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21 mars 2016 1 21 /03 /mars /2016 17:33

Bonjour les amis,

Je viens de voir un polar espagnol intitulé CIEN AÑOS DE PERDÓN qui vient de sortir sur les écrans.Un film réalisé par Daniel Calparsoro qui raconte une histoire de braquage dans le contexte actuel d' une Espagne secouée par les affaires de corruption.

Tout commence par un récit conventionnel d' une bande de malfrats ( 3 argentins et un gallegue) qui vont braquer une banque à Valencia ( capitale de ma région) pour s' attaquer aux coffres et emporter rapidement le plus gros butin possible.

L' attaque se fait avec prise d' otages et on apprend très vite que l' équipe a un plan pour s' échapper et tromper la vigilance de la police.Comme toujours dans les bons polars, il y a un élément imprévu qui va compliquer le scénario initial prévu par les malfrats.Il se trouve que justement , le jour de l' attaque, tombe une pluie torrentielle sur Valencia ( phénomène rare et violent que j' ai connu plusieurs fois et qu' on appelle ici la gota fria, la goutte froide...).Cette pluie torrentielle va rendre impossible le plan de fuite par les égouts de la ville.

Rapidement on apprend que l' un des membres du groupe a été chargé d' une mission par un mystérieux commanditaire appartenant à un parti politique: récupérer le contenu du coffre 311 qui contient un ordinateur dans lequel sont stockés des informations qui pourraient faire tomber le gouvernement en place...

Je n' en dis pas plus mais tous ceux qui vivent en Espagne reconnaitront des éléments extraits de notre actualité politico-judiciaire, notamment l' affaire Barcenas.

La réalisation est très nerveuse, rythmée,et les acteurs interprètent très bien les personnages de braqueurs.Ils sont plus vrais que vrai...

Le film commence avec un premier négociateur, qui sera ensuite remplacé par un autre dont le motivations sont plus troubles.Tout se complique donc, tant au sein de l' équipe de truands où apparaissent des tensions qu' en ce qui concerne les forces de l' ordre dont on ne sait plus si elles ont intérêt à laisser s' échapper les truands ou, au contraire, si elles doivent les arrêter par tous les moyens même au risque de mettre la vie des otages en danger.Un jeu de bluffs mutuels s' installe entre les truands et le négociateur.

Il y a aussi dans ce film beaucoup d' ironie.On apprend par exemple que le chef des truands argentins avait réussi à faire sortir son fric d' Argentine ( le fameux corralito) pour venir se réfugier en Espagne, mais que là, ce sont les banquiers espagnols qui vont le déposséder avec les fameux produits toxiques ( preferentes) dont je vous avais déjà parlé.C' est le comble ! Dans ce film les banquiers y apparaissent encore plus voleurs que les casseurs de coffre-forts ( et là, je suis très bien placé pour vous dire que le film n' éxagère pas...).Donc il y a aussi dans ce film tendu et nerveux de gros éclats de rires et une certaine auto-dérision.

Enfin, je ne sais pas si ce film va être distribué dans quelques mois à l' étranger mais il est clair qu' il va beaucoup perdre à la traduction.En effet, les dialogues sont savoureux, notamment ceux des argentins qui parlent avec un accent très particulier et avec des expressions très imagées qui leur sont propres.Ils sont vraiment géniaux, ils crèvent l' écran, et tout le charme de ces dialogues est difficilement traduisible...

Je pense que c' est la part la plus réussie du film: ces dialogues très enlevés...Rodrigo de la Serna interprète le rôle de chef du gang de façon magistrale.Il m' a subjugué pendant toute la projection.Il y a aussi un des truands qui est sympa mais un peu simplet et gaffeur magnifiquement interprété par Joaquin Furriel, un jeune acteur argentin.

L' action se poursuit avec un rythme qui ne retombe jamais jusqu' à la dernière seconde.

C' est un film que je conseillerais à tous ceux qui comprennent l' espagnol, et aux autres, je leur dirais que je ne sais pas si c' est un bon film mais qu' il ressemble à l' Espagne d' aujourd' hui.Ce sont des personnages d' après-crise...Même la Directrice de l' agence bancaire trahit les siens et se met du côté des braqueurs car elle a elle-même été lâchée par sa hierarchie après avoir trompé sa clientèle pour eux.

Ça, c' est vraiment pas inventé...et ça s' inscrit très bien de manière très naturelle dans la narration.

Le contexte de l' Espagne actuelle est donc très bien retranscrit mais ça reste malgré tout un film d' action, et on se demande jusqu' à la fin comment tout ça va se terminer...

Au début du film on est très pris par la violence de la situation et par l' ambiance très tendue du braquage, mais à la fin du film le spectateur a plus de sympathie pour les braqueurs que pour les autorités.Il se produit une inversion des valeurs...d' ailleurs l' affiche le dit bien en sous-titre: qui vole qui ?

En sous-titre du film on peut lire: Qui vole qui ?

En sous-titre du film on peut lire: Qui vole qui ?

