Bonjour les amis
Cet article est la suite de mon billet intitulé "La peregrinación" consacré à une chanson argentine qui fût reprise par Gilles Dreu en 1968 sous le titre d' Alouette.
http://alea-jacta-est.ex-posteur.over-blog.com/2016/09/la-peregrinacion.html
Gilles Dreu n' est pas le seul à s' être inspiré de chansons sud-américaines.
Il y a eu Hugues Auffray avec son épervier.
Remember
Ecoutez maintenant le classique folklorique vénézuelien qui l' a inspiré EL GAVILAN...gavilan qui justement veut dire épervier en espagnol.
Il y a eu par ailleurs plein de reprises d' EL CONDOR PASA d' origine péruvienne , y compris en France...
La PALOMA mexicaine aussi.
Michel Fugain, quant à lui avait repris un grand succès brésilien et nous invitait à faire comme l' oiseau, également.Une adaptation très réussie.
Sauf que la version brésilienne, ne parle pas du tout d' oiseau mais plutôt d' une personne qui a été abusée par son amant...VOCE ABUSOU...
Je terminerai ma petite série sud-américaine par une chanson de Lavilliers écrite sur une musique de Pascal Arroyo consacrée aux urubus du Brésil, ces vautours du désert, du sertao...
Ici, Lavilliers fait une très belle métaphore en comparant les multinationales américaines aux vautours du désert.
Urubus, vous n'avez pas de cri
Cri de chasse, cri d'amour, cri de peur
Urubus, vous attendez qu'on meure
Mort de faim, mort d'amour, mort de peur
Cercles noirs cisaillants le ciel vide
Sans espoirs, attentifs et avides
Sans beauté, sans couleur et sans race
Obstinés, nettoyeurs et voraces
Anonymes citoyens solitaires
Charognards, utiles, élémentaires
Voyageur si tu plies, si tu tombes
Méfie-toi de l' ombre de ton ombre
Urubus, vous n'avez pas de cri
Cri de chasse, cri d'amour, cri de peur
Urubus, vous attendez qu'on meure
Mort de faim, mort d'amour, mort de peur
C'est ta vie qui ne tient qu'à un fil
Si tendu, si ténu, si fragile
Angle droit du désert du Sertão
Si stérile, si perdu, si brûlant
Le soleil, mangeur d'hommes et de fous
Immobile, efficace et tout roux
Trace encore quelques barreaux obliques
Entre toi et ta mort symétrique
Urubus, vous n'avez pas de cri
Cri de chasse, cri d'amour, cri de peur
Urubus, vous attendez qu'on meure
Mort de faim, mort d'amour, mort de peur
Le silence est un cri qu'on étouffe
Et la peur du sable dans ta bouche
La lumière un fusil dans les reins
La fatigue un foyer qu'on éteint
Tous tes pas dans la poussière qui danse
Sont comptés par le temps qui avance
Tu oublies et tu crois qu'il s'endort
Il te suivra jusqu'à Salvador
Tournez, Urubus
Quand la lumière des villes s'obscurcit vers le néon fragile !
Planez, Urubus
Au-dessus des soumis comme une ombre portée sur la vie !
Vivez, Urubus
Cachés dans vos buildings sans un cri, penchés sur vos plannings !
Vivez, Urubus
Glissez vos doigts d'acier dans nos démocraties avancées !
Tournez, Urubus
Donnez-nous un peu d'air et on vous laisse le phosphate et le fer !
Tournez, Urubus
Qui contrôlez le temps, mines d'or, de platine, de diamants !
Tuez, Urubus
Tout ce qui vous résiste, ce qui vit, qui respire, qui existe !
Fouillez, Urubus
Au fond de leurs entrailles, becs crochus, longs couteaux et tenailles !
Cherchez, Urubus
Ce qui nous fait marcher, ce qui nous fait rêver, nous aimer !
Planez, Urubus
Au-dessus du linceul que déchire le poing d'un homme seul !
Crevez, Urubus
Tombez comme des pierres sur la terre, le goudron en enfer !
Personne Urubus
Ne viendra vous becqueter
Même pas les fourmis rouges affamées
Urubus, les aigles sont déchus
Innombrables vous gardez les issues
Lavilliers a écrit URUBUS en 1979...le moins qu' on puisse dire c' est que les choses ne se sont pas arrangées depuis...
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