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2 octobre 2016 7 02 /10 /octobre /2016 08:36

Bonjour les amis,

Nous avons vécu une semaine folle, folle, folle en Espagne mais pour pouvoir suivre le fil des évènements il vous faut lire d' abord ce bref article sur la complexité de la situation politique ibérique

La démission en bloc de 17 délégués du comité éxécutif du parti socialiste pour tenter de faire tomber le secrétaire général Pedro Sanchez a été un moyen assez inédit, autorisé par les statuts du Parti, certes,mais qui ressemblait fort dans l' esprit à un putsch téléguidé par les barons du parti ( et aussi par l' ancien président Felipe Gonzalez).

De nombreux barons n' avaient aucune envie d' aller vers des 3 èmes élections qui s' annonçaient catastrophiques et ne croyaient pas en la possibilité de former un gouvernement alternatif.Donc nombres d' entre eux étaient favorables à une abstention socialiste pour finalement laisser Rajoy gouverner tout en étant en minorité.

Dans une ambiance survoltée Pedro Sanchez a convoqué pour hier matin un comité fédéral avec comme seul objectif approuver ou non la célébration d' un congrès socialiste extraordinaire pour définir une attitude vis-à-vis de la formation d' un gouvernement.

1 ère option appuyée par Sanchez:Blocage d' un gouvernement de droite, recherche d' un gouvernement alternatif d' union, et en cas probable d' échec, 3 èmes élections à suivre dans 2 mois

2 ème option appuyée par les barons de la vieille garde: abstention à l' investiture de Rajoy et contrôle du gouvernement de droite à partir de l' opposition.

Hier matin la réunion du comité a démarré avec 4 heures de retard car les délégués n' étaient pas d' accord sur l' ordre du jour fixé par Pedro Sanchez.

La séance a été très houleuse et survoltée.Sanchez a proposé un vote avec une urne derrière un écran opaque, et les délégués s' y sont opposés craignant une possible manipulation.

Finalement le vote a eu lieu à main levée avec la participation des 252 délégués.

Sanchez a perdu...Il n' y aura pas de congrès extraordinaire pour donner la parole aux militants...Sanchez a donc présenté sa démission.

Le PSOE n' a plus de secrétaire général et c' est une commission de gestion " impartiale" qui va à partir de maintenant fixer le calendrier des réunions de travail jusqu' au prochain congrès.

Le parti socialiste espagnol qui a été l' un des piliers de la transition démocratique est au bord de l' implosion...coupé en deux, entre ceux qui veulent chercher un compromis avec PODEMOS pour gouverner, et ceux qui préfèrent retourner dans l' opposition en espérant un jour reconquérir l' espace politique perdu ( gagné par PODEMOS).Les anciens contre les modernes.Et hier, ce sont les anciens qui ont gagné la première manche...

Pour ma part, j' estime que la manoeuvre des délégués démissionnaires est très peu esthétique et qu' elle passe par dessus les voix des militants qui avaient voté pour Pedro Sanchez.Pour moi c' est un coup de force qui est peu démocratique, même s' il est autorisé par les statuts du parti.

En attendant, une chose est sûre.Les dirigeants de droite peuvent se frotter les mains car la route semble ouverte pour aller vers la formation d' un gouvernement minoritaire.

Le parti socialiste espagnol au bord de l' implosion...

Je conclurai ce bref billet avec une phrase de Josep Borrell, leader socialiste catalan que je respecte beaucoup.

Il a dit durant cette crise:

"Nous devons rechercher un accord avec PODEMOS,car nombre des enfants des militants socialistes en font partie... "

Effectivement, au lieu d' essayer vainement de marginaliser PODEMOS qui semble définitivement installé dans le paysage politique espagnol, il semblerait plus sensé de rechercher une option de gouvernement avec eux...Même si ce n' est pas facile, je le concède, surtout pour les apparatchiks socialistes confortablement installés dans leurs fiefs.

Des apparatchiks socialistes qui n' ont pas intégré le fait que ce sont eux, à cause de leur comportement seigneurial et clientéliste, de leur corruption, et aussi de leur incompétence, qui sont à l' origine du phénomène PODEMOS.

Des apparatciks qui rêvent de reconquérir un passé définitivement révolu où ils pouvaient compter à yeux fermés sur le soutien sans faille de leur base électorale de gauche.

Pour eux Sanchez est coupable de ne pas avoir su marginaliser PODEMOS , mais, en fait, Sanchez ne pouvait aller contre une réaction de l' électorat historiquement inévitable provoquée par les 30 ans antérieurs d' excès,de gaspillages,d' arrogance, de caciquisme politique et de corruption.

