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12 juillet 2017 3 12 /07 /juillet /2017 07:16

Bonjour les amis,

Je viens de terminer la lecture d' un essai historique considéré par beaucoup comme le livre de l' année 2015,un livre qui a été vivement recommandé entre autres  par Bill Gates et par Mark Zuckerberg.

Il s' agit de SAPIENS, UNE BRÈVE HISTOIRE DE L' HUMANITÉ écrit par Yuval Noah HARARI, professeur à l' université hébraïque de Jérusalem.

SAPIENS...un passionnant récit qui remet en perspective toute l' histoire de l' humanité

Alors avant de vous parler moi-même de ce livre, je vous engage à lire d' abord la fiche wikipédia qui résume très bien la structure du livre en 4 parties ainsi que le contenu de l' ouvrage.

Alors ce que j' ai beaucoup aimé dans ce livre d' histoire, c' est d' une part qu' il remet un peu les pendules à l' heure et qu' il brise certains mythes, à commencer par celui de l' homme " bon sauvage" qu aurait vécu à une certaine époque en harmonie avec la nature sans en enfreindre les lois.Rien n' est plus faux.

Dès que l' homo-sapiens apparaît et qu' il n' est encore qu' un chasseur-collecteur, il fait irruption de manière singulière dans le règne animal, se comporte en prédateur qui fera disparaître systématiquement la plupart des grands mammifères de l' époque et une partie la faune et de la flore associées à ces êtres vivants.On peut considérer homo sapiens comme le premier serial-killer  de la planète. Harari apporte des pièces à conviction qui ne laissent plus aucun doute sur ce sujet car ses exemples sont trop nombreux et les coïncidences aussi.Que ce soit en Australie, en Tasmanie ou à Madagascar la disparition des grands mammifères correspond toujours avec l' arrivée de l' homme.Il est difficile d' attribuer la disparition par exemple du Diprotodon australien au changement climatique alors que cet animal avait survécu pendant des millions d' années à plus de 10 glaciations.Comme par hasard c' est avec l' arrivée de l' homo sapiens qu' il disparaît.

 

SAPIENS...un passionnant récit qui remet en perspective toute l' histoire de l' humanité

Harari multiplie les exemples.Et cela vaut aussi pour les amérindiens qui feront disparaitre du continent américain la majorité des mammouths et les grands mammifères.

Oublions donc cette idée d' un homo sapiens sage vivant en harmonie avec la nature environnante.C' est une image fausse.L' Homme intervient de manière significative, bouleverse tout et change tout, à chaque fois qu' il apparaît.

Par ailleurs Harari nous amène à réfléchir sur notre cohabitation avec les Neandertal en Europe centrale qui étaient humains également ( de la branche homo), plus proches de nous que les grands singes.Nous avons plus que cohabité avec le Neandertal: nous nous sommes croisés avec lui car on retrouve plus de 2% de son ADN dans le nôtre.Pourquoi Neandertal a t' il disparu ? Premier grand génocide de l' histoire ? Ou alors, l' homo sapiens étant plus performant que les Neandertal dans le domaine de la chasse  les aurait-il peu à peu acculé à la déchéance, puis à la disparition ?

Quoi qu' il en soit Harari essaie d' imaginer un monde où auraient cohabité deux espèces humaines différentes avec toutes les implications sociologiques, religieuses et politiques que ça aurait pu supposer.Cela aurait été une autre histoire complètement divergente mais elle n' a pas eu lieu  et ce n'est sans doute pas dû au hasard.

Donc dès le départ, la nature n' est jamais figée.Elle mute sans arrêt et n' obéit à aucune morale, ni à aucun ordre.Seuls les animaux performants survivent: c' est la seule loi qui vaille, celle de l' évolution énoncée par Darwin et qui n' a jamais été infirmée.

Preuve qu' il n' y a pas de grand dessein défini à priori, c' est que les territoires comme la Tasmanie ou Madagascar qui sont déconnectés du reste des continents voient se développer des espèces qui leur sont propres.A chaque territoire isolé, le projet de la vie a débouché sur des solutions nouvelles et originales.

