Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 septembre 2019 6 21 /09 /septembre /2019 07:47

Bonjour les amis,

Il y a quelques jours je vous parlais de PARASITE le dernier film de de Boog Joon-Ho qui a obtenu la palme d' or au festival de Cannes.

http://alea-jacta-est.ex-posteur.over-blog.com/2019/09/parasite.un-film-coreen-en-forme-de-metaphore.html

Et un ami a attiré mon attention sur un film antérieur de ce réalisateur, datant de 2003 et intitulé MEMORIES OF MURDER, et donc, je l'ai visionné cette semaine. En voici le synopsis :

En 1986, dans la province de Gyunggi, le corps d'une jeune femme violée puis assassinée est retrouvé dans la campagne. Deux mois plus tard, d'autres crimes similaires ont lieu. Dans un pays qui n'a jamais connu de telles atrocités, la rumeur d'actes commis par un serial killer grandit de jour en jour. Une unité spéciale de la police est ainsi créée dans la région afin de trouver rapidement le coupable. Elle est placée sous les ordres d'un policier local et d'un détective spécialement envoyé de Séoul à sa demande. Devant l'absence de preuves concrètes, les deux hommes sombrent peu à peu dans le doute...

Cela commence un peu comme une version asiatique du SILENCE DES AGNEAUX dans la Corée de 1987.

Les meurtres ont lieu à la campagne et Joon-Ho nous dépeint un monde rural assez glauque, encore très arriéré, très éloigné de la vision actuelle moderniste qu'on a de la Corée....On marche dans la bouillasse, les locaux de la police sont vétustes, délabrés. Les logements des protagonistes sont pratiquement insalubres...

Seules les images de la nature environnante contrastent de manière rafraîchissante avec l'univers terne, gris et désespérant des villages et des usines...

La police locale ne dispose d'aucun moyen sérieux d'investigation et leurs méthodes sont un résumé de tout ce qu'il ne faut pas faire, ce qui donne lieu à de nombreuses scènes assez burlesques...

Deux enquêteurs sont sur l'affaire, le flic local qui essaie de la jouer à l'instinct et l'inspecteur qui vient de la capitale et dont les méthodes sont plus rationnelles.

Boon-Ho dénonce les conditions complètement abusives des gardes à vue ainsi que l'usage systématique de la violence et de la torture pour obtenir des aveux des suspects.

Les fausses pistes se multiplient, l'enquête avance et nous permet de découvrir une Corée où se mêlent modernité et croyances archaïques, un pays qui vit sous la menace d'une possible guerre avec son voisin du Nord, un pays où peurs et angoisses sont refoulées de manière collective.

Et puis le film finit par échapper complètement aux standards habituels du genre. Le mal est présent , bien réel, mais demeure insaisissable et plonge nos 2 flics dans un doute permanent. On perd ses repères et aucune des deux méthodes d'investigation ne permet d'acquérir la moindre certitude.

MEMORIES OF MURDER c'est l'histoire d'un échec désespérant. Le Mal est parmi nous et peut offrir un visage ordinaire...

Encore une fois, et tout comme dans PARASITE, le film est une grande métaphore de la société. L'histoire est menée de main de maître sur un rythme trépidant et ne laisse jamais au spectateur le temps de souffler.  

Et contrairement à PARASITE pour lequel j'avais émis une petite réserve, dans MEMORIES OF MURDER Joon-Ho maîtrise complètement son sujet et nous offre un film cohérent de la première jusqu'à la dernière image.

Le film commence avec des enfants à la campagne qui se moquent de l'enquêteur en l'imitant, et puis on comprend à la fin que ce n'est pas un simple hasard...

Memories of murder...ou quand le mal est présent et insaisissable...

Alors, la petite surprise supplémentaire pour moi c'est qu'après avoir vu ce film avec 16 ans de retard, il se trouve que l'actualité nous en reparle depuis la semaine dernière. En effet, ce film raconte une histoire vraie  de serial killer et il semblerait qu'avec plus de 30 ans d' écart la police coréenne ait finalement réussi à identifier le vrai assassin...Une bonne occasion de plus pour voir ce film que je recommande chaudement.