PS: je rappelle à toutes fins utiles que la simple alliance avec PODEMOS et IZQUIERDA UNIDA ne permettait pas arithmétiquement de gouverner, et qu' il fallait chercher des appuis ailleurs...du côté, des indépendantistes catalans par exemple...big problem d' autant plus que PODEMOS est favorable à la célébration d' un reférendum d' autodétermination...Oui l' Espagne est techniquement ingouvernable en ce moment, sauf si les socialistes s' abstiennent...et laissent gouverner la droite.

Une droite qui ne survit que grâce aux divisions de la gauche...

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commentaires

F
Que dire, je ne peux que me répéter face à tous ces scandales, qui eux aussi, se répètent aussi à travers le monde.<br /> Je suis de plus en plus convaincu que la plupart de ces gens ont peu de vrais convictions.<br /> Ils décident juste de faire de la politique afin d'accéder au pouvoir, par pur vanité et sans se soucier du peuple.<br /> Bien sur ils ne sont pas tous au même niveau de corruption et de machiavélisme, mais pour la plupart ils ont moins de problèmes avec ces sujets que nous.<br /> Bonne soirée l'ami.
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A
Tu sais l' autre jour j' entendais un analyste économique ( plutôt de gauche) qui disait que le fait que l' Espagne n' ait pas d' éxécutif pendant 9 mois d' affillée était plutôt une chance.<br /> En effet, il a expliqué que la conjoncture extérieure était favorable en ce moment( faibles prix des matières premières, pétrole, etc...) , et que le fait que le gouvernement actuel expédie les affaires courantes, et continue d' être en campagne électorale permanente l' empêche de prendre les mesures d' austérité que lui exigerait Bruxelles si ce gouvernement était confirmé dans ses fonctions...<br /> Le comble, non ? Ce qui est drôle c' est que ma famille belge me racontait la même chose pendant cette année et demie durant laquelle la Belgique n' a pas eu de gouvernement.<br /> En fait, cette embellie ne dure qu' un temps bien évidemment car il arrive un moment où un éxécutif doit entreprendre des réformes, mais toujours est-il qu' un gouvernement qui ne fait qu' expédier les affaires courantes peut-être ponctuellement bénéfique à une économie.<br /> Pour revenir aux socialistes espagnols le traumatisme de cette semaine est grand.Vers quoi va se diriger ce parti qui a gouverné longtemps et qui a amené de grandes réformes?<br /> C' est quoi le projet socialiste au XXI ème siècle ?....On a comme l' impression que tout est à reconstruire...On se demande si ce parti ne va pas subir une érosion inéluctable comme en Grèce...<br /> Qu' est ce qui peut pousser un jeune aujourd' hui à militer dans ce parti ? Là, ce n' est plus très clair...<br /> Bonne fin de soirée l' ami
R
Une situation inextricable et très complexe : même ici, en France, les prochaines présidentielles risquent d'être difficiles, aucun des candidats ne paraît à même de résoudre tous les problèmes qui se posent : le chômage, la crise, les migrants.<br /> Les socialistes sont très divisés, ainsi que la droite : les primaires vont donner lieu à des combats féroces.<br /> <br /> Belle journée, AJE
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A
En France il y a des divisions mais les élections désignent toujours un vianqueur qui devra mettre en pratique le programme sur lequel il a été élu...et c' est à partir de là que commencent généralement les désillusions car personne n' arrive à juguler les pb du chômage, etc...<br /> Dans le cas qui nous occupe c' est encore pire car nous avons les mêmes pb que vous ( en fait ils sont encore plus graves) et pour couronner le tout, on n' arrive pas à mettre en place un éxécutif...<br /> Enfin il faut ajouter que nous sommes très nombreux à être saturés.Marre de la politique ! On a voté den Décembre dernier et on n' a pas eu de gouvernement...on a revoté le 26 Juin, et on est toujours dans l' attente du gouvernement.Alors forcément il y a beaucoup de citoyens désenchantés qui ne veulent même plus écouter les leaders...<br /> Bonne fin de soirée l' amie
L
Je tombe des nues une fois de plus et me dis que le système français à deux, voire trois tours est magnifique.<br /> Dommage qu'on ne s'en inspire pas ailleurs !<br /> Tant pis pour eux.<br /> Bon dimanche l'ami
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A
Pas complètement sûr l' ami, car dans le cas où il n' y a pas de pacte entre les forces de gauche ( séparatistes et non séparatistes) , on pourrait aboutir en France aussi à un blocage institutionnel où personne n' aurait une majorité de gouvernement.Le pb n' existe pas en France car il n' y a pas de grande région séparatiste.<br /> Mais c' est vrai que le système français évite les blocages...<br /> La Belgique par exemple s' est retrouvée un an et demi sans gouvernement.<br /> Bon dimanche l' ami