Bonjour mes amis,
Je reviens vers mon blog vous donner quelques nouvelles en passant après une période de silence.
Il s' appelait Vito et c' était mon cousin.J' ai grandi avec lui et c' était un frère, ou plus exactement un grand frère de six ans de plus que moi.
Fils d' immigré italien venu travailler dans les mines du Nord il avait choisi l' enseignement, était devenu prof, puis chef des travaux de l' éducation nationale.
Quand il m' avait dit un jour qu' il allait postuler pour une place de chef de travaux, je lui avais répondu:
" T' es fou ! ...Tous les problèmes vont être pour toi..."
En effet, ceux qui connaissent un peu les lycées techniques savent bien que le chef des travaux concentre sur lui toute la frustration des profs qui travaillent sous sa responsabilité.Il faut avoir un caractère bien trempé pour se faire respecter à ce poste.Il faut être compétent, très bosseur, sans cesse disponible mais, en plus, il faut savoir prendre sur soi. Mon cousin était tout cela à la fois mais avait aussi un fort charisme personnel,une bienveillance à toute épreuve,une attitude modeste et un humour pince-sans.rire en toutes circonstances...Il commençait par rire d' un problème avant de s' y attaquer sérieux ( de ce point de vue-là c' était mon parfait contraire...moi je peste...je rumine...et j' en ris 3 ans plus tard ).
Il s' en est bien tiré à ce poste.Il y a gagné le respect...Certains le surnommaient parfois affectueusement " Don VIto".
Les honneurs le faisaient bien rigoler...il a refusé les palmes académiques ( encore un bon point pour lui)...Les vrais honneurs sont venus de la part des collègues des plusieurs lycées où il est passé et des professeurs qu' il a formé avec l' amour du métier et qui sont venus le pleurer avec des mots si justes et parfois drôles dans lesquels que je reconnaissais bien mon Vito à moi.
Voici sa chanson favorite...celle qui a été choisie pour débuter la cérémonie d' Adieu.Une chanson qui lui va si bien...qui parle du Sud, de l' Italie, et puis aussi du bonheur qui peut pas durer tout le temps.Dès les premières notes de la chanson toute la nombreuse assistance a vibré et notre esprit était avec lui.Un moment magique de grande communion qu' il nous a fait partager.
C' est lui qui m' avait fait connaître les Creedence dont il était un grand fan.Impossible à partir d' aujourd' hui d' entendre une de leurs chansons sans avoir un terrible pincement au coeur.Vito me manque déjà terriblement....la vie va être longue sans lui...probablement plus d' un million d' années, comme dit la chanson.
Le hasard a fait que le dernier cadeau que je lui ai offert ait été le livre de Carl Aderhold "MORT AUX CONS"...Je ne sais pas si il a eu le temps de le lire à l' hosto mais je suis content de lui avoir offert ce bouquin,lui qui aimait fustiger la connerie et se moquer des trous du cul, mais qui savait bien qu' au fond, on risque toujours d' être soi-même le con de quelqu' un...que personne n' est à l' abri.
Ma famille est durement frappée cette fois-ci: c' est un grand chêne vigoureux, protecteur et rassembleur qui vient d' être abattu.
Normalement ses chances de guérison complète étaient très bonnes .Il avait subi une transplantation de moelle osseuse prélevée sur son fils cadet et la greffe avait bien pris au début.On a été à deux doigts de vivre une histoire extraordinaire et magnifique: une personne qui a donné la vie à un fils qui lui-même la lui rend plus tard.Oui, ça aurait pu devenir un merveilleux conte de Noël mais le destin en a voulu autrement .
Notre désarroi et notre stupéfaction en sont d' autant plus grands.
Je n' ai même pas la consolation de me dire que je vais le retrouver un de ces jours là-haut car lui, comme moi, on n' a jamais trop crû aux gentilles salades de Monsieur le Curé.
Non, ce lundi 11 Mai la terre s' est dérobéee sous nos pieds et une terrible blessure s' est ouverte qui ne refermera plus jamais.Comme dit Renaud, la vie continuera certes, mais tellement moins bien.
Pour tous les siens,ce maudit 11 Mai,Vito est parti et il nous a tous tué.
Pour sa femme, sa mère, ses enfants, sa famille, et tous ses proches, c' est un prince qui est parti, un seigneur...
But heart ! heart ! heart !
O the bleeding drops of red
Where on the deck my captain lies
Fallen cold and dead
Extrait du poème "O captain, my Captain" de Walt Whitman