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25 mars 2019 1 25 /03 /mars /2019 18:04

Bonjour les amis,

Je vous parlais il y a 3 jours de notre 3 ème répétition du Carmina Burana.

http://alea-jacta-est.ex-posteur.over-blog.com/2019/03/iam-amore-virginali-totus-ardeo.html

Les textes latins de cette oeuvre datent du XII ème siècle et avaient été écrits par des goliards (qui étaient des clercs itinérants), des prêtres défroqués ou des étudiants vagabonds, et je vous avais expliqué qu'il y avait dans ce recueil des scènes à caractère sexuel étonnament explicites et parfois assez drôles.

Au programme de ce samedi nous devions répéter IN TABERNA QUANDO SUMUS, et je m'étais trompé dans ma liste de travail. Je suis donc arrivé à cette session sans avoir étudié ni la partition, ni le texte.

Et là, je découvre un texte profane qui est l'une des chansons à boire les plus orgiaques de tous les temps.

Ce morceau c'est une cuite monumentale !

C' est du Frédéric Dard, mais en latin...

Je vous passe d' abord le morceau avec les paroles originales sur la vidéo, suivi d' une traduction française.

La pièce comporte des parties bien différenciées, et elle est chantée uniquement par les hommes (basses, ténors et barytons). In taberna quand sumus est l'un des moments forts pour nous...

Voici maintenant la traduction (très approximative...mais fidèle à l'idée générale).

Quand nous sommes dans la taverne
que nous importe de n'être que poussière ,
mais nous nous hâtons pour les jeux ,
qui nous mettent toujours en sueur
Ce qui se passe dans la taverne
où l'argent est le roi
ça vaut le coup de demander
et d'écouter ce que je dit.

Certains jouent , certains boivent ,
d'autres vivent sans pudeur
De ceux qui jouent ,
certains se retrouvent nus 
certains sont rhabillés
d'autres sont mis à sac .
Personne ici ne craint la mort
mais ils misent le sort pour Bacchus .

Le premier est pour le tournée ,
puis les affranchis boivent ,
une autre fois pour les prisonniers ,
une troisième pour les vivants ,
une quatrième pour les Chrétiens ,
une cinquième pour les fidèles défunts ,
une sixième pour les sœurs légères ,
une septième pour la troupe en campagne .

Une huitième pour les frères pervertis ,
une neuvième pour les moines dispersés ,
une dixième pour ceux qui naviguent
une onzième pour les plaideurs ,
une douzième pour les pénitents ,
une treizième pour les voyageurs ,
une pour le pape une pour le roi
tous boivent sans loi .

La patronne boit , le patron boit ,
le soldat boit , le prêtre boit ,
celui-ci boit , celle-ci boit ,
l'esclave boit avec la servante ,
l'agile boit , le paresseux boit ,
le blanc boit , le noir boit ,
le pondéré boit , l'inconstant boit ,
le fou boit , le sage boit ,

Le pauvre et le malade boivent ,
l'exilé et l'étranger boivent ,
l'enfant boit , le vieux boit ,
l'évêque et le doyen boivent ,
la sœur boit , le frère boit ,
la vieille boit , la mère boit ,
celui-ci boit ,celui-là boit ,
cent boivent , mille boivent .

Six cent pièces filent
vite , quand , sans retenue
tous boivent sans fin .
Mais ils boivent l'esprit gai ,
ainsi nous sommes ceux que tous méprisent
et ainsi nous sommes sans le sou ,
Ceux qui nous critiquent iront au diable
et avec les justes ne seront pas comptés .

Voici maintenant une mise en scène de "In taberna quando sumus"  à 7 minutes 43 secondes sur cette vidéo.

Sur l'extrait ci-dessus on entend aussi deux pièces que nous avons travaillé ce samedi, OLIM LACUS COLUERAM et EGO SUM ABBAS  entre 3 et 8 minutes.

J'aime beaucoup les solos du baryton sur OLIM LACUS qui déclame sur une mélodie un peu étrange et assez magnétique.

Notez au passage que dans cette taverne les cygnes font une triste fin...

Je terminerai en vous disant que CARMINA BURANA est une oeuvre haute en couleurs, très dense et dynamique, et que la partition est bourrée d'indications de la part de Carl Orff qui voulait lui donner du relief et éviter toute lourdeur, pesanteur ou monotonie.

 

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commentaires

R
Un rythme assez vif pour cette chanson à boire, comme une invitation urgente à profiter de la vie...<br /> C'est étonnant !<br /> <br /> Belle soirée, AJE
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A
L'oeuvre est étonnante à bien des égards. On n'imagine pas un texte aussi explicite et parfois aussi paillard au XII ème siècle. Le rythme est très soutenu et demande pas mal de concentration de la part des chanteurs pour essayer de respecter toutes les nuances que demande Carl Orff. L'idéal serait de le mémoriser complètement mais ce n' est pas facile de mémoriser un texte aussi long en latin et qui va être prononcé de manière aussi rapide. Quand on chante MISER MISER par exemple, Carl Orff demande aux chanteurs de ne pas bien chanter, mais de prendre une voix étranglée...Ce sont les cygnes qui se font zigouiller pour passer à la casserole...-). L' orchestration est très moderne parfois. Les instruments sont moqueurs aussi.<br /> Bonne fin de soirée l' amie
L
Bibit, bibunt... Tous boivent ! Je vais aller à l'irish pub boire une petite Guinness, la grande je ne peux pas la finir... :-)))
Répondre
L
Je vous imagine le chantant tous bourrés :-)
A
Je te souhaite une bonne dégustation !<br /> Avoue que Carmina Burana est plein de surprises. L'autre jour je parlais de sexe et là, dans ce fragment, tout le monde picole, même les bébés. Un tel texte tomberait aujourd'hui sous le coup de la loi Evin...lol ! Encore une fois c'est assez jouissif de chanter ça en latin. Par ailleurs , le texte est si rapide que si tu as bu un peu, t'en places pas une ! Il vaut mieux être extrêmement concentré pour chanter ça et avoir tous ses esprits !