Partager cet article
Repost0

commentaires

F
J'ai vu cet excellent film l'année dernière ou il y a deux ans au cinéma.<br /> Le cinéma coréen est vraiment très impressionnant .<br /> l'année dernière j'avais vu cet excellent film aussi.<br /> http://fatizo.over-blog.com/2018/11/the-spy-gone-north-de-yoon-jong-bin.la-realite-plus-forte-que-la-fiction.html<br /> IL y a aussi le cinéma plus intello de Hong Sang-soo, le compagnon de Kim Min-hee (Mademoiselle) .<br /> Et bien sur les films de Chan-wook Park.<br /> Et puis il y a les filles coréennes.<br /> Bonne nuit l'ami.
Répondre
A
Merci pour le lien. Je vais essayer de voir ce film...Tout comme toi je suis très sensible au charme des coréennes : elles me font fondre comme un caramel mou...-). Je vais faire sous peu un papier sur LE TRAITRE de Marco Bellocchio que j'ai vu et qui sortira en France le 30 Octobre : une grande fresque de 2h40 minutes, magnifiquement interprétée et avec des moments assez flamboyants de mise en scène...
F
J'ai oublié de mettre le lien pour le cinéma plus intello de Hong Sang-soo, ou l'on retrouve la superbe Kim Min-hee.<br /> https://www.youtube.com/watch?v=H1og1glrfKc<br /> A propos des filles coréennes, en tout cas celles que je connais, elles sont vraiment magnifiques à tous les niveaux .<br /> Un charme fou,intelligente, un humour fin et malicieux, très cultivée, une grande sagesse. Bref, on ne peut qu'être séduit.
A
J'ai vu grâce à toi certains des films que tu cites et je ne peux qu'abonder dans ton sens. Ces réalisateurs ont parfaitement assimilé toute la culture cinématographique occidentale mais ils sont aussi capables d'apporter des éléments spécifiques à leur culture. Dans le cas de MEMORIES OF MURDER c'est évident que Joon-Ho a vu tous les grands thrillers anglo-saxons mais il a réussi à aborder ce genre sous un angle nouveau et tout aussi universel. Il se permet même le luxe de faire des clins d'oeil à ses aînés américains. Par exemple, au lieu d'une poursuite échevelée en voiture, on a droit à une poursuite à pied dans la gadoue qui se termine dans une usine où le suspect se perd et où tous les prolos se ressemblent et constituent une masse informe accomplissant des tâches harassantes dans une mine .... La fin du film est très bien amenée (et acceptée...) et interpelle le spectateur. Le film atteint une certaine grandeur et aussi une dimension universelle.<br /> Bonne journée l'ami<br /> PS nº1 : c' est vrai que le cinéma coréen offrent de très beaux rôles aux femmes et qu'on est souvent séduit et subjugué par leur charme...<br /> PS nº2: c'est quand même assez cocasse que je voie ce film avec 16 ans de retard et que justement l'enquête policière rebondisse la même semaine...<br />
R
Un film qui renouvelle le genre du polar, un mélange de réalisme et d'humour, une dénonciation des injustices sociales... un film qui paraît intéressant par bien des aspects... j'ai lu de très bonnes critiques...<br /> <br /> Belle soirée, AJE
Répondre
A
On retrouve bien l'humour saignant de PARASITE. Par exemple, Jonn-Hoo coupe un gros plan de scène d'autopsie sur un cadavre en putréfaction, pour passer brutalement à un autre gros plan de scène de cuisine dans laquelle le protagoniste fait revenir une viande bien rouge dans une poêle...Le spectateur, lui, a bien évidemment l'appétit coupé ! Ce film est à la fois un thriller avec des scènes de suspense très hitchcockiennes mais il offre aussi une belle peinture sociale de la Corée rurale de cette époque. Tout comme dans l'affaire Grégory par exemple les erreurs énormes des enquêteurs finissent par provoquer des drames dans le drame. et puis le film finit par atteindre une dimension quasi existentielle sur la nature du Mal, invisible, insaisissable mais bien réel...<br /> Bonne fin de soirée l' amie
L
Donc c'est une histoire vraie...
Répondre
A
Oui c'était la première vraie affaire de serial killer en Corée et les autorités n'étaient vraiment pas préparées pour gérer ce genre de situation. Leur police n'était pas encore dotée de" profiler" et du coup il y a eu pas mal d'improvisations dans l'enquête...dont certaines étaient à la limite du ridicule...
M
Nous l'avons vu à la Télé il y a quelques semaines. Ce n'est pas mal du tout. J'aime beaucoup ce réalisateur.<br /> Bonne soirée,<br /> Mo
Répondre
A
En fait on trouve déjà dans ce film les qualités de PARASITE (et les défauts en moins...) et notamment le mélange bien dosé d'horreur et de burlesque. Ce genre de polar nous apprend plus sur la société coréenne de l'époque que n'importe quel documentaire. J'ai beaucoup aimé...<br /> Bonne fin de soirée Mo