Bonjour les amis,
Dimanche dernier, on avait un petit concert avec mon ensemble choral dans un auditorium et, comme toujours dans ces cas-là, nous sommes allés une heure avant la représentation pour chauffer nos voix, et aussi pour nous habituer à l'acoustique de la salle et faire les petites mises au point nécessaires pour être sûr de bien nous entendre entre nous et de trouver la meilleure position sur scène pour bien projeter dans toute la salle jusqu'au dernier rang.
Comme je suis arrivé le premier et en avance, j'ai pu profiter de l'auditorium pour moi tout seul pendant un bon petit quart d' heure.
Toujours intéressant d'être tout seul sur scène devant un public imaginaire, dans une belle salle, et de pouvoir déclamer tout ce qu'on veut...réciter à voix haute des vers de Corneille, faire un numéro de claquettes, etc...
J' ai donc fermé les yeux et imaginé que j' allais interpréter cette terrible scène qui est sur le lien ci-dessous:
https://www.youtube.com/watch?v=hY_bQpmEBc0
La scène finale de la statue du commandeur qui vient régler ses comptes avec Don Giovanni.
" Tu m'as invité et je suis venu"
LA STATUA Don Giovanni a cenar teco m'invitasti e son venuto!
LA STATUE
Don Giovanni, à souper avec toi tu m'as invité et je suis venu !
Voici ce que dit de cette scène un critique d' art lyrique.
Attention, chef d’oeuvre absolu de l’opéra, qui me laisse toujours frissonnant. Le finale de l’oeuvre que Richard Wagner (qui s’y connaissait) surnommait « l’opéra des opéras » prend aux tripes tant est palpable la tension entre le libertin Don Giovanne et le Commandeur, venu du Ciel pour l’adjurer de se repentir.
Cette scène intervient alors que Donna Elvira, jeune femme délaissée par Don Giovanni, est venue aussi le supplier de prendre conscience de ses fautes et de s’en repentir. Après cette demande amoureuse, l’ultime envoyé est une créature céleste qui effraie Leporello le valet, et Don Giovanni lui-même. Mais celui-ci, dans son orgueil, refuse absolument de se laisser impressionner et traite le Commandeur comme un égal, refusant à la fin d’exprimer le moindre remords, ce qui cause sa perte et le propulse droit en Enfer.
Admirez comment Mozart crée la tension: La scène commence par 2 accords mineurs bien assénés par tout l’orchestre à l’unisson, percussions comprises. Bien des phrases sont chantées sur 2 ou 3 tons répétés avec insistance (dans une tonalité mineure bien entendu et parfois dissonante), et le dialogue entre le Commandeur et Don Giovanni atteint un paroxysme dans leur échange de Si et de No (à partir de 5:10). Les chanteurs crient parfois autant qu’ils chantent… et les violons mettent le feu à tout cela avec des montées-descentes angoissantes…
Vous trouverez sur ce lien le texte original complet ainsi que la traduction en Français:
http://www.murashev.com/opera/Don_Giovanni_libretto_Italian_French
Figurez-vous les amis que j'ai atteint un âge, et acquis une tessiture de voix et un physique qui me permettent d'aborder ce répertoire. Franchement, je me trouve très crédible en commendatore courroucé qui revient d'entre les morts avec le désir de châtier de manière impitoyable...J'arrive facilement à prendre le regard foudroyant d'un Zeus plein d'ire et de fureur. Bref, je sens bien que ce rôle est pour moi...Je m'essaie donc tout seul dans le théâtre en prenant une voix grave, profonde, venue d'outre-tombe et qui emplit tout l'espace.
Je lance puissament mon : DON GIOVAAAAANNI....A CENAR TECA
M' INVITASTI E SON VENUTO !
Je me fais presque peur à moi-même en chantant ça...!
Dans l'auditorium, je sens que mon public imaginaire est cloué de terreur sur son fauteuil...D'ailleurs. on aurait pu entendre une mouche voler...
Donc voilà, je n' en dirai pas plus. Je suis à la disposition de tout metteur en scène, directeur de théâtre ou d'Opéra prêt à m'offrir un rôle de commandeur durant les vacances scolaires espagnoles (sauf les lundis car j'amène mon fiston chez la kyné).
PS: Après avoir fait ce bref essai concluant, j'ai pris une autre décision qui m' engage publiquement devant vous ( sachez que AJE n'est pas du genre à se dégonfler quand il fait une promesse).
Si Mariano Rajoy venait à m'inviter à souper, j'accepterais...
PS nº2: Je viens de me rappeller d'une annonce un peu semblable à la mienne d'un chanteur d'opéra au chômage qui voulait travailler l'après-midi et qui m' avait bien fait marrer
Remember !
NB:Un bon ami, me glisse dans mon oreillette que la version youtube n' est pas visible en France, alors je retente l' édition de ce sketch génial avec daily motion