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18 juin 2022 6 18 /06 /juin /2022 05:46

Bonjour les amis,

J'ai fini hier la lecture du PIÈGE de Jean Haff Korelitz dont voici le résumé:

 Jacob Finch Bonner a connu son heure de gloire comme romancier avant de sombrer dans l’anonymat. Il enseigne désormais l’écriture dans une université du Vermont. Un jour, un de ses étudiants, Evan, lui dévoile l’intrigue du livre qu’il ambitionne d’écrire. Une intrigue géniale. Le best-seller assuré.
Quelques années plus tard, Jacob apprend la mort d’Evan, qui n’aura pas eu le temps de concrétiser son projet. Aussi décide-t-il d’utiliser à son profit l’idée fantastique de ce dernier. Et c’est un triomphe. Mais au plus haut de sa gloire, Jacob reçoit un e-mail anonyme, terrifiant : Vous êtes un voleur.
Jacob va alors tout faire pour identifier son interlocuteur avant que quiconque apprenne ce qu’il a fait. Pour cela, il va revenir dans le Vermont, pour enquêter sur la vie et la mort d’Evan. Il ne sait pas encore à quel point le jeu va s’avérer dangereux.
L’intrigue parfaite c’est celle de ce roman, véritable piège qui dévore peu à peu son lecteur. 

LE PIÈGE de Jean Hanff Korelitz...

Au début du roman l'autrice nous parle des affres d'un écrivain en panne d'inspiration.

Jacob le héros n'a rien publié depuis 2 ans et, qui plus est, anime un atelier d'écriture dans une université américaine. Paradoxe cruel: Jacob doit apprendre à ses étudiants à écrire un récit ou une fiction alors que lui-même n'en n'est plus vraiment capable.

Il y a là un thème  auquel je suis sensible, à savoir la situation d'un professeur qui manque de crédit vis-à-vis de ses étudiants et qui est obligé de les bluffer un peu. Il ne s'en tire pas trop mal d'ailleurs, mais, comme toujours, les bluffeurs sont malgré tout partiellement démasqués par leurs étudiants. C'est donc une situation professionnelle qui ne peut qu'aggraver l'état de déprime de Jacob qui a affaire, entre autres, à un élève particulièrement provocateur et retors. Ça donne de très bons passages dans le livre.

Mais le moteur de ce polar c'est  le thème du maître-chanteur qui joue au chat et à la souris avec sa victime, et là aussi, les angoisses de Jacob nous touchent et nous interpellent. C'est la partie psychologique du roman la mieux fouillée, celle qui fait le vrai intérêt du livre.

Au moment même où Jacob connaît un immense succés et où les médias se l'arrachent, celui-ci sait qu'il peut tout perdre en moins de 24 heures et être rejeté comme un vulgaire imposteur. Commence pour lui une période d'angoisse permanente.Jacob n'est pas complètement coupable mais il n'est pas complètement innocent non plus. Donc il a 2 possibilités pour affronter le défi qui lui est lancé:  choisir de défendre la vérité ou tenter de mettre le corbeau hors d'état de nuire.

Jacob va essayer de se libérer de l'emprise de son maître-chanteur en menant une enquête, et dans le récit de cette enquête Jean Haff intercale régulièrement des passages du roman que Jacob a écrit. On a donc un roman dans le roman qui va permettre au lecteur de se faire assez tôt une idée de l'identité du corbeau

L'enquête avance, en suivant de nombreux méandres qui requerront toute l'attention du lecteur et il faudra attendre les dernières pages pour comprendre les vraies motivations qui animent la personne qui cherche à nuire à Jacob..

En résumé on a une histoire techniquement impeccablement construite qui démarre très lentement mais qui va peu à peu captiver le lecteur jusqu'à la dernière page...On pourrait reprocher, ici ou là, certaines invraisemblances du récit, mais c'est la vraisemblance psychologique qui importe, et de ce point de vue, le roman est plutôt réussi.

Toute l'histoire est par ailleurs délicieusement amorale ce qui la rend à la fois cruelle et jubilatoire.