Ensuite Harari analyse l' impact de la révolution qu' a supposé pour l' humanité le passage à l' agriculture.Ce passage va permettre à l' homo sapiens d' augmenter ses possibilités d' alimentation  mais en les appauvrissant aussi ( l' homme qui mange du riz pratiquement tous les jours).L' homme va se sédentariser mais son corps n' est pas vraiment adapté à l' agriculture, et il va donc le stresser, l'asservir...Peut-être que c' est le vrai début de notre chance et de notre infortune également.

L' agriculture aura des conséquences incommensurables sur notre environnement.L' homme brûle des grandes superficies, arrache des souches, déboise, etc...et fait disparaître une partie importante de la faune et de la flore, et en privilégie une autre.

Finalement il n' y a que les océans et la vie marine qui ne sont pas directement affectés et chamboulés par notre présence.

Dans la suite du livre, l' auteur s' attarde sur les élements-clés qui vont déterminer notre organisation sociale et politique.

L' apparition des monnaies qui facilitent les possibilités d' échanges.

L' avènement des monothéismes qui supplantent peu à peu toutes les formes de polythéisme et de croyances. Harari explique bien que les deux monothéismes dominants ( Christianisme et Islam) n' avaient  que de très faibles probabilités mathématiques d' émerger.Il s' interroge sur ce qui a poussé Constantin 1er à imposer le christianisme dans l' Empire romain déclinant.Une chose est sûre: le pari fut gagnant.L' auteur explique que les monothéismes accroitront de manière très significative l' intolérance des hommes et que ceux-ci imposeront leurs croyances par la force des armes.

Harari en profite pour mettre en valeur les apports spirituels du Bouddhisme qui est une forme de religion sans Dieu ( en tout cas,où Dieu n' intervient pas directement) car c' est l' homme qui doit trouver au fond de lui les sources de son propre bonheur.

Puis viennent dans le livre les points de passage obligés à toute histoire de l' humanité.

D' abord la découverte des Amériques, et le bouleversement politique et écologique que cela supposera.L' éradication de civilisations entières.Là encore, Harari nous explique qu' avant Cristophe Colomb il y a eu d' autres empires qui ont envoyé des milliers d' hommes sur les océans pour découvrir de nouvelles terres mais qu' ils n' en n' ont retiré pratiquement aucun profit, aucun avantage.Les 3 petites caravelles de Colomb provoqueront bien plus de bouleversements que la flotte du chinois Zeng He armé de 70 vaisseaux et de plus de de 30 000 hommes.Toutes les nombreuses découvertes de Zeng He durant ses 7 voyages ne déboucheront sur aucune expansion, alors que les 3 petites caravelles de Colomb changeront le destin de l' humanité et provoqueront un cataclysme.La différence entre l' Europe et le reste du monde est politique, économique et culturelle.En Europe les rois et les princes ont besoin d' or, de beaucoup d' or...

Harari nous relate ensuite la naissance du capitalisme moderne associé à la création de la monnaie, une monnaie qui naît du crédit.Le crédit va devenir le moteur de la révolution industrielle.L' humanité ne pensera plus en terme de gâteau à partager mais en terme de gâteau qui peut devenir infiniment grand grâce à l' exploitation des colonies.Il explique comment certaines villes dynamiques marchandes comme Amsterdam supplanteront certains royaumes croulant sous les dettes de leurs rois.

Alors que la vie sur Terre est le fruit d' une évolution incessante, dans la dernière partie de l' ouvrage Harari annonce que c' est l' homme qui est devenu Dieu.Que la vie n' est plus dominée par les mutations génétiques, ni par les aléas de l' évolution mais que c' est l' homme qui, en intervenant sur les gènes des plantes, des animaux, et finalement sur ceux de ses congénères devient le grand architecte de son devenir,et du futur de la planète.

 

Dans bien des chapitres du livre Harai met le doigt sur les aléas et singularités de notre trajectoire.Il pose souvent la question: " Et si ça s' était passé autrement ? " en nous démontrant que d' autres chemins étaient réellement possibles.Il essaie de démêler ce qui était inéluctable et ce qui est le fruit de hasards.

Par ailleurs, l' auteur  se soucie à chaque époque de réfléchir sur notre bonheur.En quoi sommes-nous plus heureux que Cro-Magnon ?

Bien évidemment nous vivons bien plus longtemps que lui, nous bénéficions de médecines puissantes.Nous nous sommes libérés de bien des souffrances.Nous vivons dans le confort, et ne passons pas toute la sainte journée à être obnubilés par le fait de devoir nous alimenter.

