Bonjour les amis,
il y a quelques jours je vous faisais part de la manière très particulière avec laquelle je vivrai la demi-finale France-Belgique de ce soir. Une demi-finale durant laquelle je risque d' avoir des coups de coeur pour les deux équipes. Ce sera une partie à l' issue de laquelle je serai probablement content et triste à la fois.
Mais en tant qu' expatrié vivant éloigné de ces deux pays, je vivrai ce match de manière très intime, éloigné des manifestations tonitruantes de supporteurs, juste accompagné par la présence discrète de mon fils qui est un passionné lui-aussi.
De manière générale, je ne suis pas fan des ambiances bruyantes de tifosis. Lors d' un grand match j' aime être très concentré comme un joueur d' échecs attentif à tout ce qui se passe sur l' échiquier. Or les commentaires bavards et incessants des bons amis footeux me distraient parfois, me font perdre une partie de l' intensité du spectacle.
Finalement j' adore être seul devant mon poste pour voir un match important, et ensuite c'est un vrai plaisir que de le commenter en groupe, avec des amis, dans un bar ou en salle des professeurs. J' aime refaire le match en groupe mais je préfère le vivre seul et de manière très intériorisée.
Je ne vais pas trop m' étendre sur la partie qui va se jouer ce soir car quand on s' exprime trop sur un match à venir, le résultat n' est pas à la hauteur de l' attente.
Je voudrais juste partager avec vous deux réactions que j' ai trouvées dans la presse au sujet de cette rencontre et qui expriment bien les relations particulières qui nous lient avec nos voisins belges.
Voici les réflexions de Bruno Solo et de Jean-Louis Borloo.
France-Belgique : Amélie Nothomb, Eddy Merckx, Jean-Louis Borloo... ils ont dû choisir leur camp
La demi-finale de mardi réveille les vieilles rivalités entre ces deux pays voisins. Mais ce match montre aussi leurs liens très particuliers, comme en témoignent ces personnalités que nous av...
Commençons avec le commentaire très pertinent de Bruno Solo qui exprime des sentiments très proches des miens.
« J’ai habité longtemps en Belgique et je me sens une grande tendresse pour ce pays et son équipe, ma préférée avec la France. Si elle nous bat, j’aurais les boules, mais peut-être moins que si c’était une autre nation. Mais là, n’est pas le sujet, puisqu’on va les battre. Cette équipe est le ciment d’un pays étrange qui vit partagé entre Flamands et Wallons qui n’ont ni la même langue, ni la même mentalité ou la même culture. Ils ne s’entendent pas nécessairement, mais parviennent à faire des équipes soudées sous le maillot, le foot peut faire naître ce type de communion, ce qui est très émouvant. Mais la Belgique est un pays émouvant parce qu’il a quelque chose d’adolescent, à la fois un peu immature et capable de s’autogérer deux ans sans gouvernement.
Un pays complexe comme le sont les ados, capables de fulgurances fascinantes, d’une tendresse, d’une force et d’une intelligence incroyables et l’instant d’après d’une immaturité à rendre fou… On aurait à apprendre d’eux, sur l’autodérision et l’ironie par exemple. Les Belges ne sont pas arrogants, nous ne le sommes pas tous, mais la propension est plus grande en France qu’en Belgique. Solidarité et camaraderie n’y sont pas des notions feintes, c’est ancré, et ils ne sont pas artificiels dans leur manière d’envisager l’autre. Et puis ils aiment les mots, la langue. Les joueurs belges ont souvent l' amour de la phrase qui sonne bien - regardez Meunier au PSG - ce qu' on retrouve au cinéma ou dans leur littérature...Cette rencontre est un crève-coeur. Je soutiendrai les Bleus, bien sûr, mais m' attends à être traversé par des émotions contradictoires. Ma joie sera mesurée quand on les aura éliminés. Parce qu' on va les sortir, ils ont des flèches mais on en a d' autres ».
Voici maintenant le commentaire de Jean-Louis Borloo qui a été maire de Valenciennes, ma ville natale qui fait partie d' un bassin minier qui se partage entre les deux pays. Mon père, par exemple, était arrivé à 14 ans de son Italie natale pour travailler d' abord dans les mines belges près de Mons, puis était passé du côté français...
Mon oncle, quant à lui, était soudeur et avait travaillé durant de longues années à la " Franco-belge" , une société multinationale spécialisée dans la construction de matériel ferroviaire.
Voici ce que dit Borloo:
« Nous formons une seule et même famille. Nous partageons la même culture, le bassin minier est commun, le style de football est le même… A la grande époque, Papin (Jean-Pierre), Six (Didier) ont joué en France et en Belgique. Les Belges, ce sont nos frangins ! Les habitants du Hainaut sont autant belges que français. Les Valenciennois sont plus proches de Mons et du Hainaut belge que de Paris. Dire qu’il y a une frontière entre la France et la Belgique n’a même pas de sens. Ces deux pays ne font qu’un.
Les gens du Nord ont beaucoup de respect pour les Belges. Non seulement ils les adorent, mais ils les admirent un peu. De manière générale, sur le territoire national, on peut ressentir une gentille moquerie de temps en temps envers la Belgique, mais pas dans le Nord. Les Belges sont des gars du Nord, qui ont un peu plus réussi et qui sont un peu plus ouverts sur le monde. Il y a de la tendresse. Il y a le match, les acteurs et puis il y a Didier Deschamps. C’est le type le plus inouï du football. C’est un meneur d’hommes, un tacticien. Cette demi-finale, c’est Didier Deschamps contre le reste du monde. »
Voila. Tout est dit. Et maintenant laissons parler les footballeurs.
Ce soir, quelque soit le résultat, la culture sportive francophone sera mise à l' honneur et ira en Finale de la Coupe du Monde de football 2018.
PS: Moi, je suis comme les joueurs...Je suis déjà dans le match. ...très concentré...très pénétré par l' enjeu. Je descends en moi-même...Je vais passer ma journée à écouter de la musique...et ne plus rien lire au sujet de la rencontre...
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