Bonjour les amis,
Samedi dernier s' était tenue en Espagne la cérémonie des GOYA ( équivalent hispanique des CESARS français).
Le GOYA du meilleur film espagnol a été attribué à La colère d' un homme patient,de Raúl Arévalo qui sortira en France aux alentours du 26 Avril prochain.
Ce film avait été présenté au festival de Venise et avait bénéficié d' une très bonne réception de la part de la critique.
Voici le synopsis du film
Curro sort de prison au bout de huit ans : il est le seul à avoir été coincé lors du braquage d'une bijouterie à Madrid, et n’a pas dénoncé ses complices.A sa sortie, il est contacté par un mystérieux José, un homme solitaire et taciturne...
Ce film est un thriller d' une facture classique.Il commence par un mystère.Qui est José ? quelles sont ses motivations ? Et on comprendra rapidement qu' il s' agit d' une histoire de vengeance.
Alors, ce que j' ai apprécié dans ce film, c' est d' une part son classicisme, sa rigueur dramatique,l' originalité du scénario,sa simplicité et le rythme de la narration.Le film n' est pas trop long et ne se perd pas en méandres inutiles. On avance de manière intriguée avec nos trois héros Curro, sa copine Carmen et José, en se demandant ce que les manoeuvres de ce dernier vont provoquer.
Mais j' ai surtout adoré dans ce film son REALISME DUR.On est scotché par certains personnages qui crèvent l' écran.Leur violence souvent contenue ( mais pas toujours) installe un climat et une tension à couper au couteau.Les personnages secondaires sentent la rue, la survie en milieu urbain...On est bien dans le Madrid des années de crise et il n' y a pas de héros glamour ici.Ça sent la sueur,les gueules mal rasées et les couteaux qui peuvent jaillir à tout instant.
Le film nous propose une vraie plongée dans différentes couches de la société espagnole:des quartiers populaires de Madrid jusqu' à l' ambiance joyeuse d' une fête villageoise dans la région de Ségovia.
Tous les personnages secondaires sont très bien caractérisés et authentiques.Ils sont plus vrais que nature.Que ce soit les petits loubards de banlieue qui s' entraînent dans une salle de boxe, ou les petites mamies qui connaissent les noms de tous les habitants du village depuis 3 ou 4 générations,ils sont tous criant de vérité.
Arévalo qui est un acteur très populaire en Espagne, s' est essayé pour la première fois derrière la caméra , et c' est plutôt une réussite.Il vient de signer un bon polar.
Il nous embarque dans une mortelle randonnée.Parfois on pense à Hitchtcock, à La nuit du chasseur,au Vieux fusil, et parfois on pense au film La Balance et à ses personnages secondaires si authentiques.
C' est du cinoche qui cogne, avec des personnages crédibles qui en ont et qui nous attrapent par les tripes.
Curro et Carmen forment un couple en crise qui nous émeut.Carmen qui est en plein doute...et Curro, lui, est un personnage très entier,au caractère impulsif,un loser, mais prêt à aller très loin pour tenter de ne pas perdre sa Carmen.
Arévalo sait aussi créer de belles montées de tensions dramatiques durant lesquelles le spectateur s' interroge, s' angoisse et imagine plusieurs issues possibles...
Les scènes de violence ne sont pas kitsch, ni complaisantes,ni gratuites, et nous saisissent d' effroi et d' horreur.
C' est un film où les "méchants" réapparaissent quelques années plus tard transformés par la vie, sous un visage parfois très humain, repenti ou très fragile.C' est la partie la plus originale du film.Le spectateur se demande si la vengeance a encore du sens,s' il s' identifie toujours au héros , et si celui-ci va finalement renoncer partiellement à son projet...Le film maintient le suspense.
Ira t' on jusqu' au bout ou non ?
Je ne vais pas parler de la fin,mais, alors que le film semblait se diriger vers une conclusion assez conventionnelle, Arévalo relance la tension dramatique et nous réserve quand même une petite surprise...
TARDE PARA LA IRA, c' est plutôt pas mal pour un premier film.Je ne me suis pas ennuyé une seule seconde et j' ai beaucoup aimé les trois personnages principaux.