Mais  qu' est ce qui fait qu' une personne est plus heureuse qu' une autre au XXI ème siècle ? Dans quelle mesure notre bonheur n' est -il pas lié au consumérisme social ? Sommes-nous capables d' y échapper ?

Ne sommes nous pas dépendant de la consommation tout comme un junkie qui a besoin de sa dose d' héroïne pour se sentir bien ?

Le concept même de consommation s' est imposé dans tous les domaines: d' abord les biens matériels que nous convoitons mais aussi les sentiments , les amours,notre sexualité, nos aventures...Tout est devenu une affaire de consommation.

Par ailleurs, tous nos progrès ont élevé le degré du stress que nous infligeons à notre corps et que nous devons gérer pour préserver notre bonheur.

L' auteur essaie d' apporter des lignes de réflexion sur  notre liberté et le bonheur qui y est associé.Il s' attache surtout à démonter des mythes, des croyances que nous croyons fermement établies.SAPIENS est un livre qui relativise, qui remet en perspective, qui permet de nous resituer dans le cosmos.

Je terminerai en parlant du ton souvent provocateur de l' auteur qui aime rompre nos schémas de pensée préétablis.

Pour lui,en dehors des sciences, il n' y a pas d' ordre, pas de lois naturelles, pas de vérité définitive gravée dans le marbre: il n' y a que des fictions inventées par les hommes qui ne sont pas gravées dans notre ADN comme la déclaration de la constitution américaine ou la charte des droits de l' homme.

Il y a dans son livre aussi pas mal d' humour.

Le ton de ce bouquin m' a rappelé dans une certaine mesure celui du SINGE NU de Desmond Morris que j' avais adoré dans les années 70.

SAPIENS est un ouvrage qui nous permet de nous resituer, de prendre de la hauteur et du champ.C' est aussi un livre qui nous pousse à nous poser certaines questions auxquelles on n' aurait jamais songé.

SAPIENS, traduit en 30 langues a reçu le prix littéraire du savoir et de la recherche.

Pour ma part, je me suis régalé à la lecture de ce livre.Impossible d' être d' accord avec tous les points de vue de l' auteur mais là n' est pas le problème.Le livre n' est jamais faux mais forcément incomplet car c' est impossible de faire tenir l' histoire de l' humanité en 400 pages .L' intérêt du livre est ailleurs:il nous ôte nos oeillères et invite à la réflexion, à la relativisation...

Nota Bene: il ne vous aura pas échappé que le sous-titre du livre d' Harari est à mettre en parallèle avec " Une brève histoire du temps" de Stephen Hawking, le célèbre astrophysicien.

Hawking et Harari possèdent ceci en commun qu' ils sont tous deux athée et qu' ils considèrent que l' univers n' a pas besoin de Dieu pour exister.

Voici pour ceux que ça intéresse une interview de l' auteur donnée à Télérama.

 

 