Jean Hanff Korelitz

Jean Hanff Korelitz

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commentaires

R
Un roman très intéressant sur le thème de l'écriture, et une construction en abîme originale : décidément, tu es un spécialiste et un érudit du polar ! Un genre que je connais mal.<br /> Ta présentation me donne envie de le lire.<br /> <br /> <br /> Belle soirée, AJE
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A
Je suis très loin d'être un érudit car la production de romans policiers est tout simplement énorme mais le polar est clairement un genre que j'affectionne particulièrement. J'aime les auteurs qui savent observer, décrire les gens et les caractères. Un bon auteur est d'abord un bon peintre de la société dont il nous parle. C'est le cas dans ce roman-ci car l'autrice nous montre bien les différences de mentalités aux Etats-unis, suivant que les gens soient plutôt du sud, de la côte Est ou de la côte ouest, de la ville ou de la cambrousse. J'aime ressentir une authenticité dans les descriptions des gens et dans leurs dialogues. Par ailleurs dans ce roman Jacob est prof et certaines de ses difficultés m'ont rappelé certains souvenirs personnels (comme, par exemple, l'éleve mal elevé et retors avec qui Jacob essaie de trouver un compromis pour éviter des conflits...mais il y a des élèves avec lesquels on n'arrive jamais à obtenir une forme de respect mutuel...c'est comme ça).<br /> Il y a aussi le thème du manque de crédit du prof vis-à-vis de ses étudiants: une situation qui, dans la réalité, devient de plus en plus fréquente...il n'est pas rare dans le monde réel que des professeurs se voient obligés d'accepter des heures de formation dans des domaines dans lesquels ils n'ont pas acquis de vraie compétence (et forcément, ça se ressent dans leurs cours qui sont ennuyeux à mourir et dans lesquels ils ne peuvent mettre aucun vécu).<br /> Sans vouloir entrer dans les détails de cette histoire, Korelitz aborde également dans ce roman des sujets et comportements tabous comme par exemple l'absence totale d'amour d'une mère pour sa fille dont la naissance n'était pas désirée. J'ai vu cette semaine à ce sujet une vidéo d'une mère qui au bout de 3 ans avait fini par craquer et avait renoncé à ses droits parentaux...bouleversant, et ce n'était pas de la fiction. Cette vidéo la voici<br /> https://www.madmoizelle.com/regret-maternel-elle-renonce-a-ses-droits-parentaux-sur-sa-fille-de-3-ans-1395857<br /> <br /> Bonne fin d'après-midi l'amie
M
Ce thème a déjà été exploité dans un ou deux livres et films mais je suis incapable de me souvenir des titres et des noms des auteurs...<br /> Ton roman semble néanmoins passionnant!
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A
Le thème de l'angoisse de la page blanche apparaît dans certains romans comme SHINING de Stephen King...le thème du roman dans le roman est aussi dans SAC D'OS de Stephen King (que je n'ai pas encore lu)...et, comme par hasard, Stephen King a beaucoup aimé LE PIEGE de Korelitz puisqu'il a écrit: "« Un suspense qui explose tous les critères habituels. C’est remarquable ! ».<br /> Le seul reproche que je fais c'est la lenteur au démarrage. Au début du roman Korelitz donne beaucoup d'explications sur les différentes stratégies que peuvent adopter les jeunes auteurs américains pour se faire publier (c'est instructif mais ça ne me passionnait pas particulièrement).<br /> Sans être aussi dithyrambique que Stephen King je reconnais que Korelitz a tissé une trame particulièrement habile, et qu'elle a utilisé un procédé narratif original avec ce roman dans le roman. Les personnages secondaires ne sont pas bâclés, sont toujours intéressants et donnent de la consistance au récit. Mais ce sont surtout les affres et les dilemmes de Jacob qui m'ont tenu en haleine. Korelitz a réussi à me faire souffrir avec son héros...J'ai dévoré le dernier tiers du livre dont le rythme va crescendo.
L
Et bien l'intrigue semble passionnante. <br /> Moi à la place de l'écrivain j'aurais rendu hommage au propriétaire disparu de l'idée en ajoutant un petit mot au debut du roman "d'après une idée formidable de X, paix à son âme". <br /> Celà suffit-il dans la réalité, juridiquement parlant, à écarter les prétentions de la famille ?
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A
Ta proposition est la plus sensée mais si on se place dans le contexte américain, on peut considérer qu'un auteur qui a signé un best-seller, s'il est convaincu de plagiat, serait définitivement "grillé" et mis à l'index.<br /> Ceci étant dit, et sans vouloir dévoiler l'intrigue, je peux quand même te dire que Jacob aurait été bien avisé de suivre tes sages conseils...-)<br /> PS: Joel Dicker avait été accusé d'avoir plagié dans LA VERITE SUR L'AFFAIRE HARRY QUEBERT le roman de Philip Roth LA TÂCHE. Pour avoir lu les 2 romans je considère que les éléments de similitude flagrants ne sont pas suffisants à mes yeux pour constituer un délit de plagiat.