiques amoureuses : influence des réseaux sociaux, des rencontres multiples et faciles, (il existe des applications pour multiplier les rencontres) de la pornographie...
Je n'ai pas lu non plus ces livres. Mais nous vivons dans une société consumériste : le sexe en fait partie... et cela devient en effet parfois dangereux.


Belle soirée, AJE

[alea-jacta-est]

Oui, c'est le paradoxe. Nous vivons dans une société où les citoyens ont par rapport au sexe des attitudes très différenciées: le sexe devenu simple objet de consommation pour certains, alors que dans le même temps toute une partie de la citoyenneté s'en tient à des codes stricts et à des tabous fortement inculqués et intégrés...quand on n' a plus les mêmes codes ça peut provoquer de gros clashs traumatisants.
Ajoutons-y que les temps politiques que nous vivons font que le sexe est devenu un moyen simple et particulièrement efficace de faire tomber un personnage public gênant.
Par exemple, la justice de Poutine s'est débarrassé d'un historien gênant à cause de ss travaux sur les crimes de Staline en l'accusant de pédophilie.

https://www.20minutes.fr/culture/2210015-20180127-iouri-dmitriev-historien-russe-crimes-staliniens-accuse-pedophilie-libere

Décidément le poutinisme est une parfaite synthèse de toutes les saloperies et coups tordus qu'un régime puisse faire pour écarter des opposants. Menaces, pressions, crimes, assassinats, empoisonnements, accusations mensongères de pédophilie, etc...
Bonne fin de soirée l'amie

[Mo]

Je n'ai lu aucun de ces deux livres mais ton article donnerait à penser que l'amour est devenu de plus en plus dangereux... ;-)
Bon après-midi,
Mo

[alea-jacta-est]

Oui, Mo. C'est devenu compliqué tout ça et le romantique que je suis (ou que j'étais) a pris un sacré coup de vieux...-)))
D'une part les violences qui entrent dans les pratiques amoureuses se sont complètement banalisées chez les jeunes. La pornographie hard y incite également, mis à part les très nombreuses personnes qui aiment (et c'est parfaitement leur droit) mêler la douleur physique au plaisir.... Tant que ces violences qui peuvent être à la fois verbales et aussi physiques sont mutuellement consenties il n' y a pas de délit.
Dès lors que l'un des deux dit STOP, si l'autre continue il n' y a plus relation amoureuse mais abus sexuel, voir viol...Ça c'est clair !
Dans le film d' Attal au fur et à mesure de l'instruction le spectateur oscille entre la version de la jeune fille et celle du jeune homme...mais il apparaît aussi que ces 2 personnes n'appartienent pas du tout au même monde, et qu'elles n'ont pas les mêmes codes, donc la thèse du malentendu reste vraisemblable...d'où mon titre de "vérités parallèles".
Imaginons maintenant qu'une partenaire apparemment consentante (ou qui ne verbalise pas clairement son manque de consentement) dépose une plainte le lendemain d'une rencontre, l'autre partenaire n'a plus que sa bonne foi pour démontrer que tout n'était qu'un jeu et avait été consenti....Tout ne tient qu'à ce fil: le consentement entre personnes majeures et responsables...Un fil qui peut faire passer l'accusé du simple non-lieu à 15 ans de prison...or, ce consentement reste difficilement démontrable parfois...
Dans le livre de Despentes un écrivain apprend qu'une ancienne relation amoureuse, une collaboratrice qui travaillait pour lui et avec qui il avait maintenu une relation, l'accuse sur les réseaux d'abus sexuel. L'écrivain tombe des nues...il ne comprend rien à ce qui lui arrive...L'accusatrice balance tout ce qu'elle a vécu sur les réseaux sociaux et l'écrivain devient victime d'un lynchage médiatique. Ce sont des histoires de notre temps...L'écrivain finit par faire un effort de relecture de ce qui a été toute sa relation avec cette collaboratrice.
C'est comme si il revivait un film qu'il a vécu mais vu par l'autre et que le contenu n'ait plus rien à voir...
Tout cela est très perturbant...Très perturbant aussi le pouvoir destructeur des réseaux.
Bonne fin d'après-midi l'amie

[LH]

Et moi je viens de voir un film avec Sophie Marceau en commissaire de police et femme toujours soucieuse qui n'est jamais sûre de la fidélité de son compagnon... "Une femme de notre temps", thriller haletant. Le film s'achève heureusement avant que les réseaux sociaux ne prennent le relais.
Ce que j'aime moins est le fait que ce film est peu présent dans les salles, il a fallu que j'aille un peu plus loin pour le voir, ce n'est pas gentil pour une actrice de la pointure de Sophie.

[alea-jacta-est]

J'ai oublié de le dire mais je vais probablement lire le roman de Karin Tuil...En fait, j'aurais dû commencer par là....mis à part l'intrigue c'est aussi un portrait social au vitriol de l'intelligentsia parisienne

[alea-jacta-est]

Merci pour l'info.J'essaierai de voir ce film quand je pourrai.
LES CHOSES HUMAINES est sorti en décembre 2021 et si tu as l'opportunité de le voir sur netflix ou ailleurs je t'invite à le faire....le film interpelle comme on dit...laisse perplexe parfois...la fin est un peu didactique, démonstrative comme une leçon mais laisse le spectateur juger par lui-même....les acteurs interprètent très bien...Arditi, Kassovitz,Ben le fils Attal, Charlotte Gainsbourg et surtout Suzanne Jouannet qui joue avec une grande sensibilité. Elle est vraiment et naturellement très expressive...beaucoup de naturel dans son jeu...peut-être une future grande actrice?...