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commentaires

L
24 euros broché, 17 euros pour le Kindle... J'attendrai un peu pour le lire... mais ça a l'air passionnant !
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A
Là, pour le coup je n' hésite pas à faire de la pub pour ce livre.Je ne connais aucune personne de mon entourage qui l' ait lu et qui ne l' ait pas aimé, y compris chez les profs d' histoire qui sont toujours très critiques.Cette mise en perspective de nos dernières 150 000 années est vraiment passionnante et ouvre l' esprit.<br /> Bonne journée l' ami
F
Toutes ces réflexions ont l'air bien passionnantes.<br /> Le rôle de l'homme face au monde qui l'entoure ,avec la destruction que tout cela génère (j'entendais hier que la girafe, le rhino, le guépard...., allaient bientôt disparaître de la planète). Des réflexions sur la religion, la philosophie, le bonheur .<br /> https://www.youtube.com/watch?v=R1wAXsbVlHE<br /> Bonne soirée l'ami.
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A
J' ai lu le bouquin d' Harari avec tellement d' avidité que lorsque je suis arrivé à la dernière page j' ai été tenté de reprendre la lecture depuis le début.Je l' ai probablement lu trop vite et certains passages auraient mérité que je me prenne le temps de la réflexion, pour prendre la mesure des conséquences de certaines affirmations.<br /> Jacques Chancel avait pour habitude de poser à ses invités la dernière question suivante " Et Dieu dans tout ça ? "...tandis qu' Harari lui sait prendre des pauses dans son récit pour se poser la question: " Et le bonheur dans tout ça ? "<br /> Or l' idée du bonheur est tellement singulière, originale et propre à chaque individu qu' il est difficile d' aborder cette question sans énoncer des platitudes, mais Harari arrive à apporter des éléments de réponse qui s' inscrivent dans son histoire de l' évolution ( voir l' extrait que j' ai mis dans ma réponse à Rosemar).<br /> Enfin, alors que l' humanité va nécessairement aborder une crise écologique terrible, il parait de première importance d' avoir une juste perception de nos dernières 150 000 années.Nous avons commencé par être le fruit d' une évolution et d' une certaine manière en avons été les vainqueurs indiscutables, puis nous avons bouleversé cette évolution, et maintenant on peut affirmer que les changements à venir ne seront plus le fruit de l' évolution naturelle mais de l' ingéniérie humaine.Certains croient que la nature reprendra ses droits mais rien n' est moins sûr à moins que nous ne disparaissions complètement...Nous devenons que nous le voulions ou pas les grands architectes de notre devenir.<br /> Merci pour la chanson de Sheller qui est simple et sublime à la fois.<br /> Bonne journée l' ami
R
Merci pour ce conseil de lecture : un ouvrage qui a l'air des passionnant, d'autant qu'il évoque des perspectives : l'homme qui se transforme en dieu... c'est un peu inquiétant.<br /> Voici un extrait d'une interview de l'auteur :<br /> <br /> "je pense que dans le futur, les humains vont utiliser la technologie pour se transformer en dieux. Et je le pense de façon littérale, pas métaphorique. Les humains sont sur le point d’acquérir des capacités qui étaient traditionnellement considérées comme des capacités divines."<br /> <br /> <br /> https://www.science-et-vie.com/sapiens-une-breve-histoire-de-lhumanite<br /> <br /> Belle soirée AJE
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A
Oui pour Harari Dieu n' existe probablement pas, et en tout état de cause s' il est une puissance qui s' en est attribué le rôle de " grand architecte" de l' évolution, c' est bien l' homme.<br /> A la fin de l' ouvrage Harari parle du projet humain non pas d' immortalité mais plutôt de ce que lui appelle l' amortalité. Nous deviendrions des êtres capables de vivre de manière indéfinie et de nous régénerer perpétuellement sauf accident ou maladie grave.<br /> Merci pour ce lien qui complète de manière très heureuse mon billet.<br /> Je vais reprendre ce que Harari dit du bonheur.Sa lecture me donne parfois des frissons tant sa pensée est pertinente et lucide..<br /> "Bien que les humains soient particulièrement doués pour acquérir le pouvoir, ils ne semblent pas très bons pour le transformer en bonheur. De ce fait, en 2015, nous sommes bien plus puissants qu’auparavant, et notre vie est certainement bien plus confortable que par le passé. Il est pourtant discutable que nous soyons bien plus heureux que nos ancêtres. En comparaison de ce qu’ont rêvé la plupart des gens dans l’histoire, nous vivons au paradis. Mais pour une raison inconnue, nous n’en avons pas l'impression. Une explication, est que le bonheur dépend moins de conditions objectives que de nos propres attentes. Les attentes, cependant, ont tendance à s’adapter aux conditions. Quand les choses s’améliorent, nos attentes enflent en proportion, et ainsi, même les améliorations substantielles de nos conditions de vie nous laissent aussi insatisfaits qu’avant. Une autre explication, est que nos attentes et notre bonheur sont tous deux déterminés pas notre système biochimique interne. Et notre système biochimique interne, n’a pas vraiment d’intérêt au bonheur. Il a été formé par l’évolution, de façon à augmenter nos chances de survivre et de nous reproduire, et l’évolution a fait en sorte que, quoi que nous achevions, nous restions éternellement insatisfaits, perpétuellement à la recherche de plus. Au niveau le plus fondamental, notre réaction instinctive au plaisir n’est pas la satisfaction, mais la recherche de plus de plaisir. Ainsi, peu importe ce que nous achevons, cela n’augmente que notre appétit pour plus, pas notre satisfaction. Ceci explique pourquoi l’humanité a eu autant de succès pour conquérir le monde, et acquérir une puissance immense, mais n’a pas réussi à changer tout ce pouvoir en bonheur."<br /> Bonne journée l' amie