Bonjour les amis,
Le dernier film de Woody Allen est déjà sorti en Espagne ce qui m' a permis de le voir pour vous avant qu' il ne soit projeté sur vos écrans le prochain 31 Janvier.
Voici le sinopsis:
Wonder Wheel croise les trajectoires de quatre personnages, dans l'effervescence du parc d’attraction de Coney Island, dans les années 50 : Ginny, ex-actrice lunatique reconvertie serveuse ; Humpty, opérateur de manège marié à Ginny ; Mickey, séduisant maître-nageur aspirant à devenir dramaturge ; et Carolina, fille de Humpty longtemps disparue de la circulation qui se réfugie chez son père pour fuir les gangsters à ses trousses.
Wonder Wheel nous raconte l' histoire de Ginny ( Kate Winslet) femme frustrée qui rêvait d' être actrice, qui a eu un enfant avec un batteur dont elle s' est séparée, puis qui s' est mariée avec Humpty ( James Belushi), un forain de Coney Island. Humpty est un homme rustre, qui a eu des problèmes avec l' alcool.Il est parfois violent mais il aime Ginny et la respecte ( c' est déjà ça...).Ils vivent dans un appartement bruyant situé au dessus de la grande roue du Parc d' attraction.Cette grande roue est évidemment une métaphore de leur vie et de leur destinée.Par ailleurs, c' est une excellente idée de scénariste de situer un drame au coeur d' un parc d' attractions, près de la plage,dans un lieu où les gens viennent massivement pour s' amuser et passer du bon temps.Il y a sans cesse un décalage et un contraste angoissant entre ce qui se passe entre les personnages, et l' environnement très festif...
Le film commence avec Carolina ( Juno Temple), la fille de Humpty, née d' un premier mariage et âgée de 26 ans, qui débarque dans la famille et qui revient auprès de son père chercher refuge alors qu' elle est menacée par des tueurs de la mafia.Le spectateur pressent rapidement que l' arrivée impromptue de Carolina au sein de la famille va provoquer de gros bouleversements et de grands désordres...
Je n' en dirai pas plus sur le scénario car le film va seulement sortir, et je ne veux dévoiler aucun élément de l' intrigue.
Ce quatuor de personnages ( Ginny-Humpty-Carolina-Mickey) va vivre des situations extrêmement tendues à cause des fortes passions qui animent certains des protagonistes.
Cette fois-ci, c' est pratiquement du théâtre filmé que nous propose Woody Allen.On pense beaucoup à Tenessee Williams et à son Tramway nommé Désir... passions, pulsions qui se libèrent, désirs charnels bruts, séductions, rêves d'amour, trahisons, infidélités, vengeances, monstruosités, mesquinités, instinct de vie,instinct de mort et de destruction...
Kate Winslet interprète de manière remarquable son rôle de femme frustrée,damnée ,mais qui n' a pas renoncé à la recherche d' un autre idéal de vie.Ginny-Kate Winslet- à l' aube de sa quarantaine, et forte de son expérience et de son potentiel de séduction, va tenter de reconstruire la vie dont elle avait rêvée (son personnage de serveuse dans un bar à huîtres qui tente d' échapper à un quotidien sinistre n' est pas sans nous rappeler celui de Blue Jasmine).Dans l' une des scènes finales du film Winslet se lance dans une tirade digne d' une tragédie grecque ( la petite serveuse qui se transforme en héroïne tragique, c' est bien vu ...et osé...pour une fois les grands rôles de femme au destin tragique ne sont pas réservés aux grandes bourgeoises glamour qui vivent dans le luxe ).Ginny tragique, disais-je, mais pathétique aussi...
Juno Temple est parfaite aussi dans son rôle de jeune héroïne tendre, innocente, pure, injustement traitée par la vie, qui a commis une erreur de jeunesse et qui veut faire acte de rédemption.
Dans ce film-ci on a droit à un Woody Allen noir, pessimiste,tragique, ...
Wonder Wheel ne laisse pas indifférent.On reste troublé par le caractère dramatique de certains protagonistes et par la nature tragique et inéluctable des liens qu' ils ont tissé entre eux.
Woody Allen maîtrise parfaitement son sujet.Le rythme ne se relâche jamais...et puis, encore une fois, il y a l' interprétation hors pair des acteurs pour nous accrocher: le casting est parfait.James Belushi nous touche aussi malgré ses aspects bourrus: on a de la sympathie pour lui, pour le brave père aimant qu' il est... Justin Timberlake aussi est très bien dans la peau du maître-nageur (narrateur) qui fait tourner la tête aux jeunes filles, et à leurs mamans aussi.
A noter la photographie exceptionnelle du film avec un grand travail sur les couleurs de la part de Vittorio Storaro.
Voici un extrait de la bande-son du film.Une chanson légère et rythmée au charme suranné et nostalgique qu' on entend de manière récurrente lors des scènes qui se passent dans le parc d' attraction.Une musique entraînante qui contraste volontairement avec la gravité du propos du réalisateur...