A L' Hatem: si tu as l' occasion de le voir en VO, ne le rate pas mon ami...tu vas te régaler avec les argentins !

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commentaires

F
Toujours intéressant de voir des films qui font comprendre l'évolution d'un pays, surtout par des temps difficiles. C'est aussi ça le cinéma, nous aider à comprendre l'évolution de notre monde.<br /> Bonne soirée l'ami.
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A
Je n' irais pas jusqu' à dire que c' est un grand film, mais une chose est sûre:les personnages sont tous parfaitement crédibles, et ce sont des personnages de leur temps emblématiques d' une évolution sociale.Ce film là on peut le dater dans la famille polar espagnol post-2012.<br /> Un petit détail ..Le malfrat s' est fait détroussé par son banquier, mais moi-aussi...heureusement dans mon cas c' était une toute petite somme car j' ai la chance de ne pas être riche...lol !!! Et bien j' ai ri avec le personnage pendant la projection.<br /> Bonne fin de soirée l' ami
R
Un film dont le scénario est un révélateur d'un monde corrompu par l'argent, avec un humour dénonciateur : oui, sans doute, un film à voir.<br /> <br /> Belle soirée, AJE
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A
Le film arrive à jouer sur 2 registres car on passe simultanément de l' extrême tension ( on sent que ça peut dégénérer à chaque instant en massacre de la part des forces de l' ordre...), et en même temps il y a toujours une ironie sous-jacente.Le film ne tombe pas dans la caricature non plus.Les scènes sont très réalistes.C' est du ciné coup de poing et les personnages et les situations sont parfaitement crédibles.Nos braqueurs ne sont pas des robins des bois non plus( ils le sont un petit peu quand même...) mais on se dit que ce ne sont pas eux les pires personnages du film.<br /> Enfin j' aimerais me réexpliquer sur cette histoire de difficulté de traduction avec une métaphore qui vaut ce qui' elle vaut.<br /> Imagine Rosemar qu' on essaie de traduire un spectacle des Deschiens dans une autre langue pour un public non-francophone.Je doute fort qu' un public non-francophone puisse le suivre avec le même plaisir qui est le nôtre.Chaque langue a son propre génie pas toujours traduisible.C' est le cas ici, notamment avec les argentins qui pour moi apportent l' élément en plus qui fait qu' on passe d' un film qui se laisse voir à un autre où on jubile franchement ...<br /> Du coup,et à cause de ces problèmes de traduction, je reste sur ma réserve et je n' ose pas le conseiller à des non-hispanophones.Tout ce que je peux dire, c' est que moi, j' ai passé franchement un bon moment...<br /> Bonne fin de soirée l' amie
N
As-tu une idée de la raison du titre du film... ?<br /> Le titre a-t-il à voir avec le contexte ?
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A
Bravo L' ami..tu as mis dans le mille ! Le titre est la fin d' un proverbe espagnol.Je traduis pour les amis du blog: " Un voleur qui en vole un autre est pardonné pour 100 ans..."...Effectivement, dans ce film les braqueurs volent des banquiers-voleurs qui eux ne risquent rien...<br /> c' est ça l' explication du titre du film qui finalement m' avait échappée...
N
J'ai suivi ton lien vers wiki et trouvé la réponse... C'est un proverbe :<br /> Total, bien reza el proverbio popular que «ladrón que roba a ladrón tiene cien años de perdón».
A
Je crois savoir mais je n' en suis pas sûr<br /> Il y a un film vénézuelin qui s' intitule également 100 años de perdón et qui parle justement de crise bancaire...<br /> <br /> https://es.wikipedia.org/wiki/100_a%C3%B1os_de_perd%C3%B3n<br /> <br /> Je pense aussi, mais c' est une interprétation personnelle, que les banquiers nous ont fait tant de mal qu' il faudra au moins 100 ans pour leur pardonner, étant donné que nos enfants et petits-enfants continueront de payer la dette...
N
Je ne le raterai certainement pas... merci pour le conseil, même si je ne suis pas un amateur de polars écrit ou filmés.<br /> :-)<br /> Bonne soirée cher ami
Répondre
A
Les bons polars s'inscrivent toujours dans une réalité sociale.C' est le cas de celui-ci...J' hésite à conseiller ce film à mes amis français non-hispanophones car il parle surtout de nos histoires à nous, de notre quotidien depuis 2008...Mais, par contre,pour toi qui peut suivre les dialogues en VO je n' hésite pas à te le conseiller une seule seconde.Ce film vaut rien que pour le jeu d' acteurs...et les argentins donnent un véritable récital...Alex et moi, on pouffait de rire pendant la projection...C' est aussi du cinéma populaire dans le bon sens du terme.Le film n' a pas la prétention de nous offrir une super réflexion sur notre société actuelle mais nous propose une action dans un contexte politico-social bien précis...Les bons et les méchants, ça devient moins clair...Pour nous qui suivons tous les jours les procès des banquiers à la télé cette histoire est assez jubilatoire .<br /> Bonne fin de soirée l' ami